Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
E

Edelfet (Albert Gustav)

Peintre finlandais (Porvoo 1854  – Haikko 1905).

Chef de file de l'école réaliste finlandaise, il est le seul à s'être intégré au milieu artistique de l'Europe continentale. Sa peinture en France se place entre le Réalisme et l'Impressionnisme ; en Finlande, révolutionnaire, elle marque la cassure avec l'école de Düsseldorf. Il se forme vers 1870 à Anvers, où il adopte le Romantisme historique. En 1874, il vient poursuivre des études à Paris et entre dans l'atelier de Gérôme à l'École des beaux-arts. Avec ses camarades Bastien-Lepage et Dagnan-Bouveret, il est influencé (1878) par l'Assommoir de Zola et, à leur exemple, se met à peindre en plein air vers la fin des années 1870. Ses premiers succès dans les milieux parisiens sont dus à ses portraits (Pasteur, 1885, Orsay). Mais l'influence de l'Impressionnisme sur son travail apparaît plus dans ses esquisses que dans ses grandes toiles (le Jardin du Luxembourg, 1887, Helsinki, N.G.).

   De retour en Finlande vers 1890, il introduit le pleinairisme français et contribue à la lutte pour l'indépendance de son pays : il réalise des peintures d'histoire patriotiques (Soldats finnois pendant la guerre de 1808-1809, 1892, Mäntta, Fondation Gösta Serlachius). Edelfet est choisi pour la première peinture monumentale destinée à un édifice public en Finlande. L'Inauguration de l'Académie de Turku, exécutée pour la salle des fêtes de l'université d'Helsinki, est détruite en 1944. L'œuvre d'Edelfet est surtout bien représentée dans les musées d'Helsinki et de Göteborg.

Eeckhout (Albert)

Peintre néerlandais (Groningue [ ? ] 1607/1612  – id. v.  1665).

Il est, avec Post, l'un des meilleurs peintres et l'un des plus variés que le prince Jean Maurice de Nassau, dit " Maurice le Brésilien ", emmena avec lui lors de son gouvernement brésilien (1637-1644). En 1645, Eeckhout est cité à Groningue, puis habite à Amersfoort. De 1653 à 1663 env., on le retrouve peintre de cour chez le prince électeur de Saxe à Dresde où il peignit le plafond du château de Höflösnitz. En 1664, il est de nouveau signalé à Groningue. Ayant peut-être subi l'influence de Jacob Van Campen, comme on peut le déduire des grandes et robustes natures mortes décoratives de ce dernier à la Huis ten Bosch à La Haye, Eeckhout fut, dans l'équipe du prince Maurice, le spécialiste de l'histoire naturelle : les Deux Tortues, esquisse à l'huile sur papier (Mauritshuis). Une sorte de sens naïf du document ethnographique, étonnant pour l'époque au point de faire penser à l'exotisme fantastique du Douanier Rousseau, rend particulièrement impressionnante la série des grands portraits d'indigènes brésiliens (types de chaque tribu) conservés au Nm de Copenhague grâce au don du prince Jean Maurice au roi Frédéric III de Danemark en 1654 (toutefois, une partie de ces œuvres eut pour auteur le peintre zélandais Beckx en 1643). Quant aux tableaux d'Eeckhout donnés par Maurice à Louis XIV en 1679 — en même temps que ceux de Post —, ils servirent de cartons aux Gobelins pour la fameuse tenture des Indes tissée en 1689-90, qui devait connaître un immense succès ; ces derniers tableaux d'Eeckhout ont malheureusement disparu, en revanche, les 4 remarquables volumes d'esquisses dessinées composant un Theatrum rerum naturalium Brasiliae, que l'on croyait perdus, ont été retrouvés à Cracovie (Bibliothèque Jagellon), ce qui permet de se faire une idée du dessinateur. De belles études d'Indiens nus rappellent la manière d'un Flinck ou d'un Backer et renvoient ainsi à l'atelier de Lambert Jacobsz, où Flinck et Backer firent justement leurs débuts et où Eeckhout lui-même les a peut-être connus.

Eeckhout (Gerbrand Van den)

Peintre néerlandais (Amsterdam 1621  – id.  1674).

Élève de Rembrandt entre 1635 et 1645 et, selon Houbraken, l'un de ses meilleurs amis (le Songe de Jacob, 1669, Dresde, a été, un temps, attribué à Rembrandt lui-même), il témoigne d'une solide intelligence de l'art du maître — encore baroque vers les années 1640 — dans ses nombreux tableaux religieux, tels le Calvaire du musée d'Avignon, la Dernière Cène, de 1664, du Rijksmuseum, ou Pierre guérissant le paralytique, de 1667, à San Francisco (De Young Memorial Museum), et dans certains de ses dessins, d'une facture libre et vigoureuse, qui méritent de retenir l'attention. Mais le portraitiste est également appréciable, tantôt encore rembranesque comme dans le Portrait de Jan Pietersz Van den Eeckhout (1644, musée de Grenoble), tantôt digne et pompeux à la façon de Van der Helst, de Tempel et de la génération baroque des années 1650 comme dans le Gouverneur des Indes orientales (1669, id.). Cet aspect de son style se retrouve aussi dans la peinture d'histoire (la Continence de Scipion, 1669, Lille, palais des Beaux-Arts). Enfin Eeckhout s'est exercé aussi à la peinture de genre dans la manière de Pieter De Hooch, de Gérard Ter Borch et de Jacob d'Ochtervelt, comme en témoigne le Corps de garde (1654) du musée de Strasbourg.

   Bon dessinateur, il a laissé des dessins de paysage très poétiques (Paysage italien, 1643, Bruxelles, M. R. B. A.).

Egedius (Halfdan)

Peintre norvégien (Drammen 1877  – Christiania 1899).

Avant de devenir l'élève d'Harriet Backer, artiste précoce, il obtint à seize ans son premier succès avec Samedi soir ou les Jeunes, " peinture d'atmosphère " inspirée par la nature et le folklore pittoresque du Telemark, comme le seront les tableaux postérieurs : le Rêveur, jeune homme méditatif saisi au coin de l'âtre (1895, Oslo, N. G.), et Jeunes Filles dansant, (1895 id.), fantomatiques comme une évocation de Strindberg et proches de Munch. Orage menaçant (1896, id.) date de sa période d'études à Copenhague avec Kr. Zahrtmann et poursuit ce goût pour les atmosphères fantastiques. Mort à 23 ans, il fut les deux dernières années de sa vie l'illustrateur des sagas norvégiennes au même titre qu'Erik Werenskiold et Gerhard Munthe.

Egg (Augustus Leopold)

Peintre britannique (Londres 1816  – Alger 1863).

Fils d'un armurier renommé, il étudia à la Royal Academy à partir de 1835 et se fit connaître du public en 1857-58. Fondateur de la Clique, il fut A. R. A. en 1849 et R. A. en 1861. Mais sa santé délicate l'obligea à séjourner dans le sud de la France, puis en Algérie, où il mourut. Familier du cercle de Frith et de Dickens, de Wilkie Collins et des rédacteurs de Punch, il se spécialisa dans les scènes anecdotiques. Son œuvre est marqué par un sentiment de tristesse peu courant dans ce genre à l'époque victorienne. L'influence des préraphaélites accentua la tendance moralisatrice de son art comme le révèle la trilogie de la Tate Gal. de Londres : Passé et présent, 1858, qui montre les conséquences de l'infidélité conjugale.