Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
H

Heizer (Michael)

Artiste américain (Berkeley, 1944).

C'est après ses études à l'Art Institute de San Francisco (1963-64) qu'il commence à se faire connaître en réalisant des œuvres directement dans la nature (N/NESW, 1967, Sierra Mountain, Reno, Nevada, auj. détruit ; Dissipate, 1968, Black Rock Desert, Nevada). Il participe avec Dennis Oppenheim, Robert Smithson, Walter de Maria, Richard Long à cette nouvelle forme d'expression nommée Land Art ou Earth Art et qui donne à la sculpture les dimensions et l'échelle de la nature.

   Réalisées souvent dans des lieux inaccessibles, les œuvres de Heizer sont modelées dans le vaste désert du Nevada et dans le Coyote Dry Lake, un immense lac desséché de Californie. Des œuvres éphémères, souvent détruites ou corrodées par l'action du temps mais qui, paradoxalement, subsisteront par les documents conservés : photographies, films, dessins, projets soigneusement présentés, considérés parfois comme l'œuvre elle-même ; ces documents sont diffusés dans les galeries et musées, réintégrant ainsi des espaces auxquels l'artiste avait tout d'abord tenté d'échapper.

   En 1972, Michael Heizer s'intéresse de nouveau à la peinture qu'il avait affectionnée durant ses années d'études. Il crée alors des œuvres qui, par leur dimension, leur contenu et leur couleur monochrome, se rattachent à ses " earthworks " (Untitled I, 1975, musée de Grenoble). Tout en poursuivant son travail dans la nature, il peint, dessine et sculpte (Circle II [Ghana], 1977, Otterlo, Rijksmuseum Kröller-Müller). Il a par ailleurs participé à d'importantes expositions internationales : " When Attitudes Become Form " à Berne en 1969, Prospect'70 à Düsseldorf, Documenta 6 à Kassel en 1977.

Held (Al)

Peintre américain (New York 1928-Camerata, Ombrie, 2005).

Après des études à New York (Art Students League), il vient séjourner à Paris de 1950 à 1952 grâce à la bourse d'études du G.I.'s Bill. D'abord influencé par l'Expressionnisme abstrait et notamment par Pollock, il peint dans des formats traditionnels des œuvres à la matière épaisse et colorée (Sans titre, 1959, Buffalo, Albright-Knox Art Gal.). À partir de 1960, son œuvre est proche des caractéristiques du Hard Edge, les formats s'agrandissent dans des proportions monumentales, les formes deviennent géométriques, les couleurs sont plus tranchées : The big A (1962) ; Genesis (1963, Bâle, Kunstmuseum).

   En 1967 s'ouvre une troisième période : Al Held ne peint plus seulement des surfaces, il peint des volumes. La couleur disparaît : formes blanches sur fond noir ou noires sur fond blanc. Le trait s'affine, il n'y a plus que des figures géométriques : cercles, carrés, cubes, cônes, qui s'interpénètrent les uns les autres pour créer un effet que l'artiste nomme simultanéité (South Southwest, 1973, New York, Whitney Museum of American Art) et dont le principe reprend l'idée des constellations d'Albers. Dans les années 80, ses œuvres sont dans ce style, mais la couleur vive et violente est réintroduite : C.Y.1 (1978, Buffalo, Albright-Knox Art Gal.). Son œuvre est bien représentée dans les musées américains ainsi qu'en Suisse (Bâle, Kunstmuseum ; Zurich, Kunsthaus).

Heldt (Werner)

Peintre allemand (Berlin 1904  –Angelo, Ischia, 1954).

