Van Eyck (les) (suite)
Œuvres perdues
On tient enfin souvent pour des copies d'œuvres perdues de Jan Van Eyck un Portement de croix (musée de Budapest) et un dessin d'une Adoration des mages (Berlin), l'un et l'autre témoins probables d'œuvres de jeunesse. On pense également que Jan Van Eyck est l'inventeur de deux importantes compositions fondamentales pour la naissance et le développement d'une peinture profane en Europe, connues seulement aujourd'hui par des descriptions ou des interprétations tardives : une Femme à sa toilette et un Marchand faisant ses comptes.
La technique eyckienne
Si le problème se pose de distinguer l'art de Jan Van Eyck de celui de son frère Hubert, la technique eyckienne est également énigmatique. Les textes du XVIe s. faisaient honneur au peintre de l'invention de la peinture à l'huile. L'usage de ce médium était en fait connu antérieurement, mais Jan Van Eyck, de par le retentissement considérable de ses œuvres, semble bien en avoir généralisé l'emploi. Sa méthode reste très personnelle et paraît fondée sur la superposition de couches picturales de natures différentes, jouant entre elles par transparence. Sur le plan formel, son extraordinaire virtuosité assura à l'école flamande, pendant tout le XVe siècle, un renom durable.
Hubert († Gand 1426). Un quatrain, dont l'authenticité a souvent été mise en doute et qui se lit sur le cadre de l'Agneau mystique, assure que le retable a été commencé par Hubert Van Eyck et achevé, après sa mort, par son frère Jan. Quelques mentions des archives gantoises en 1425 et 1426 paraissent concerner le même personnage, dont le texte de l'épitaphe est également connu par un relevé de Mark Van Vaernewyck (1568). La pauvreté de ces documents a autorisé une hypothèse audacieuse (Karl Voll et Emile Renders) qui a obtenu une audience très large et selon laquelle le peintre ne serait qu'une créature de légende, imaginée sans doute pour attribuer à un Gantois une part importante de l'exécution du retable. Malgré l'attrait d'une conception aussi radicale, il paraît difficile de nier l'existence des mentions d'archives comme d'une tradition très ancienne, puisque, dès 1517, Antonio de Beatis signalait la collaboration des deux maîtres au retable de Gand. Il reste en revanche difficile de discerner la part que prit Hubert Van Eyck à l'exécution de l'Agneau mystique ; elle a fait l'objet d'hypothèses très variées, dont aucune n'est concluante. Toutes s'accordent cependant pour voir dans le panneau inférieur du centre (l'Adoration de l'Agneau) la part essentielle du travail de Hubert, même s'il faut admettre qu'il a fait l'objet de remaniements postérieurs, dus en partie à son frère Jan. Si l'on tend à renoncer à lui attribuer certaines enluminures du Livre d'heures de Milan-Turin, on le donne souvent pour l'auteur de 2 peintures : les Trois Marie au tombeau (Rotterdam, B. V. B.) et l'Annonciation (Metropolitan Museum, coll. Friedsam). Son art apparaît alors comme lié encore au style international, qui marque la fluidité des figures élégantes de ces œuvres, où l'on décèle également un réalisme précis qui analyse le monde dans sa complexité et surtout sa richesse. Néanmoins, ces données ne distinguent l'art d'Hubert de celui de Jan que par des nuances.