Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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miniature (suite)

Les XVIIIe et XIXe siècles

Le séjour parisien (1720-21) de Rosalba Carriera, aussi célèbre pour ses miniatures sur ivoire que pour ses pastels, est à l'origine de la nouvelle vogue du portrait en miniature en France (H. Drouais, J. B. Massé). L'établissement à Paris, en 1769, du Suédois Pierre-Adolphe Hall, qui inaugure une technique plus libre, confirme cette mode. Les thèmes se diversifient : à côté des portraits, les scènes galantes (Baudoin, Lavreince), les paysages (Louis Moreau, L. N. Blarenberghe), les fleurs (Anne Vallayer-Coster) se multiplient. Parmi les portraitistes actifs du règne de Louis XVI jusqu'à la monarchie de Juillet, il faut citer F. Dumont, J.-B. Augustin, J.U. Guérin et surtout J.-B. Isabey, qui connut une gloire sans pareille. La miniature eut un grand succès, à la même époque, en Angleterre (R. Cosway, J. Smart), en Allemagne (H. F. Füger, fixé à Vienne), en Suisse (J.E. Liotard) et dans toute l'Europe de l'Est et du Nord. Avec le milieu du XIXe s. et l'expansion du portrait photographique, l'art de la miniature connaît un rapide déclin.

minimal art

Cette expression est communément employée pour désigner une tendance de l'Abstraction géométrique qui attira l'attention à New York vers 1965 et dont Frank Stella est l'artiste le plus représentatif. Mais Barnett Newman jouissait déjà d'une grande considération auprès des peintres et des sculpteurs qui se réclamaient du Minimal Art. Ce terme de critique — tantôt employé péjorativement, tantôt au sens propre — signifie " le moins est le plus ". Il désigne un style où les formes sont simplifiées à l'extrême, fermement articulées et entre lesquelles lignes, plans et tracés orientés sont soumis à des échanges extrêmement subtils, obligeant l'observateur à être averti des plus petites modifications (" minimal ") dans les moyens employés. Pour son développement, l'Art Minimal doit beaucoup à l'Abstraction géométrique (Hard Edged Abstraction) et à l'Abstraction optique (Op'Art), mais sa simplicité radicale entraîne une réaction totalement différente, plus intellectuelle, moins immédiatement émotionnelle. Ses meilleurs représentants sont les sculpteurs Tony Smith, Donald Judd, Robert Morris, Dan Flavin, Carl Andre, Sol Lewitt et Richard Serra ainsi que les peintres Frank Stella, Larry Zox et Darby Bannard. Le sculpteur anglais Anthony Caro est généralement considéré comme un précurseur. Les peintres américains Morris Louis et Kenneth Noland, bien que surtout attentifs au problème de la couleur, ont exercé, de l'avis général, une influence dans la formation de ce style. Artforum  est le principal journal qui ait soutenu le Minimal Art avec l'aide des critiques Barbara Rose et Michael Fried. Le Grand Palais à Paris a présenté une exposition du Minimal Art en décembre 1968.

Miotte (Jean)

Peintre français (Paris 1926).

Se formant après la guerre dans les ateliers libres de Montparnasse, Miotte, dès ses premières réalisations personnelles, vers 1948, est abstrait. Il s'accorde cependant plusieurs années de réflexion et de travail, voyageant beaucoup en Italie, en Espagne, en Angleterre, en Algérie. Lorsqu'il se manifeste au Salon des Réalités nouvelles, en 1953, c'est comme un peintre de l'abstraction lyrique, à la couleur vive mais au dessin très présent. Miotte a évolué vers une peinture plus gestuelle (Étreinte, 1958 ; Fenêtre sur, 1961) où c'est le mouvement de la brosse — d'abord généreusement chargée de couleurs et où le noir occupe une large place — qui structure la toile. Dans ce médium se dessine une tendance tout autre (Soledad, 1974), qui va, avec l'usage de l'acrylique, évoluer vers le frottis (Bleu et rouge, 1977), la trace, précise, précieuse, la simple inscription modulée de la couleur balafrant le champ de la toile de lin (Ever Blue, 1978). Ce peintre qu'on a qualifié d'" expressionniste abstrait européen " s'est fixé depuis une quinzaine d'années aux États-Unis, d'où il revient se manifester en Europe avec une autorité accrue. Jean Miotte est représenté dans les musées français, en Belgique, en Hollande, en Allemagne (Wallraf-Richartz Museum de Cologne) et aux États-Unis (The Smithsonian Institution). Ses expositions sont particulièrement internationales : Hongkong en 1982, Singapour en 1983, et c'est une galerie de Cologne qui l'a exposé en 1986 à la F. I. A. C. de Paris, où il est régulièrement présent.

Mir (Joaquín)

Peintre espagnol (Barcelone 1875 id. 1941).

L'un des paysagistes les plus originaux de l'école catalane au début de notre siècle, il fut aussi l'un des rares à n'avoir pas complété sa formation à Paris. Rebelle à l'enseignement de l'École des beaux-arts de Barcelone, il n'obtint jamais la pension à Rome qu'il ambitionnait et dut gagner d'abord sa vie comme courtier en mercerie. Les influences qui l'aidèrent à trouver sa voie furent celle de Velázquez, sa grande admiration, dont les paysages l'orientèrent vers une sorte d'Impressionnisme spontané. Ses premières œuvres sont des dessins au fusain, représentation de scènes barcelonaises et destinées à la revue l'Esquella de la Torratxa. En 1902, ce sont la découverte de Majorque et la rencontre dans l'île d'un peintre belge, Degouve de Nuncques, dont la technique et les idées l'inspirent. Peintre instinctif et ingénu qui fut appelé le " faune de la peinture catalane ", Mir s'adonna à un lyrisme " cosmique " où des formes agrandies et simplifiées — trop souvent aussi amollies — de paysages méditerranéens aux tons rutilants et arbitraires se fondent dans une lumière éclatante : on peut le rapprocher à cet égard de son compatriote Anglada, mais Mir demeura exclusivement paysagiste. Il conquit une renommée tardive, un peu dépassée aujourd'hui, ce qu'expliquent la monotonie et le caractère " élémentaire " de son art. Le M. A. C. de Barcelone possède une vingtaine de toiles caractéristiques, et d'autres sont exposées au Prado (salles du Casón) : Chêne et vaches, le Jardin et l'ermitage, les Eaux de Mogueda. Ses œuvres sont aussi présentes dans les musées de Montserrat, Madrid et Montevideo.