Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Maella (Mariano Salvador)

Peintre espagnol (Valence 1739  – Madrid 1819).

Fils d'un modeste peintre valencien, il est à Madrid dès 1750 pour suivre les cours de l'Académie de San Fernando, à peine créée, et y obtient plusieurs prix. N'ayant pas réussi à partir pour l'Amérique, il se rend à Rome, en partie soutenu par l'Académie, et y copie les grandes œuvres du Baroque romain (1758-1765). De retour à Madrid, élu académicien, il commence, dans l'orbite de Mengs, une carrière d'honneurs. Peintre de la Chambre en 1774, directeur de la Peinture à l'Académie en 1794, directeur général en 1795, il est nommé premier peintre du roi en 1795, en même temps que Goya. Ayant servi Joseph Bonaparte, il fut écarté de la cour de Ferdinand VII.

   Abondante et inégale, son œuvre montre surtout une grande qualité dans les dessins et esquisses (nombreux au Prado, B.N. de Madrid, Valence), influencés par Giordano et Giaquinto (Allégories pour la Casita del Principe au Pardo, in situ, dessins au Prado). Nombreuses, ses grandes décorations pour les palais royaux attestent l'emprise progressive de l'académisme de Mengs : voûte de la Colegiata de la Granja (1772, esquisses au Prado), trois plafonds pour le Palais royal de Madrid, Casita del Labrador à Aranjuez. Destinée aux cathédrales d'Espagne et aux demeures royales, son œuvre religieuse est très abondante : Vie de sainte Léocadie, au cloître de la cathédrale de Tolède, 1775-76 ; Saint François Borgia à Grenade, pour la cathédrale de Valence ; Saint Ferdinand et saint Charles, à Cadix, église San Francisco, 1794 ; au couvent San Pascual d'Aranjuez, détruit en 1936, nombreuses Immaculées. Il fut également un portraitiste brillant, plein de vie : portraits de Charles III (1784, Palais royal de Madrid, première pensée au musée d'Agen) ; Famille de Charles IV (dessin, Prado), Don Froilán de Braganza et la petite Infante Carlota Joaquina (Prado).

   Auteur de quelques paysages de ports (Prado) et de peintures de bataille (Bataille d'Aljubarrota, Prado), il laissa de nombreux dessins destinés à illustrer des ouvrages, gravés par les meilleurs artistes du temps.

Maes (Nicolaes)

Peintre hollandais (Dordrecht  1634  – Amsterdam  1693).

Élève de Rembrandt v. 1648 à Amsterdam, il demeure à Dordrecht de 1654 (date de son mariage) à 1673, puis de nouveau à Amsterdam, où il trouve plus facilement des commandes. Entre 1660 et 1665, il séjourne à Anvers, où il rend visite à Jordaens et subit l'influence de Rubens et de Van Dyck.

   Sa meilleure période reste celle des premières années, quand il exploite avec originalité et largeur la leçon de Rembrandt ; on ne peut préciser la date de son entrée dans l'atelier du maître, bien que cette activité doive se situer v. 1648-1650. Des tableaux religieux au clair-obscur puissant et au chaud coloris comme le Christ bénissant les enfants (Londres, N. G.), longtemps attribué à Rembrandt, comme l'ont été tant de dessins du jeune et précoce artiste, et l'Adoration des bergers (1653, musée de Montréal) accusent très nettement l'influence de Rembrandt. Bien vite, Maes trouve sa voie en se spécialisant dans la peinture de genre, où il utilise avec bonheur le style commun à tant d'élèves de Rembrandt : emploi de beaux rouges, matière assez lourde, lumière forte et simplificatrice éclairant vivement certaines parties du fond, goût du calme et du silence. Sur le plan psychologique, Maes s'inspire de la tendresse humaine propre à la période 1650-1660 de Rembrandt, sans éviter finalement l'écueil d'un sentimentalisme complaisant. Des années passées à Dordrecht datent la plupart des sujets qui firent sa célébrité, Fileuse (2 exemples du Rijksmuseum), Vieille Femme en prière, dite le Bénédicité (Louvre), Jeune Fille à la fenêtre (Rijksmuseum), de touchantes scènes de la vie familiale, l'Enfant veillant sur le berceau (Londres, N. G.), l'Éplucheuse de légumes (1655, id.) ou ce chef-d'œuvre qu'est le Bonheur de l'enfant, aujourd'hui à Toledo (Ohio, Museum of Art). Il faut signaler en particulier des toiles comme la Junon (1657, anc. coll. Six), la Servante paresseuse (Londres, N. G.), la Servante curieuse (1656, Londres, Wallace Coll.), l'Écouteuse (musée de Dordrecht), qui témoignent d'un goût remarquable pour les intérieurs calmes et les perspectives, et qui révèlent de nettes affinités avec le milieu de Delft : il est vraisemblable que Maes a connu les artistes de cette ville, et sans doute Carel Fabritius. Les mêmes qualités se remarquent dans certains portraits de ces années, comme le Jacob de Witt (1657) du musée de Dordrecht et ce mystérieux Homme au chapeau de Bruxelles (M. R. B. A.), tour à tour attribué à Rembrandt, à Vermeer, à Victors, à Drost et à Fabritius.

   Nicolaes Maes devait se consacrer, à partir de 1656, de plus en plus au portrait, surtout après son installation à Amsterdam en 1673, dans une manière mondaine et recherchée qui diffère radicalement de la première. Des influences flamandes (Van Dyck), à la suite d'un séjour à Anvers v. 1660, et françaises s'y décèlent aisément et participent de la même évolution, baroque, théâtrale et aristocratique, qui caractérise Netscher, Mieris, Helst, Tengel dans le portrait, Kalf, Beyeren ou Weenix dans la nature morte, Lairesse ou Carel de Moor dans la peinture d'histoire. Les fonds de ses tableaux sont animés de draperies agitées ou s'ouvrent sur des paysages de rêve ; les personnages posent avec ostentation ; la lumière plus précise et froide insiste sur les plis des vêtements et des cheveux : des tons précieux, mauve notamment, orange, brun grenat, sont choisis avec prédilection. L'abondance des commandes faites à l'artiste explique que de telles effigies d'une facture minutieuse et fignolée se rencontrent fréquemment dans les musées ; pour ne citer que la France, signalons ceux de Nancy, de Toulouse, de Bordeaux (Portrait de femme, daté de 1680), de Rennes, de Soissons, du Louvre (coll. de Croÿ), ainsi que celui de Lille.

maestà

Terme italien désignant un tableau représentant la Vierge en majesté, entourée d'anges et portant l'Enfant. Le thème iconographique de la Vierge en majesté, très apprécié au XIIIe s., fut traité de nombreuses fois par les peintres de cette époque ; parmi les plus célèbres, citons la Maestà du Maître de San Martino (XIIIe s., M. N. de Pise), les Maestà de Cimabue (Louvre ; Offices ; Assise, S. Francesco), la Madone d'Ognissanti de Giotto (Offices), la Madone Rucellai de Duccio (id.) et enfin celle que le même artiste a exécutée pour le dôme de Sienne, terminée en 1311 (Opera del Duomo), qui inspira celle que Simone Martini peignit à fresque au Palais public de Sienne.