Fabro (Luciano)
Artiste italien (Turin 1936-Milan 2007).
L'inscription de l'œuvre de Fabro dans l'Arte povera correspond à une revalorisation de l'expérience esthétique vécue non comme connaissance ou pourvoyeuse d'idées ni comme sacralisation de l'objet, mais comme visée de ce que nous offrent les choses. Ainsi, Fabro crée et règle le rapport entre les sens, la pensée, le corps et le réel, tâchant d'atteindre une expérimentation tautologique où s'abolit la représentation. Les premiers travaux en verre, en 1963, questionnent l'espace et la perception, jouant du reflet et de la transparence. In cubo (1966), cube en toile, au canon de l'artiste, dans lequel il faut entrer, est emblématique du rôle du spectateur, du corps nécessaire pour constituer l'œuvre.
Complexe, polymorphe, incluant actions (Indumenti, 1970, où il confectionne des sous-vêtements sur le modèle) et de nombreux textes théoriques, l'œuvre de Fabro se caractérise cependant par son souci des matériaux, utilisés bruts ou colorés, souvent en défis physiques, avec les Piedi en verre de Murano, jambe en soie (Pied, 1968-69, Paris, M. N. A. M.) ou avec les lourdes sculptures suspendues des années 80, titrées en référence aux grands créateurs. Jouant ainsi sur tous les niveaux de la fantaisie, il parvient à instaurer une poétique philosophique.
Les rétrospectives consacrées à Luciano Fabro sont celles de La Pinacoteca comunale, Ravenne, 1984 ; Fruit Market Gal., Édimbourg ; A. R. C., Paris et Nouveau Musée, Villeurbanne, 1987.
fac-similé
Copie, reproduction exacte d'une écriture, d'un dessin, d'une estampe ou d'un tableau.
Il existe surtout des fac-similés de manuscrits et de dessins, généralement assemblés en recueils. La reproduction des textes ou des illustrations peut être totale ou partielle. On tenta les premières reproductions de manuscrits dès le XVIIe s. : ce sont des recueils de spécimens destinés à l'étude de la paléographie. En 1618, M. Fabri de Peiresc (1580-1637), le célèbre antiquaire et collectionneur, entreprend la reproduction du manuscrit de la Genèse (de la coll. de R. Cotton, dont certains fragments sont conservés au British Museum), puis celle du Livre d'heures de Jeanne II de Navarre. En 1626, un essai de publication du Martyrologe hiéronymien n'aboutit qu'au tirage de quelques feuillets, chez l'imprimeur anversois Plantin, en 1660. Les premiers essais importants de fac-similés de manuscrits à peintures remontent au XVIIIe s. avec les éditions du Térence et du Virgile du Vatican. Ces premières tentatives consistaient en un calque pris sur l'original, puis reproduit en gravure. Au XIXe s., la lithographie (v. 1820) permit des reproductions plus fidèles, plus rapides et plus économiques que celles qui ont été obtenues par la gravure au burin. Entre 1832 et 1848 paraît la grande série des Peintures et ornements de manuscrits, publiée par Auguste Bastard et dans laquelle chaque planche était coloriée à la main. En 1840, l'Anglais Talbot tente les premières reproductions photographiques, vite suivies d'essais en photogravure et en phototypie.
Parmi les éditions les plus célèbres, il faut citer les Monumenta graphica medii aevi ex archivis et bibliothecis Imperii austriaci (Vienne, 1858-1869), l'édition du Bréviaire Grimani à Venise par Perini (1862-1880), le Miroir historial du duc de Berry, par F. Yates-Thompson (Londres, 1902), la série des Illuminated Manuscripts in the British Museum, par G. F. Warner (Londres, 1899-1903), la reproduction en phototypie des Heures de Turin et du Psautier de Saint Louis (1902), ou encore les éditions de Cormer, celles des sociétés de bibliophiles, les publications de la Société française de reproduction de manuscrits à peinture.
Les fac-similés occupent maintenant une place importante dans les bibliothèques et constituent des fonds à part, répertoriés dans de véritables inventaires. Outre l'étude de la paléographie, les recueils de fac-similés permettent de regrouper des ensembles dispersés, d'étudier des œuvres disparues (Heures de Turin, de Van Eyck), de préserver les collections ; ils peuvent parfois se substituer aux pièces très précieuses — manuscrits à peinture, cartes, dessins, estampes —, pour éviter les dangers de trop nombreuses manipulations et pour faciliter la diffusion de documents peu accessibles (fac-similé l'Ancien Culte mahorie de Gauguin).
facture
Manière dont un tableau est exécuté, particulièrement d'un point de vue technique.
La facture d'un tableau se caractérise par l'épaisseur de la pâte, la répartition des empâtements et l'orientation de la touche. Chaque peintre a sa facture, qui le distingue des autres artistes.
Grâce à la macrophotographie (voir LABORATOIRE DE MUSÉE) prise en lumière frisante, on obtient une lecture aisée de la facture, ou écriture picturale, d'un peintre.
Fahlström (Öyvind)
Peintre et écrivain suédois (São Paulo 1928 – Stockholm 1976).
Il débute à Stockholm en 1955 par une peinture abstraite où les formes se réduisent à des signes répétés en séries (Ade Ledic Nander II, 1955-1957, Stockholm, Moderna Museet). Écrivain, il est aussi l'auteur du Manifeste de la poésie concrète (1953). En 1958, il commence à introduire dans ses compositions des fragments de bandes dessinées de journaux. Depuis son installation à New York en 1961, où il travaille en collaboration avec des artistes comme Rauschenberg et Oldenburg, son style emprunte de plus en plus d'éléments figuratifs au pop art. L'expression subjective antérieure dut céder le pas à l'effet de la suggestion matérielle de l'image.
S'inspirant des illustrations stéréotypées de la grande presse, Fahlström a créé un monde imagé, subtil et ironique, riche d'allusions aux faits politiques et sociaux contemporains. À partir de 1962, il réalise des " tableaux variables ", peints sur plastique vinyle, métal et Plexiglas, dans lesquels les images, telles des cartes à jouer ou des poupées découpées, se meuvent de diverses manières (par aimantation, glissières) : la Guerre froide (1963-1965.) et le Planétarium (1963, Paris, M. N. A. M.). Ces représentations illustrent des saynètes dont la fragmentation en récits et plans séparés rappelle la bande dessinée ou le cinéma. Dans la Dernière Mission du Dr Schweitzer, présenté à la Biennale de Venise en 1966, il abandonne la formule classique du tableau accroché au mur et suspend les divers éléments de la composition, librement, dans la pièce. Il a été l'initiateur du modernisme américain en Suède. Fahlström a laissé de nombreux écrits, notamment pour le théâtre. Une exposition rétrospective de son œuvre a été présentée au Moderna Museet, Stock-holm, en 1979, au M. N. A. M., Paris, en 1980, puis au Guggenheim Museum, New York, en 1982. La galerie Baudoin-Lebon (Paris) lui a consacré en 1990 une exposition.