Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Carlsund (Otto Gustav)

Peintre suédois (Saint-Pétersbourg 1897  – Stockholm 1948).

Élevé en Suède, il reçoit son enseignement artistique aux Académies de Dresde (1921-1922) et d'Oslo (1922-1923). En 1924, il entre dans l'atelier de Léger, à Paris ; sa peinture le montre fidèle à l'enseignement du maître. Il fait la connaissance de Mondrian en 1927, mais il est également proche d'Ozenfant, et c'est sous l'influence du Purisme qu'il commence à peindre en aplat des tableaux où les formes sont fortement dépouillées. Il rencontre Van Doesburg en 1929 et participe avec lui à la fondation du groupe Art concret, en 1930. La même année, il organise à Stockholm une grande exposition d'art abstrait et postcubiste, où il montre un vaste mural géométrique : Rapid (détruit). Déçu par l'échec de cette manifestation, il ralentit sa production. En 1935, il exécute un décor pour le cinéma Regina à Stockholm, dans le style d'anciens projets cubo-puristes de 1926 pour une salle de cinéma que devait construire Le Corbusier à Paris. En 1944, il peint des Hommage à Mondrian, dans la manière du fondateur du Néoplasticisme, qui venait de mourir. Carlsund a joué un rôle de premier plan dans l'introduction des avant-gardes en Scandinavie. Les dernières expositions importantes de son œuvre se sont tenues en 1968 et 1969 aux musées de Norrköping et de Malmö, ainsi qu'en 1979 à la galerie Denise René, à Paris.

Carmontelle (Louis Carrogis, dit)

Peintre, architecte, graveur et écrivain français (Paris 1717  –id.  1806).

Lecteur puis ordonnateur des fêtes de Philippe d'Orléans (duc de Chartres), il créa les jardins du parc Monceau (1773) et, pour le divertissement de la cour de ce prince, écrivit la plupart de ses " proverbes ", genre de comédies légères dont il est considéré comme le créateur et dans lequel il excella. Carmontelle avait, en outre, un charmant talent de dessinateur à la plume et d'aquarelliste. Ses nombreux portraits (ceux, entre autres, de Philidor, de Boufflers, de Mozart, de Grimm, de Mme du Deffand, de la marquise de Ségur, de la comtesse de Ségur et de son petit-fils), vivants et spirituels, où le modèle est représenté systématiquement en pied et de profil, se trouvent au musée Condé de Chantilly, à Paris (bibl. de l'E. N. B. A. ; musée Carnavalet), au musée d'Épinal, à Versailles. On lui doit l'invention des " transparents ", qui précédèrent les " panoramas ".

Carneiro (Antonio)

Peintre portugais (Amarante 1872  – Porto 1930).

Formé à Porto, il reçut à Paris les leçons de B. Constant et de J.-P. Laurens. Auteur de poèmes, ce peintre d'inspiration littéraire fut marqué par le Symbolisme : Triptyque de la vie (Lisbonne, coll. M. Brito), Camoens (São Paulo, musée de l'État). On peut également rattacher son œuvre à certaines recherches de Munch dans le domaine du paysage expressionniste aux couleurs symboliques (Lisbonne, coll. J. Brito). Ses portraits au fusain, où l'on décèle l'influence de Carrière, furent très appréciés. Vers la fin des années 20, il travailla également avec succès au Brésil. Nombre de ses aquarelles sont conservées dans des coll. part. brésiliennes et portugaises. À Porto, un atelier-musée conserve une grande partie de son œuvre, qui a été remise en valeur par une grande exposition rétrospective, en 1972, à Lisbonne (fondation Gulbenkian).

Carneo (Antonio)

Peintre italien (Concordia, Udine, 1637  – Portogruaro 1692).

