Mucha (Reinhard)
Artiste allemand (Düsseldorf 1950).
L'œuvre de Mucha obtient une reconnaissance en Europe à travers son exposition personnelle à la Kunstverein de Stuttgart en 1985 et l'exposition itinérante que lui consacre le Centre Georges-Pompidou et les Kunsthallen de Bâle et de Berne en 1987. L'artiste conçoit pour chaque lieu de monumentales constructions dont les formes dérivées du mobilier et de l'architecture industrielle demeurent non signifiantes, indéterminées (Coesfeld, 1985, bois, fer, verre, feutre et peinture). Divers objets, transistors, miroirs, ventilateurs, tubes fluorescents complètent ces pièces dont le propos semble relever d'opérations de mises en scène, de montages et de démontages, d'installations des éléments dans le contexte de l'exposition. Évoquant des lieux publics (bars, gares), des lieux de stockage (magasins d'usines) ou de spectacles (fêtes foraines), l'univers de Mucha s'inscrit aux frontières des notions de production et de dépense. Univers réels et fictionnels se mêlent autour des questions de spatialité, de temporalité que développe tout principe d'installation éphémère. La matérialité et le volume des pièces leur confèrent une impressionnante présence qui les renvoie au rang d'un art monumental et utopique.
Muche (Georg)
Peintre et architecte allemand (Querfurt 1895 – Lindau, lac de Constance, 1987).
Après des études de peinture à Munich et à Berlin (1913-1915), il expose, tantôt seul, tantôt avec Max Ernst, Klee ou Archipenko, à la gal. Der Sturm, en même temps qu'il enseigne à l'École d'art du Sturm (1916-1919). Si sa peinture apparaît d'abord comme une combinaison d'éléments géométriques simples (rectangles, carrés, ellipses, cercles et portions de cercles) s'inscrivant dans un espace encore illusionniste (Peinture XVIII, 1915, Schlüchtern, coll. Ludwig Steinfeld), il évolue rapidement vers une fragmentation de plans aux couleurs vives, d'où surgissent parfois des rappels figuratifs (Peinture avec motif de treillis I, 1916, id.). Appelé au Bauhaus de Weimar par Gropius (1920), il est nommé " maître des formes " de l'atelier de tissage et dirige en 1923 la première exposition du Bauhaus Art et technique : une nouvelle unité, pour laquelle il construit et aménage avec les ateliers du Bauhaus la fameuse maison Am Horn. Il oscille alors curieusement entre une peinture abstraite, où des motifs dessinés émergent d'un flou transparent (Peinture avec rouge flottant, 1920, Krefeld, coll. H. Jammers), et une figuration où domine le contour des objets (Deux Seaux, 1923, Darmstadt, Bauhaus-Archiv ; Nature morte, 1924, Schlüchtern, coll. L. Steinfeld).
Après un voyage d'études aux États-Unis (1924) et des réalisations d'architecture expérimentale (1926), il quitte le Bauhaus en 1927 pour enseigner successivement à l'école fondée par Itten à Berlin (1927-1931), à l'Académie de Breslau (1931-1933), à l'école de Hugo Häring à Berlin (1933-1938), puis à l'École d'art textile de Krefeld, où il professe jusqu'en 1959. Les transparences floues, voilant parfois d'énigmatiques figures humaines (Intérieur espagnol, 1963 ; Optique de profundis, 1967, Hambourg, coll. Dr H. Schwarzkopf), demeurent les constantes de ses multiples recherches picturales.
Mueller (Otto)
Peintre et graveur allemand (Liebau 1874 – Breslau 1930).
Il reçoit une formation de lithographe à Görlitz (1890-1894), puis est élève de l'Académie de Dresde (1894-1896). Il mène une existence itinérante (Suisse, Italie, séjours à Munich, Dresde, Liebau) jusqu'en 1908, date à laquelle il se trouve à Berlin, et devient deux ans plus tard membre de Die Brücke. Son style, qui relevait encore d'un symbolisme " naturiste " que la pratique de la lithographie avait assoupli (Bac dans la forêt, 1905, musée de Münster), acquiert dès lors plus de vigueur, admet davantage un dessin aux angles vifs au détriment des courbes naguère ordonnatrices (Baigneuses, 1913, id.). Dans l'œuvre de Mueller, le thème du nu, souvent placé dans un cadre naturel, dans l'esprit de Gauguin, illustre la nostalgie d'un état édénique, tandis que le couple, représenté avec une sensualité, voire un érotisme désenchantés, appartient en revanche à l'ordre du constat. Il était d'ascendance maternelle tzigane, et les bohémiens ont été ses modèles favoris. Il évolua peu après 1918-1920, années privilégiées pendant lesquelles l'agrément de la facture (plus nourrie et variée) ne fut pas sacrifié au souci de l'expression (Amoureux tziganes, v. 1918 ; Famille de bohémiens ou la Madone tzigane, Essen, musée Folkwang). Il travailla souvent à la détrempe sur des toiles au grain grossier. Il se fixa à la fin de la guerre à Breslau, où il fut professeur aux Beaux-Arts (1920-1930). Il a laissé par ailleurs une importante série d'estampes (172 œuvres). Il est représenté dans la plupart des musées allemands, à Hambourg (Nus dans les dunes, v. 1919-20), Stuttgart (Staatsgal. : Deux Nus dans les roseaux, v. 1924), Düsseldorf (K. M. : Nu assis sous les arbres, 1915), Essen, Feldafing (coll. Buchheim : Trois Nus devant un miroir, v. 1912), Dortmund (Museum am Ostwall), Munich (Neue Staatsgal. : Autoportrait, 1927), Berlin (N. G.), Francfort (Städel. Inst. : Adam et Ève ), Sarrebruck (Tziganes au tournesol, 1927).
Müller-Brockmann (Josef)
Artiste suisse (Rapperswill 1914-Zurich 1996).
Ancien élève de la Kunstgewerbeschule de Zurich, Josef Müller-Brockmann va réaliser dans le courant des années 1950 des affiches en ayant recours à la technique du photomontage et à la photographie, dans un esprit très proche de celui des artistes concrets zurichois : son affiche Moins de bruit (1960), où il utilise la diagonale de façon expressive, est célèbre à cet égard, comme la série qu'il réalise pour la Tonhalle de Zurich (à partir de 1951) et le programme musical Musica viva à partir de 1956. En 1958, il fonde avec Richard Paul Lohse, Hans Neuburg et Carlo Vivarelli la revue Neue Grafik, qui est publiée à Olten et qui se poursuivra jusqu'en 1965 : entièrement dévolue à l'histoire de la typographie moderne, elle sera l'organe des graphistes suisses de tendance constructiviste. Müller-Brockmann a d'autre part publié de nombreux livres sur la typographie et l'affiche : son Histoire de l'affiche (1971, avec Schizuko Yoshikawa) constitue l'un des ouvrages de référence sur ce sujet.