Boys (Thomas Shotter)
Aquarelliste et lithographe britannique (Pentonville 1803 – Londres 1874).
Formé comme graveur en Angleterre chez George Cooke, il vint en France vers 1823-1825 et ne devait retourner définitivement en Grande-Bretagne qu'en 1837. À Paris, il évolua dans le cerclée de Bonington, à qui il était lié (il termina son eau-forte Bologna après sa mort en 1828) et qui l'influença profondément, stylistiquement et techniquement, en particulier comme aquarelliste. Il atteignit dans ce genre sa pleine maturité entre 1830 et 1840, comme le montre l'ensemble des vues de Paris exécutées entre 1830 et 1835, où il fait preuve d'un talent de dessinateur traditionnel, mis en valeur par l'utilisation dramatique de la lumière. Sa renommée fut surtout établie par son ouvrage Picturesque Architecture in Paris, Ghent, Antwerp, Rouen, etc., publié à Londres en 1839, fruit de plusieurs années d'efforts et premier exemple de pure chromolithographie. Suivirent en 1842 ses Original Views of London as It is qui obtinrent un grand succès populaire. Cependant, Boys, qui ne cessa pourtant pas d'exposer à Londres le reste de sa vie, tomba rapidement dans l'oubli et mourut finalement ignoré du public et de la critique.
Boze (Joseph)
Peintre français (Martigues, Bouches-du-Rhône, 1745 – Paris 1826).
Il étudia le dessin à Marseille, à Nîmes et à Montpellier, puis se rendit à Paris, où il passa peut-être dans l'atelier de La Tour. Grâce à la protection de l'abbé de Vermont, il fut introduit à la Cour, où il semble avoir été très apprécié des souverains et des grands, dont il fit plusieurs portraits (Louis-Antoine de Bourbon, 1775, Louvre). Il trace l'effigie de diverses personnalités révolutionnaires (Robespierre, Versailles ; Marat, 1791, Paris, musée Carnavalet) et devient le portraitiste de l'Empire, puis de la Restauration. Ses fortes études psychologiques (Mirabeau, musée d'Aix-en-Provence ; pastel, cabinet des Dessins du Louvre, 1789, et dessin à Londres, Courtauld Inst.) sont parfois à l'état d'esquisses (Madame Boze, pastel, Louvre), dont l'austérité peut être tempérée par l'effet décoratif des tissus (Maréchal de Castries, Versailles).
bozzetto
Nom donné à une esquisse peinte ou sculptée de petites dimensions, par opposition à une œuvre achevée ou exécutée avec soin. Michel-Ange et Léonard de Vinci introduisirent le " non finito ", ou inachevé, dans leur peinture et en recommandèrent la pratique, jugeant que parfois une œuvre ébauchée avait plus de richesse qu'une œuvre finie. " Dans l'esquisse, souvent, l'artiste en proie à l'inspiration exprime sa pensée en quelques coups et il ne fera parfois que l'affaiblir par l'effort et l'application comme ceux qui ne savent pas s'arrêter dans le travail " (Vasari). Ce terme fut très usité au XVIIe s. et au XVIIIe s.
Braccesco (Carlo)
Peintre italien (documenté en Ligurie de 1478 à 1501).
On l'a identifié à l'artiste qui signe " Carolus Mediolanensis " (Charles de Milan) et daté de 1478 le polyptyque (Vierge et l'Enfant avec des saints) du sanctuaire de Montegrazie à Porto Maurizio. Cette œuvre remarquable, sinon exceptionnelle, réunit à une date fort précoce des éléments lombards tels que ceux qui apparaissent chez les continuateurs de Foppa (comme Butinone) et des éléments purement ligures de caractère " méditerranéen ". En 1942, Longhi attribue à ce Braccesco le groupe d'œuvres constitué par le triptyque de l'Annonciation avec des Saints du Louvre (qu'il considère comme l'un des chefs-d'œuvre de la peinture du XVe s. dans l'Italie du Nord-Ouest) et un polyptyque de Saint André démembré (Saint André, coll. part. ; Miracle de la manne, Avignon, Petit Palais ; Saints ; Crucifixion de saint André, Venise, Ca' d'Oro ; Saint Pierre et Saint Paul, coll. part.) et en partie perdu. Cette identification, acceptée par une grande partie de la critique, est rejetée par d'autres qui estiment ce groupe d'œuvres d'une valeur sensiblement supérieure à celle du polyptyque de Montegrazie. Deux tableaux (Levanto) et un polyptyque d'une collection privée de Gênes apparaissent plus proches de ce dernier. En revanche, une fresque à S. Maria di Castello à Gênes, attribuée aussi à Braccesco, offre de plus grandes similitudes avec les œuvres attribuées à Zanetto Bugatto.
Bracelli (Giovan Battista)
Peintre italien (connu de 1624 à 1649, à Florence et à Rome).
Redécouvert récemment, il ne doit pas être confondu avec son homonyme génois, peintre élève de G. P. Paggi. Il est surtout connu pour ses " bizarie ", exécutées à Florence en 1624 : ce sont 48 pointes-sèches représentant soit des éléments anthropomorphes de la nature (port constitué par un homme allongé), soit des figures constituées d'objets divers reconnaissables (ustensiles ménagers, jeux) ou abstraits, d'aspect mécanique (cylindres). Il grava dans le même esprit étrange une suite de 20 personnages porteurs d'instruments de musique, important document pour l'histoire musicale. Il n'est plus connu ensuite que par des gravures sans fantaisie, reproductions d'œuvres célèbres (le Baldaquin de Bernin, le relief d'Attila de l'Algarde). Sans doute était-il également peintre : on lui attribue un Saint Benoît ressuscitant un mort (Florence, Grand Séminaire). On ignore ses sources d'inspiration : les personnages animés de Villard de Honnecourt (XIIIe s.) ou ceux d'Ehrard Schön (XVIe s.) ? Mais son but n'est pas pédagogique, comme il l'est pour le premier, et sa préoccupation n'est pas la perspective, comme c'est le cas pour le second. Les compositions anthropomorphiques d'Arcimboldo, peut-être ? Pesantes et monstrueuses, celles-ci n'ont rien de la vivacité, de l'élégance et de l'humour propres à Bracelli. En fait, il dut connaître les dessins " cubistes " de Luca Cambiaso, recherches géométriques de simplification du volume, d'esprit maniériste. Mais il cherche au-delà de ce procédé technique et, par son goût de la dérision et de la caricature, donne à ses œuvres la valeur de " vanités ". On a vu en lui un esprit " moderne ", précurseur du Cubisme par ses simplifications et cette apologie de la mécanique digne de Fernand Léger. En fait, son goût des associations est contraire à l'esprit cubiste. On ne retrouve de telles recherches de volume et d'incongruité que dans les " mannequins " de De Chirico et dans certaines créations surréalistes, telles que la Cité des tiroirs de Salvador Dalí (1936), ainsi que dans les sculptures de Gargallo.