Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
C

Cossiers (Jan)

Peintre flamand (Anvers 1600  – id. 1671).

Auteur de portraits, de scènes de genre, de sujets religieux et mythologiques, élève de son père, Anthony, il entre dans l'atelier de Cornelis de Vos en 1615. Il voyage jusqu'en 1628-29, année où il devient franc maître à Anvers. Il se rend vraisemblablement en Italie ; on le trouve mentionné entre 1623 et 1626 à Aix-en-Provence. En 1635, il collabore, sous la direction de Rubens, aux décorations exécutées lors de la " Joyeuse Entrée " du cardinal-infant à Gand. Il exécute aussi des commandes pour le roi d'Espagne et pour les archiducs Ferdinand et Léopold-Guillaume. Ses tableaux connus sont conservés dans les musées d'Abbeville, d'Anvers (le Fumeur ou les Apprêts de la flagellation), de Bruxelles (M. R. B. A.), de Dunkerque, de Lille, de Paris (Louvre), dans les églises d'Anvers et de Malines (église du Béguinage). Le plus important est l'Adoration des bergers (musée de Kassel), dont il existe 3 autres versions : 2 au musée d'Anvers, 1 à l'hôtel de ville de Louvain. Ses variantes sur le thème de la Diseuse de bonne aventure (musées de Valenciennes, de Karlsruhe ; Stockholm, Nm ; Munich, Alte Pin. ; Ermitage) attestent qu'il fut influencé par le caravagisme, comme l'étaient Rombouts et Gerard Seghers à Anvers, Douffet à Liège ou Van Loon à Bruxelles ; il l'a été aussi par son maître Cornelis de Vos et par Jordaens. Il réalisa d'excellents portraits dessinés, notamment de ses enfants (Jan Frans, son fils aîné, Paris, Inst. néerlandais), dont certains annoncent l'art du XVIIIe s.

Cossio (Francisco Gutierez, dit)

Peintre espagnol (San Diego de Banos, Pinar del Rio, Cuba, 1894  –Alicante 1970).

Installé avec sa famille en 1898 à Santander, il étudie à Madrid en 1914 dans l'atelier de don Ceciliopha, puis à Paris en 1923 avec Daniel Alegre, sculpteur. La même année, il expose, pour la première fois, au Salon des indépendants de Paris. Avant son retour en Espagne, en 1932, son œuvre est présenté par les gal. Boucher (1928), Bernheim, de France (1929). La peinture de Cossio est caractérisée par une grande homogénéité stylistique. Exploitant des thèmes aussi traditionnels que la nature morte, le paysage et le portrait, elle affirme une personnalité tout à fait originale, à travers notamment les marines, dont la transparence et la fluidité témoignent d'une certaine liberté d'expression. En 1950, le musée d'Art moderne de Madrid consacre à l'artiste une importante exposition personnelle. Cossio réalise en 1950-51 deux grands tableaux pour l'église des Carmélites à Madrid, dont l'iconographie religieuse, inspirée par la tradition de la peinture espagnole, rompt avec ses thèmes naturalistes. Il meurt en 1970 à Alicante. L'artiste est présent dans les collections du M.E.A.C. de Madrid.

Costa-Pinheiro

Peintre portugais (Moura 1932).

Après avoir fréquenté l'École des beaux-arts de Lisbonne, il émigra en Allemagne, travailla à Paris et se fixa finalement à Munich en 1958. Il commença par exécuter une peinture expressionniste lyrique, à la fois violente et délicate, où intervenaient des taches sombres et un graphisme très libre. Vers 1965, sa peinture a adopté des schémas figuratifs qui révèlent une sorte d'humour incantatoire. La série de ses toiles sur les Princes de Portugal (1968-1970, Lisbonne, fondation Gulbenkian, et Allemagne, coll. part.) est fort originale. L'artiste atteint à l'univers du mythe par le biais d'une ironie qui exclut toute critique sociale (l'Astronaute et la planète des poussières cosmiques, 1971-1973, Munich, coll. part.). Vers 1970, il se consacra à des projets d'environnement (" project-art ") de caractère utopique, où la féerie n'est pas absente. Costa-Pinheiro a fréquemment exposé en Allemagne et vit à Munich.

Costa (Lorenzo)

Peintre italien (Ferrare v. 1460  – Mantoue 1535).

Il se forma sur l'exemple d'Ercole de'Roberti à l'époque où le grand maître ferrarais travaillait à Bologne à la cour de Giovanni II Bentivoglio. On sait (Ghirardacci, Cronaca) que, dès 1483, Costa peignait dans le palais de ce prince une Destruction de Troie (auj. perdue) ; des documents témoignent de son activité à Bologne à partir de 1485. C'est à cette première période, fort inspirée par l'art de Roberti, qu'appartient le beau retable comportant la Vierge avec quatre saints (autref. au musée de Berlin, détruit), à l'origine dans l'église S. Maria delle Rondini à Bologne, dont les pilastres latéraux (8 Saints) sont au musée d'Atlanta (coll. Kress). Également des premières années de Costa datent, notamment, la Crucifixion du musée d'Altenburg, le Saint Sébastien, signé, de Dresde (Gg) ou le carton pour le vitrail central de S. Giovanni in Monte. En 1488-1490, il peint les grandes toiles de la chapelle Bentivoglio à S. Giacomo, représentant la Madone en trône adorée par Giovanni II Bentivoglio et sa famille, le Triomphe de la Mort et le Triomphe de la Renommée. En 1492, il exécute le retable de la chapelle de Rossi à S. Petronio (la Madone en trône avec les saints Sébastien, Jacques, Jérôme et Georges). Cette œuvre est le fruit le plus remarquable de ses expériences pour poursuivre la grande tradition stylistique ferraraise, celle de Cosme Tura, de Francesco del Cossa et d'Ercole de' Roberti, qui avait trouvé, entre-temps, à Bologne, un terrain plus propice qu'à Ferrare même. Costa resta donc dans la ville des Bentivoglio, son art suivant une évolution qui le rapprocha d'abord des traditions toscanes, comme le montre la belle Madone avec quatre saints de la chapelle Ghedini à S. Giovanni in Monte (1497), puis, à partir de 1499 (prédelle de l'Adoration des mages, Brera), lui fit rejoindre, avec une fantaisie et une inquiétude prémaniéristes, le classicisme délicatement rythmé de Pérugin (dont une œuvre importante, une Madone avec des saints, parvenait cette année même à Bologne) et finalement le conduisit aux cadences capricieuses, d'humeur élégiaque, qui seront à l'origine de la formation d'Amico Aspertini. C'est dans ce sens que se succédèrent les nombreuses œuvres bolonaises de l'artiste jusqu'en 1506, du grand retable de S. Giovanni in Monte (Couronnement de la Vierge et saints, 1501) à celui de S. Martino (Assomption), aux fresques (Scènes de la vie de sainte Cécile et de saint Valérien) exécutées, à côté de Francia et d'Aspertini, dans l'oratoire de S. Cecilia à S. Giacomo (1505-1506). Ayant quitté définitivement Bologne, après l'expulsion des Bentivoglio, pour la cour d'Isabelle d'Este à Mantoue, Costa y produisit des œuvres qui, en quelques années, trahirent le rapide déclin de son inspiration. Cependant, les 2 compositions exécutées pour le studiolo d'Isabelle d'Este (le Royaume des Muses et le Règne de Comus, Louvre, œuvre commencée par Mantegna) montrent encore le talent intact du peintre et son inspiration tout intellectuelle, mélange de moderne et d'antique.