Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
D

Deyrolle (Jean)

Peintre français (Nogent-sur-Marne 1911  – Toulon 1967).

Après des études à l'école d'Art et de Publicité de Paris, il réalise ses premières œuvres en 1931. Influencé d'abord par l'œuvre et les écrits de Sérusier, qu'il découvre en Bretagne (il s'était installé à Concarneau), puis, dès son retour à Paris en 1942, par les tableaux de Braque, qui lui font percevoir les possibilités de l'abstraction, il est confirmé dans cette voie par Cesar Domela, qu'il rencontre en 1943, ainsi que par Magnelli. Après la guerre, il se joint aux jeunes peintres abstraits de la gal. Denise René (Paris) et partage avec Dewasne le premier prix Kandinsky en 1946. Ayant d'abord dégagé des aspects du monde extérieur les rythmes plastiques qui les synthétisent, Deyrolle a su constamment préserver les ressources d'une sensibilité éveillée au contact de la nature. Ainsi, le respect des lois d'harmonie et d'équilibre, dont il avait reconnu la nécessité, n'a jamais contraint ni sa liberté d'invention dans l'agencement des formes pour la création d'un espace mouvant, ni sa sensualité picturale dans l'animation de la matière par le jeu subtil de la touche. De nombreuses expositions à Paris et dans les principaux centres artistiques européens ont imposé sa personnalité parmi les meilleurs peintres abstraits de sa génération. Il a été invité à la Biennale de Venise en 1960 et à celles de São Paulo en 1957 et en 1961. Il a été professeur en 1953 à l'académie Montmartre, dirigée par Fernand Léger, puis à l'académie de Munich depuis 1959. En 1966, un an avant sa mort, la gal. Denise René a accompagné la présentation de ses peintures récentes d'une petite rétrospective de son œuvre depuis 1947. En 1968, une importante exposition lui est consacrée au musée municipal de Saint-Paul-de-Vence et, en 1975, au M. N. A. M. de Paris. Deyrolle est représenté à Paris (M. N. A. M.), au Guggenheim Museum de New York, au musée d'Art moderne d'Oslo.

Dezeuze (Daniel)

Peintre français (Alès 1942).

Il travaille à Paris de 1967 à 1972 et est en 1968 un des fondateurs de Support-Surface. Dès ses débuts, Dezeuze a adopté une attitude critique vis-à-vis du tableau et il s'est surtout intéressé au problème du châssis. Il participa jusqu'en 1970 aux expositions de la Peinture en question (École spéciale d'architecture, Paris, 1969 ; musée du Havre, 1969 ; Coaraze, Alpes-Maritimes, 1969). Le châssis, d'abord passé au brou de noix (1967-68), a été rapidement " déconstruit ", traduit en lanières de bois mince et souple assemblées en forme de châssis ou en échelles pouvant être posés sur un mur ou sur le sol (Rouleau horizontal, 1968, Paris, M. N. A. M.). En 1971, il réalise des treillages dont les vides sont en relation directe avec le support vertical ou horizontal : il adopte un matériau inédit, des bandes de tarlatane évidées en échelle et peintes de jaune de Naples, procédé qui fait intervenir la transparence de la tarlatane malgré la couleur qui la recouvre en un semis léger ; c'est un des termes de l'évolution du support peint qui remonte à la toile désencombrée de Cézanne comme au lavis extrême-oriental. En quête de cette matérialité immédiate, Dezeuze exécute, la même année 1971, de petites plaques de terre cuite ; elles ont la dimension de la paume et sont gravées d'un croisillonnage très simple. En 1974 apparaissent les claies inachevées et teintes. Tous ces travaux s'inscrivent dans un poétique et subtil retour aux sources du faire pictural, sous le signe du devenir, du mouvement de la création, avec ses incertitudes et ses traces pourtant vives. L'artiste a participé à la rédaction de Peinture, Cahiers théoriques jusqu'en juin 1972. Il a exposé à Paris gal. Y. Lambert (1972, 1977 et 1983), gal. Piltzer en 1975 et à la maison de la culture de Bourges en 1976 ; on y voyait notamment des dessins à l'encre de Chine (1976), se situant entre l'idéogramme et une géométrie tâtonnante. La même recherche sur la matérialité et la transparence de la surface peinte apparaît dans les séries de travaux sur gaze réalisés à partir de 1977 (Les Sables-d'Olonne, musée de l'abbaye Sainte-Croix, 1980). En 1986, de grands pastels à thèmes médiévaux font apparaître des architectures de traits tout en conservant l'apparence des objets, armes ou fortifications (Sans-Titre, 1986, F. R. A. C.). On doit à l'artiste la conception du pavement de l'église Saint-Laurent du Puy. En 1980, le musée de Saint-Étienne a présenté une rétrospective de son œuvre. D'autres expositions lui ont été consacrées (Paris, C. N. A. P.) en 1989 ; (Paris, M. N. A. M.) en 1993 avec une série de dessins (la Vie amoureuse des plantes). Celle-ci est représentée aux musées de Marseille (musée Cantini), Nice, Saint-Étienne (M.A.M.), Toulon.

Di Cavalcanti (Emiliano)

Peintre brésilien (Rio de Janeiro 1896  – id.  1976).

C'est un des pionniers du modernisme brésilien, qui a participé à la célèbre Semaine d'art moderne réalisée en 1922 au Théâtre municipal de São Paulo. Il a assimilé les influences conjuguées de Picasso, de Toulouse-Lautrec, des expressionnistes allemands et des réalistes sociaux mexicains. Il possède néanmoins un style personnel, où les empreintes culturelles étrangères se trouvent soumises à un accent profondément autochtone. Sa thématique populaire est traitée par des couleurs exubérantes, et la sensualité des images en est fréquemment exaltée (figures de " mulatas ", négresses). Ses œuvres et ses décors muraux se trouvent dans les principales villes et les principaux musées brésiliens.

Di Rosa (Hervé)

Artiste français (Sète 1959).

En 1981, Hervé Di Rosa quitte sa ville natale pour Paris, où il s'installe avec son ami peintre Robert Combas. Celui-ci l'encourage à poursuivre son activité de dessinateur de bandes dessinées. Di Rosa s'inscrit à l'École nationale supérieure des arts décoratifs et réalise ses premières peintures. Sa participation à des expositions de groupe, en France, permet à la critique artistique d'associer sa peinture à celle de Rémi Blanchard, de François Boisrond et de Robert Combas. Ainsi naît " la Figuration libre ". C'est le recours à des images non traditionnelles, simples, très colorées et illustratives, qui révèle, au début des années 80, une jeune génération d'artistes dont le succès était imprévisible deux ans plus tôt. Les œuvres peintes d'Hervé Di Rosa sont très liées aux codes de la bande dessinée. Il présente des toiles, de 2 à 3 mètres de hauteur, qui sont les images agrandies de vignettes que l'on trouve à l'intérieur des magazines illustrés. L'artiste crée un univers qui puise ses sources dans la science-fiction, peuplé de personnages grotesques, de monstres, de mutants. Images et textes, peints sur une même toile, commentent les aventures fantaisistes du professeur X, du docteur Tube, de Kodo, de l'homme-flèche, de Mique...

   L'artiste s'est associé avec François Boisrond pour la réalisation de grandes peintures murales (M. O. C. A., Los Angeles, 1984 ; C. A. P. C. musée d'Art contemporain de Bordeaux, 1987) ainsi qu'avec son frère Buddy pour la fabrication de petites sculptures reproduisant les personnages créés sur les toiles et de petites pièces (gadgets, badges et jouets) commercialisées.