Aillaud (Gilles)
Peintre français (Paris 1928-id. 1988).
Il débuta en 1959 au Salon de la Jeune Peinture, dont il devint président en 1965. Par le réalisme pictural très dépouillé et la perspective souvent insolite de ses représentations, Aillaud impose sa personnalité dans le mouvement de la Nouvelle Figuration, à laquelle il apporte aussi une justification psychologique. En collaboration avec Arroyo et Recalcati, il a réalisé des œuvres collectives formées de suites de tableaux racontant une histoire comme celle d'Une passion dans le désert d'après Balzac, et surtout l'illustration imaginaire de la Fin tragique de Marcel Duchamp (Vivre et laisser mourir), qui provoqua une violente protestation lorsqu'elle fut exposée à la " Figuration narrative " en 1965.
Les meilleures peintures d'Aillaud sont sans doute les scènes animalières du zoo, exécutées à partir de 1964, dans lesquelles il montre l'animal prisonnier en soulignant les rapports plastiques qu'il entretient avec son environnement (Python et tuyau, 1970). Tout au long de sa carrière, Aillaud a réalisé des décors et des costumes pour le théâtre : avec Klaus Grüber à la Schaubühne de Berlin (les Bacchantes d'Euripide, avec Arroyo, 1974 ; Hamlet, 1982) ou avec Jean Jourdheuil à Paris (Dans la jungle des villes de Bertold Brecht, 1972). En 1986, il réalise 6 panneaux destinés à la station Quai-d'Orsay du R. E. R. à Paris. Il est représenté au M. N. A. M. de Paris (la Fosse, 1967), au musée d'Art moderne de Strasbourg (Python, 1975), à Saint-Étienne, M. A. M. (Hippopotame, 1975), au musée de Grenoble. Ses œuvres ont été présentées en 1991 à Madrid (Centro de Arte Reina Sofia).
Albacete (Alfonso)
Peintre espagnol (Antequera 1950).
Il poursuit jusqu'en 1977 des études d'architecture et d'art à Valence, puis à Madrid. Sa première exposition personnelle a lieu en 1972 (gal. Chys, Murcia). Entre abstraction et figuration, ses toiles se constituent par séries (Autoportrait ou Dans l'atelier, 1979). Un voyage en Grèce en 1983 lui apporte la lumière méditerranéenne dans ses paysages. À partir de 1985, il s'oriente vers une peinture davantage figurative sous l'influence du nouvel Expressionnisme européen (Vestiaire, 1986). Les œuvres datées de 1985-86, proposant des personnages isolés, développent des thèmes existentialistes qui le rapprochent de la peinture de Barceló de la même période. Un ensemble de paysages urbains est exposé en 1986 par la galerie Egam de Madrid. L'œuvre d'Albacete est présente dans les collections des musées de Cuenca, de Murcia, de Madrid (M. E. A. C.).
Albane (Francesco Albani, dit l')
Peintre italien (Bologne 1578 – id. 1660).
Il se forma à l'Académie des " Incamminati ", à Bologne. Assez apprécié des Carrache pour que ceux-ci l'appellent à collaborer à l'exécution d'importants cycles de fresques à Bologne (palais Fava ; oratoire de S. Colombano), il fut plus particulièrement attaché à Annibale Carracci, qu'il suivit en 1601 à Rome où il séjourna jusqu'en 1617-1618 avant de s'installer définitivement à Bologne. À Rome, fidèle assistant d'Annibale, il obtint cependant de nombreuses commandes personnelles : fresques du palais Giustiniani-Odescalchi à Bassano di Sutri (1609-1610) et de l'abside de S. Maria della Pace. Son chef-d'œuvre, la décoration à fresque qu'il exécuta plus tard à Rome au palais Verospi, s'inspire de l'esprit de la loggia de Psyché (villa Farnesina) de Raphaël, qu'il renouvelle à la lumière des nouvelles expériences de son temps. Surtout en faveur auprès des amateurs privés grâce à des tableaux mythologiques (parmi lesquels il faut citer trois séries, de quatre toiles chacune, respectivement à la Gal. Borghèse de Rome, Histoires de Vénus et de Diane [v. 1617], au Louvre, id. [1622-1633], et à la Gal. Sabauda de Turin, les Éléments [1625-1628]), il n'eut jamais une place de premier plan ni à Rome ni à Bologne. Dès ses débuts, il montre une prédilection pour une peinture raffinée, idéalisante et chargée d'inflexions sentimentales, qui lui permit de créer un style classique plus accessible et plus simple que celui de ses modèles idéaux, Raphaël et Titien jeune, parce que plus proche de la réalité. Peintre inégal, il poursuivit cependant un but idéal et constant : l'expression de l'harmonie de la nature. Ses paysages (Rome, Gal. Colonna ; Offices), empreints d'une sensibilité toute vénitienne, comptent parmi les plus marquants du classicisme italien.