Il exerça son activité dans le Frioul, à Portogruaro en particulier, où il fut pendant une vingtaine d'années l'hôte du comte Caiselli. Il est le représentant d'un " naturalisme " particulier, qui transfigure le style poétique des " tenebrosi " vénitiens, avec une veine populaire marquée, dont témoignent les sujets mêmes de ses œuvres (le Vagabond, la Méditation, musée d'Udine), et avec une couleur sensuelle et pleine de fantaisie. Ses toiles sont surtout conservées à Udine, au Museo Civico, dans les églises (Saint Thomas distribuant le pain aux pauvres, Besnate, église paroissiale ; Martyre de saint Barthélemy, Udine, basilique delle Grazie) et dans certaines collections privées.

Carnicero (Antonio)

Peintre espagnol (Salamanque 1748  – Madrid 1814).

Fils d'un sculpteur de Salamanque appelé à Madrid pour la décoration du nouveau Palais royal, Antonio Carnicero, comme ses trois frères, étudia les arts du dessin ; il passe une partie de sa jeunesse à Rome (1760-1766). Sa carrière officielle fut régulière et brillante : prix de l'Académie en 1769, académicien en 1788, " pintor de Cámara " en 1796, maître de dessin des Infants en 1806, il fut en outre l'artiste préféré du favori de la reine, Godoy, dont il fit plusieurs bons portraits, notamment celui de l'Académie de San Fernando. D'autres portraits, moins gourmés, évoquent les relations de l'artiste : l'acteur Vicente Garcia (1802), la vigoureuse Doña Tomasa de Aliaga, au Prado. En 1808, avant de devenir " pintor de Cámara " de Joseph Bonaparte, il peignit Ferdinand VII (Real Academia de la Historia, Madrid). Mais une part aussi importante de l'œuvre de Carnicero est consacrée à la vie populaire du temps, traitée avec moins de grâce que chez Paret, moins de verve que chez Goya, mais de façon attrayante bien qu'un peu rigide, soit par la peinture (l'Ascension de la montgolfière, au Prado, Toreros, Majas), soit par la gravure. Dans ce domaine, 2 suites sont particulièrement significatives. La Coleccion de las principales suertes de una corrida de toros (1790) est la première en date, sinon la meilleure du genre que Goya devait illustrer au moment où l'art tauromachique est en pleine rénovation ; le succès en fut rapide et les imitations nombreuses. L'autre, le Real Picadero, présente des scènes d'équitation dont les acteurs sont de hauts personnages : Charles IV, Godoy. Il participa avec les autres peintres contemporains à la décoration de San Franscisco el Grande de Madrid en exécutant 6 toiles pour le cloître.

Carnovali (Giovanni) , dit il Piccio
ou Giovanni Carnevali, dit il Piccio

Peintre italien (Montegrino Valtravaglia, près de Luino, 1804  – Crémone 1873).

Il travailla à l'Accademia Carrara de Bergame, sous la direction du peintre néo-classique Diotti, grâce auquel il acquit le goût de la dignité formelle. Seul, il avait étudié les peintures laissées à Bergame par Lotto et Moroni et poursuivi son éducation artistique en copiant même, au cours de nombreux voyages (séjours à Rome en 1831 et en 1855, à Paris en 1845), les œuvres des maîtres du XVIe s., de Corrège à Reni. Son style définitif est caractérisé par une facture veloutée faite d'empâtements et de glacis qui dissolvent les contours, et par des tons riches et vibrants. Carnovali donne une fluidité particulière à ses paysages (Paysage aux grands arbres, 1844-1846, Milan, G. A. M.) et à ses tableaux mythologiques (Salmacis et Hermaphrodite, 1856, Crema, coll. part.) ou bibliques, inspirés pour la plupart de sa " pala " représentant Agar dans le désert (terminée en 1862). Isolée au sein du courant romantique italien, son œuvre, qui comporte principalement des portraits (Benedetto Tasca, v. 1850, Bergame, coll. part. ; Gina Caccia, 1862, Milan, coll. part. ; Portrait du vétérinaire, Rome, G. A. M.), auxquels s'ajoute une grande série d'autoportraits (coll. part.), eut une influence déterminante sur des peintres comme Faruffini, Cremona et Ranzoni. L'artiste est représenté dans de nombreuses coll. part., dans les G. A. M. de Rome et de Milan ainsi qu'à la Brera.