Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Taaffe (Philip)

Artiste américain (New Jersey 1955).

Dans les années quatre-vingt s'est manifestée aux États-Unis une génération de jeunes artistes ayant en commun la volonté de s'inscrire dans la continuité de l'histoire par l'appropriation. L'œuvre de Philip Taaffe peut être assimilé à cette continuité artistique, dans le sens d'une variation sur des modèles existants. Point de départ de son travail, le choix des motifs lui permet d'établir une relation avec certains artistes des années cinquante-soixante, autant sur le mode du pastiche que sur celui de l'hommage. L'œuvre intitulée Brest (1983) est une variation sur celle de Bridget Riley intitulée Crest (1964), liée à une référence à l'ouvrage de Jean Genet. De même, Concordia, de 1985, oscille entre la référence admirative à l'œuvre de Barnett Newman et l'apparence d'un foulard aux motifs de corde. Philip Taaffe puise également à d'autres sources : mosaïques byzantines, architecture folklorique russe, filigrane baroque espagnol... Ainsi, Phantastisches Gebet, 1 manifeste une attraction pour les arts africains. Taaffe élabore ses « apparences de tableaux » par collages, sur la surface de la toile, de linoléum ou de papiers sérigraphiés de formes abstraites polis jusqu'à se confondre avec le plan continu. Une exposition lui a été consacrée (Vienne, Wiener Secession) en 1996.

tabellone

Compartiment rectangulaire d'une croix peinte, sur lequel repose la partie centrale du corps du Christ. En Italie, dans les croix du XIIIe s., ce compartiment comporte parfois des scènes de la Passion. Dans celles du XIVe s., il est décoré de motifs géométriques.

tableau

Support ou subjectile indépendant ou intégré dans un décor d'architecture et présentant une surface plane recouverte de peinture ou de tout autre matériau : papiers collés, tissus, broderie, verroterie.

   Les tableaux peuvent être de nature, de forme et de dimensions variables : panneau de bois rectangulaire, ovale, feuille de cuivre ou d'un autre métal, plaque de pierre (marbre, ardoise), carton, papier ou châssis tendu de toile. Suivant les dimensions, on distingue le grand tableau décoratif, le tableau de chevalet, de dimensions réduites et qui doit être placé près du regard du spectateur, et le tableau de cabinet. Les tableaux se classent également suivant les sujets qu'ils représentent et la manière dont ceux-ci sont traités : de là les dénominations de tableau de genre, de tableau d'histoire, de paysage, de portrait. « On prétend que les anciens peintres ne peignaient que sur des tables de bois, blanchies avec de la craie, d'où vient le mot de tabula, tableau, et que l'usage de la toile, parmi les modernes, n'est pas même fort ancien » (Bossuet, 1er Sermon, Providence, cité par Rollin, Histoire ancienne, t. XI, 1re part., p. 143).

Définitions

Les polyptyques sont des tableaux composés de plusieurs panneaux articulés (diptyques, triptyques) en bois peints, mais aussi parfois sculptés, qui s'insèrent dans un ensemble de menuiserie le plus souvent dorée. « Au Moyen Âge, tableau ployant et ouvrant, tableau composé de deux, trois et jusqu'à cinq pièces liées par des charnières et se repliant sur elles-mêmes » (Laborde, Émaux).

Un tableau, ou tableau vivant, désigne la reproduction de certains tableaux connus ou de certaines scènes d'histoire à l'aide de personnages vivants qui prennent l'apparence vestimentaire et les attitudes indiquées par le sujet.

Un tableau mécanique, ou mouvant, est un tableau peint auquel est associé un mécanisme d'horlogerie. Les tableaux mécaniques sont relativement fréquents à partir du XVIIe s. et sont originaires de Hollande. Les plus simples représentent un paysage avec église dont le clocher abrite une horloge véritable sonnant les heures et les demies, accompagnées parfois de carillon et musique. D'autres tableaux présentent en outre des scènes villageoises avec des personnages animés.

Un tableau cloant est un tableau de petit format, composé de compartiments montés sur une charnière afin de pouvoir être rabattus les uns sur les autres.

Un tableau, opposé à « esquisse », « ébauche », désigne l'œuvre achevée, autonome, constituée de formes peintes sur un plan solide : « Se rappeler qu'un tableau avant d'être un cheval de bataille, une femme nue ou une quelconque anecdote est essentiellement une surface plane recouverte de couleurs en un certain ordre assemblées » (Maurice Denis, Art et critique, 1890, et Théories, 1913).

Perspective

Le plan du tableau se dit, en perspective, à propos d'un plan qu'on imagine placé entre les objets et l'œil de l'observateur et qui détermine l'image de ces objets par son intersection avec les rayons visuels. La vitre-tableau, ou glace de Léonard de Vinci, est un plan vertical supposé transparent, interposé entre l'œil (point de vue) et l'objet, sur lequel se projettent les images perspectives.

tableau photographique

C'est au début des années quatre-vingt que certains artistes, comme J.-M. Bustamante, en France, ou J. Wall, au Canada, commencent à employer le terme de « tableau photographique », ou photo-tableau. Ce terme sera repris et théorisé par le critique français Jean-François Chevrier pour désigner, chez certains artistes, une conception de l'image photographique selon le modèle de la forme tableau. Celle-ci répond à trois critères essentiels : le tableau est un plan clairement délimité, frontal et qui se constitue comme un objet autonome. Il faut donc distinguer l'image photographique conçue comme un tableau, dans le sens d'une autonomie, de celle simplement agrandie pour le mur ; de même, il faut la dissocier de l'épreuve photographique qui, pouvant être recadrée ou regardée à l'horizontale, ne s'impose pas nécessairement dans sa frontalité. Le tableau photographique semble donc reposer essentiellement, selon les termes de Chevrier, sur une dialectique de l'enregistrement documentaire et de la composition picturale, où la fixité de l'image photographique prise dans la stabilité de la forme tableau propose au spectateur une expérience de confrontation. Deux expositions ont rendu compte de cette tradition photographique : « Une autre objectivité » qui s'est déroulée au Centre national des arts plastiques, à Paris, et « Photo-Kunst » à la Staatsgalerie de Stuttgart, toutes les deux en 1989.