Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Castillo (Antonio del)

Peintre espagnol (Cordoue 1616  – id. 1668).

Fils d'un peintre médiocre, Agustín, et neveu du Sévillan Juan del Castillo, il est la figure capitale du XVIIe s. à Cordoue, centre artistique d'une remarquable indépendance. Orphelin à dix ans, il acheva ses études de peinture v. 1635 à Séville, où il fut sans doute élève de Zurbarán, avant de revenir à Cordoue, en 1645 (date du grand Martyre de saint Pélage de la cathédrale). Il a laissé dans les églises de Cordoue un grand nombre de toiles vigoureuses, dont le musée a recueilli une partie. Son style reflète partiellement le réalisme sévère de Zurbarán (Calvaire, musée de Cordoue), avec plus d'emphase et de brutalité (Saint Paul, id. ; Saint Bonaventure, musée de Bilbao), mais aussi parfois avec un sens narratif vif et nerveux dont manquaient ses maîtres et qu'il atteignit par une intelligente assimilation des estampes flamandes, qu'il utilisait fréquemment (Baptême de saint François, musée de Cordoue ; Histoires de Joseph, Prado). Son œuvre graphique, que caractérise l'esprit de synthèse, le désigne comme le dessinateur le plus fécond de l'école espagnole (Madrid, B. N. ; musée de Cordoue ; Louvre).

Castillo (José del)

Peintre espagnol (Madrid 1737  – id. 1793).

Ayant commencé très jeune son apprentissage aux cours du Conseil préparatoire de l'Académie, il fut remarqué par Don José Carvajal y Lancaster qui finança sa formation à Rome auprès de Giaquinto (1751-1753). Rentré à Madrid avec son maître appelé au service de Ferdinand VI, il fut lauréat de l'Académie et commença à travailler pour la manufacture de tapisseries de Santa Barbara. Une nouvelle pension lui valut un second séjour à Rome (1757-1764). Revenu définitivement à Madrid, il entre à la Manufacture de tapisseries et la réalisation de cartons est la partie la plus spécifique de son œuvre : travaillant d'abord à partir d'œuvres de Giaquinto ou Giordano, il renouvelle le genre en concevant des scènes populaires, notamment pour les appartements des Princes (le Marchand d'éventails, Madrid, Théâtre royal, Jeux d'enfants, Madrid, Museo romántico), des scènes de chasse et des natures mortes. Ses cartons sur la vie madrilène (Pradera de San Isidro, Madrid, Musée municipal) aux couleurs audacieuses, pleines d'atmosphère, s'apparentent aux œuvres de jeunesse de Goya. Il dut aussi participer à la décoration peinte des demeures royales, comme le montre l'Allégorie du roi Charles III (musée de Castres), grisaille, qui révèle ses talents de dessinateur (nombreux dessins au Prado). Il fit notamment les dessins préparatoires aux gravures de la série Varones Ilustres de la nouvelle Chalcographie (in situ) et à une édition de Don Quichotte (Academia Española). Son œuvre religieuse montre aussi une fusion, parfois heureuse, entre les principes de Giaquinto et l'académisme de Mengs (Madrid, San Francisco el Grande). Académicien en 1785, directeur-adjoint de peinture en 1792 mais aussitôt destitué, il mourut dans la misère et son talent, véritable (mais étouffé par une production parfois expéditive) fut longtemps occulté.

Castro (Lourdes)

Peintre portugais (Funchal, Madère, 1930).