Il fut l'élève de Max Klewer à l'Académie de Berlin, ville qui demeurera le leitmotiv de son œuvre. Ses premiers tableaux (v. 1927), traités dans un coloris sombre, représentent les quartiers malfamés de Berlin, que l'artiste se plaisait à parcourir la nuit en compagnie du dessinateur H. Zille. À la suite d'un voyage à Paris en 1930, il abandonne l'anecdote et introduit la lumière dans sa peinture. Ses rues de banlieue désertes aux murs de couleur claire lui valent quelque temps le surnom d'" Utrillo berlinois ". Une période de dépression, puis la guerre interrompent son activité pendant près de quinze ans. À Majorque (1933-1935), puis à Berlin, où, jusqu'en 1940, il travaille parfois dans le même atelier que Werner Gilles, il se consacre presque uniquement au dessin. Il recommence à peindre après 1945. S'inspirant d'abord de la réalité figée, inquiétante, de la Pittura metafisica (Un après-midi d'orage au bord de la Spree, 1951, Berlin, N. G.), il s'oriente bientôt vers la composition de surfaces abstraites d'un caractère voisin du collage et dérivées du Cubisme synthétique. Ces deux aspects se trouvent réunis dans ses peintures sur papier, natures mortes de la ville anonyme : sur la toile, considérée comme l'ouverture d'une fenêtre, se superposent en courbes stylisées de grands motifs de nature morte (vase, crâne ou feuille) et une série de rectangles inclinés, les façades, dont les fenêtres sombres et claires alternent (Dunkler Tag [" Jour sombre "], 1953, musée de Hanovre). Berlin (Haus am Waldsee) et Hanovre (Kestner-Gesellschaft) ont consacré des expositions à l'artiste en 1954 et en 1957.

héliogravure

Procédé photomécanique permettant d'obtenir des reproductions d'épreuves photographiques qui s'encrent et s'impriment comme les planches gravées en taille-douce.

   L'héliogravure est dérivée de la taille-douce, dont elle ne diffère que par la manière dont est obtenue la forme d'impression. En taille-douce, celle-ci est gravée mécaniquement ou chimiquement, mais manuellement. En héliogravure, la forme est gravée chimiquement à travers une réserve obtenue photographiquement. Le principe de l'impression est le même : les creux de la planche de métal sont remplis d'encre, la surface de cette planche est essuyée, et l'encre restant dans les creux est déposée sur le papier. L'inventeur de l'héliogravure est Karl Klietsch, qui obtint à Vienne, en 1875, les premières formes au grain de résine, et fit, de 1890 à 1895, en Angleterre, à Lancaster, les premiers essais de formes tramées.

   L'héliogravure tramée est également appelée hélio ou rotogravure. Les Anglais disent " gravure " ou " photogravure ", alors qu'en France le terme " photogravure " s'applique aux procédés fournissant des planches en relief pour l'impression typographique ou des clichés pour l'offset. Les Italiens disent " rotocalcografie ", terme se rapportant en France à l'impression offset.

   Dans l'héliogravure tramée, on utilise comme forme d'impression, sur les presses à feuilles ou rotatives rapides, un cylindre de cuivre ou une plaque que l'on enroule sur un cylindre. Une racle en acier doux essuie sa surface. On insole le papier charbon sous une trame avant de l'insoler sous les positifs, ce qui a pour effet de donner, après développement et gravure, une image imprimante constituée d'alvéoles ayant tous la même surface, mais présentant des profondeurs variables et séparés par un quadrillage de cloisons de trame sur lesquelles prend appui la racle d'essuyage. La dureté de leur surface peut encore être renforcée par chromage.

   Il existe encore d'autres méthodes d'héliogravure tramée, les unes dites de copie directe, remplaçant le papier charbon par une couche sensible étendue sur le cylindre, les autres dites de trame inversée, partant de positifs tramés et supprimant la copie de la trame.

   Procédé industriel, l'héliogravure a rapidement pris une grande extension, pour l'impression, en noir et en couleurs, de catalogues, de périodiques, d'emballages. L'héliogravure est le principe de nombreuses reproductions commerciales, mais certains artistes, comme Rouault, s'en sont servis comme préparation d'œuvres graphiques originales.