Gherardi (Filippo)
Peintre italien (Lucques 1643 id. 1704).
Élève à Rome de Pierre de Cortone, et influencé par la tradition vénitienne, il fut l'un des meilleurs représentants de la grande peinture illusionniste baroque à Rome, décorant, en collaboration avec son compatriote Giovanni Coli, la coupole de l'église S. Nicola de Tolentino (Gloire de saint Nicolas de Tolentino, 1670-71), la voûte de l'église S. Croce dei Lucchesi (Heraclius) et surtout la voûte de la galerie du palais Colonna (1675-1678) de 5 scènes animées et surchargées illustrant l'Histoire de Marc Antonio Colonna. Après la mort de Coli (1680), Gherardi peignit la voûte de l'église S. Pantaleon (1687-1690, Triomphe du nom de Marie), en couvrant entièrement la voûte d'architectures feintes mêlées à la représentation picturale et créant un effet unitaire d'illusionnisme qui préfigure directement la fameuse réalisation du P. Pozzo à Saint-Ignace.
Gherardini (Alessandro)
Peintre italien (Florence 1655 – Livourne 1726 [ ? ]).
Cet artiste brillant et indépendant, qui travailla d'abord à Pontremoli (décoration du salon de la Villa Dosi), choisit une voie originale dans le milieu de la culture florentine : il fit revivre l'esprit du Maniérisme local (éteint depuis Giovanni da San Giovanni et Cecco Bravo) dans le climat du Baroque fervent mis à l'honneur par les fresques florentines de Pierre de Cortone et de Luca Giordano, puis de Sebastiano Ricci. Il aboutit ainsi, dans la dernière phase de sa carrière, à des effets qui annoncent le Rococo. Il a travaillé pour plusieurs palais et églises de Florence : les fresques des palais Ginori, Giugni et Orlandini (1693-94) et celles de l'église S. Maria degli Angeli (1708) se distinguent par la vivacité de leurs coloris et l'originalité pleine de fantaisie de l'imagination.
Gheyn (les)
ou les de Gheyn
Peintres et graveurs néerlandais.
Jacob I (Zuiderzee v. 1530 – Anvers [ ? ] 1582) , peintre miniaturiste, graveur sur bois, peintre verrier et éditeur, il est inscrit en 1558 à la gilde de Saint-Luc d'Anvers, puis cité à Utrecht en 1580.
Jacob II, son fils (Anvers 1565 – La Haye 1629) , se forma dans l'atelier paternel avant d'aller à Haarlem chez Goltzius entre 1585 et 1587. En 1591, il est à Anvers, puis en 1593 à Amsterdam et de 1595 à 1603 à Leyde, où il fréquente les humanistes de l'université, en particulier les botanistes et hommes de sciences qui l'encouragèrent dans ses feuilles naturalistes. En 1603, il s'installe à La Haye, mais, en 1611, il travaille pour l'église des dominicains de Bruges. À La Haye, il jouit du mécénat du stadhouder, le prince Maurice ; à partir de 1600, l'empereur Rodolphe II recherche ses œuvres. Il peignit surtout des Bouquets de fleurs (Rijksmuseum), dans le style de Bosschaert, et des animaux : le Cheval blanc, le Cheval noir avec un palefrenier (Rijksmuseum). Il est principalement connu pour ses dessins et ses gravures d'après Cornelis Van Haarlem, Bloemaert et Goltzius ; il illustra des livres, tel le Maniement des armes (La Haye, Bibl. royale), paru à La Haye en 1607 et orné d'une centaine de planches, commandé par le stadhouder. Dans ses admirables dessins : le Chêne mort (Rijksmuseum), les Trois Rois mages (Rotterdam, B. V. B.), un Paysage (1598, Louvre), Trois Cavaliers cuirassés (Paris, Inst. néerlandais), il oppose les ombres des premiers plans à la clarté des lointains, à l'aide d'un jeu de hachures qui révèle son métier de graveur. Son inspiration pleine de fantaisie et de passion, de goût maniériste, le fait parfois déboucher sur le fantastique et l'imaginaire (Trois Sorcières, 1604, Oxford, Ashmolean Museum), mais il n'en est pas moins un des artistes majeurs de la transition avec le XVIIe siècle.
Jacob III, fils du précédent (Haarlem v. 1596– La Haye [ ? ] 1644) , fut aussi graveur. Il partit jeune pour l'Italie. En 1616, il est à La Haye, puis voyage en Suède (1620), et revient dans cette ville, où il est mentionné en 1627. Il grava des sujets mythologiques, tels Hercule et la Fortune (1617) ou Laocoon (1619), influencés par le graveur italien Antonio Tempesta.
Ghezzi (Pier Leone)
Peintre et caricaturiste italien (Rome 1674 – id. 1755).
Formé par son père, Giuseppe, à l'Académie de Saint-Luc, il obtint dès 1695 un premier prix ; gendre de Maratta, il fut nommé peintre de la Chambre apostolique en 1714. Vers 1710-1715, il reçut diverses commandes de Clément XI pour les églises de Rome, dont la fresque du Martyre de saint Ignace d'Antioche au Colisée à S. Clemente, et il exécuta également quelques tableaux d'autel (Miracle de saint Paul, S. Maria in Via Lata ; Santa Giuliana Falconieri, S. Maria della Morte). Son chef-d'œuvre en ce domaine est sans doute le Cardinal Vincenzo Mario Orsini sauvé d'un tremblement de terre (v. 1728) à San Filippo de Metelica (Macerata). Dans la Mort de sainte Giuliana Falconieri (1737, Rome, G. N., Palazzo Barberini), le sujet sacré est traité comme une scène de genre. On lui doit aussi des tableaux mythologiques (Vénus et Énée, Glasgow, Art Gal.). Mais son domaine fut surtout celui du portrait, de la scène de genre et de la caricature, où il trace un tableau de la vie romaine au XVIIIe s. Si l'on ne conserve que peu de ses portraits peints (Offices ; Rome, Accad. di S. Luca) ou de ses scènes de genre (le Concile du Latran, 1725, Raleigh, North Carolina Museum of Art), on garde de nombreux témoignages de son activité de caricaturiste, tant à l'échelle monumentale, dans sa décoration à fresque de la Villa Falconieri à Frascati (1727), que dans ses innombrables dessins, auxquels il consacra tout son temps dans la seconde partie de sa carrière (Vatican ; British Museum ; Albertina ; cabinet des Estampes de Rome ; Offices ; caricatures des membres de l'Académie de France à Rome, 1747, Paris, B. N.).
Ghezzi, du fait de la multiplicité de ses activités (poète, musicien, archéologue, décorateur, graveur, peintre sur émail, décorateur de fêtes) et de son abandon progressif de la peinture pour la caricature, reste avant tout le chroniqueur de son temps, le premier caricaturiste professionnel.