Diplômée de peinture de l'École des beaux-arts de Lisbonne, elle partit en 1957 pour Munich et s'installa l'année suivante à Paris avec son mari, le peintre R. Bertholo. Lourdes Castro participa à la première Biennale de Paris en 1959, puis, après avoir pratiqué l'Abstraction lyrique, elle exposa à Paris en 1961 des collages d'objets peints en teintes argentées. Douée d'un remarquable pouvoir inventif, elle crée des livres aux collages pleins d'humour en exemplaires uniques, et ses Silhouettes peintes sur Plexiglas, découpées ou brodées sur des draps, présentées pour la première fois en 1963, introduisent une nouvelle dimension dans le pop art, par une sorte de dialectique de " présence-absence " de l'image (Ombres couchées, 1972, drap brodé à la main, coll. R. Topor). L'artiste a également réalisé des projets pour la fondation Woolmark en 1973. En 1974, elle présente le spectacle les Ombres à Anvers, à Amsterdam, à Aix-la-Chapelle, à Hanovre et, en 1975, à Paris (M. A. M. de la Ville, A. R. C .). Elle a ensuite participé à de nombreuses expositions de groupes en R. F. A., en Italie, aux États-Unis et en Amérique latine et, depuis 1983, s'est fixée à Madère.

Castro (Sergio de)

Peintre argentin (Buenos Aires 1922).

Depuis 1949, il vit et travaille à Paris. Dès 1939, il étudie parallèlement la musique et la peinture. Son maître, le peintre uruguayen Torrès-Garcia, l'influença à ses débuts. Après avoir été en 1945 l'assistant de Manuel de Falla et l'élève d'Arthur Honegger, il abandonne la composition musicale en 1953 pour se consacrer exclusivement à la peinture. Sa première exposition individuelle a lieu à Paris en 1952 (gal. Jeanne-Castel), suivie d'une exposition à la gal. Pierre-Lœb en 1954. En 1956, il reçoit la commande des vitraux de l'église du monastère des Bénédictines du Saint-Sacrement, à Couvrechef (Caen), important travail qu'il achève en 1958 : la Création du monde (la grande verrière sud, 6 m de hauteur sur 20 m de largeur). Il exécuta en 1968-69 la verrière de la Rédemption (4,50 m de hauteur sur 17 m de largeur) à l'Oefferkirche de Hambourg. Aidé par ses exceptionnelles connaissances techniques, il conçoit une peinture tout en finesse (paysages, intérieurs). D'importantes rétrospectives de son œuvre ont eu lieu dans divers musées européens.

Catel (Franz)

Illustrateur et peintre allemand (Berlin 1778  – Rome 1856).

Avant de s'adonner à la peinture, qu'il étudia à l'Académie de Berlin avec Schinkel en 1806 puis à Paris de 1807 à 1811, il était l'illustrateur d'almanachs le plus apprécié avec Ramberg. Il fut le premier à illustrer Hermann et Dorothée (1799, Brunswick, Herzog Anton Ulrich-Museum) de Goethe, qui voyait en lui un grand talent menacé par des distractions mondaines (lettre à W. von Humboldt, 1801). Catel aimait en effet la vie en société et les voyages (il visita Pompéi en 1813 en compagnie de l'archéologue français Millin, en 1818 la Sicile avec Schinkel, Hess et Begas, et en 1824 la baie de Naples), qui lui fournissaient autant de motifs pour sa peinture de paysage. Fixé à Rome à partir de 1811, il rencontra les nazaréens, peignit les dessus-de-porte de la Casa Bartholdi, mais demeura réfractaire à leur influence. Il fut davantage marqué par l'exemple de Koch et ressuscita l'art des " vedute " en fixant sur la toile des sites italiens (Rome ; la Baie de Naples) baignés d'une subtile lumière. Il les enrichira plus tard de scènes de la vie populaire traitées en gros plans réalistes. Ses contacts avec la maison royale de Prusse et celle de Bavière lui valurent plusieurs commandes — des portraits (Société des artistes allemands et le Prince héritier Louis de Bavière au cabaret espagnol de Ripa Grande, 1824, Munich, Neue Pin.), un retable de la Résurrection (Berlin, Charlottenburg, Luisenkirche ; détruit en 1944) —, dans lesquelles sa facture dépouillée, au modelé soumis à la lumière, s'apparente assez au réalisme de l'époque Biedermeier. Catel, qui vendait ses " vues " aux voyageurs distingués qui parcouraient l'Italie et jouissait d'une certaine fortune, encouragea les artistes allemands en organisant des expositions et fonda à Rome le " Pio Istituto Catel ", qui existe encore aujourd'hui.