Alberola (Jean-Michel)
Peintre français (Saida, Algérie, 1953).
Une partie importante de l'œuvre d'Alberola se réfère, depuis le début des années 80, à des thèmes mythologiques et bibliques. Diane et Actéon, Suzanne et les vieillards sont les personnages emblématiques d'une réflexion que l'artiste porte sur les pouvoirs de l'image et sur la puissance du regard : regard coupable d'Actéon surprenant Diane au bain ou voyeurisme des vieillards épiant Suzanne (Suzanne et les vieillards, 1985). Se reconnaissant dans la figure d'Actéon, Alberola signe ses toiles en ces termes : " Actéon pixit, Actéon fecit. "
En évoquant l'Espagne avec la tauromachie, l'Afrique à travers des graphismes inspirés par des tissus populaires ou des images de statuettes, l'art d'Alberola confronte un héritage classique à des cultures non occidentales. Une série de travaux entrepris en 1985, sous le thème " Commerce ", est une critique de la valeur des images et des objets produits selon des esthétiques différentes (Celui qui hispanise, 1990) correspondant chacune aux cultures européennes (Crucifixion, 1989-90) et africaines. Il enseigne à l'E. N. S. B. A. (Paris) dès 1991. Une exposition a été consacrée au Centre Pompidou à Alberola, Avec la main droite en 1993, et à la Fondation Cartier l'Effondrement des enseignes lumineuses (Paris) en 1995.
Albers (Josef)
Peintre américain d'origine allemande (Bottrop, Westphalie, 1888 – New Haven, Connect., 1976).
Sa formation, commencée à Berlin (1913-1915), se poursuivit à l'école des Arts appliqués d'Essen (1916-1919), à Munich puis au Bauhaus de Weimar (1920-1923). Nommé professeur dans cette institution, Albers est chargé du " Vorkurs " (cours préparatoire) et dirige l'atelier de peinture sur verre de 1923 à 1933. À cette époque, Albers est passé de l'Expressionnisme de ses débuts à la peinture abstraite géométrique (City, 1928, peinture sur verre opaque, Zurich, Kunsthaus). Il émigra aux États-Unis après la fermeture du Bauhaus en 1933 par les nazis et enseigna (1933-1949) au Black Mountain College (Caroline du Nord), où beaucoup de futurs artistes, écrivains et musiciens reçurent une formation décisive. Albers donna un cours sur la couleur et le dessin, puis enseigna à l'université Yale (1950-1958). Dans sa peinture comme dans son enseignement, il insista sur la complexité formelle et psychologique née de variations sérielles colorées à partir de surfaces géométriques simples, celles du carré en particulier. La première série (1932-1935) est consacrée aux Clés de " sol " (dix variations). Elle est suivie par les Constellations qui traitent des problèmes de l'espace et de l'ambiguïté de la forme (Structural Constellations, 1953-1958, New York, Brooklyn Museum). À partir de 1950, Albers a commencé sa magistrale exploration des carrés concentriques de couleurs sous le titre générique d'Hommage au carré (Apparition, hommage au carré, 1959, New York, Guggenheim Museum ; Hommage au carré, 1965, Paris, M. N. A. M.). Installé à Orange (Connect.), il a exercé une influence décisive sur la naissance du Hard Edge et du Minimal Art. En 1963, l'artiste a publié Interaction of Colour. On lui doit aussi plusieurs panneaux muraux, notamment pour l'université Harvard, construite par Walter Gropius (Amerika, 1949-50), et pour l'Institut de technologie de Rochester (New York) en 1967 et en 1970. Il est représenté dans la plupart des grands musées européens et américains. D'importantes rétrospectives lui ont été consacrées, en 1965 et 1967 (New York, M. O. M. A., exposition itinérante), en 1971 (Metropolitan Museum de New York et Westfälisches Landesmuseum de Münster), ainsi qu'au Solomon Guggenheim Museum de New York en 1988.