Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Maître d'Arguis

Peintre espagnol (actif en Aragon dans la première moitié du XVe s.).

L'origine du Retable de saint Michel (Prado), qui ornait le maître-autel de l'église d'Arguis, a donné son nom à ce maître, auquel on a attribué 2 autres retables, dédiés à sainte Anne et exécutés également dans la région de Huesca ; l'un de ces retables se trouve dans la collection Junyer de Barcelone et l'autre, un petit triptyque plus archaïque, à la collégiale d'Alquezar. Ces œuvres témoignent d'une profonde connaissance du milieu artistique catalan, influencé par l'art franco-italien. Si le rythme dansant des figures et l'élégance des costumes, aux coloris éclatants, rappellent les compositions de Borrassá et de Juan Mates, la raideur des silhouettes et la verve presque caricaturale des visages sont d'un accent typiquement aragonais. Le Maître est, après Juan de Leví et Bonanat Zaortigat, l'un des représentants les plus curieux de la version aragonaise du style Gothique international.

Maître d'Ávila

Peintre espagnol (actif en Castille dans la seconde moitié du XVe s.).

Parmi les artistes qui ont travaillé dans le sillage de Gallego, le Maître d'Ávila tient une place importante par le nombre des retables qui lui sont attribués. En reprenant certains thèmes flamands, il tend à accentuer l'expression réaliste des personnages par un jeu de lumière qui accuse fortement les traits et traduit une intense vie intérieure. Sans reprendre les expressions caricaturales de Gallego, ses personnages au canon plus court présentent un visage plus large avec des pommettes saillantes ; il affectionne, enfin, les larges nimbes cernés de noir. Les 3 Scènes de la vie de la Vierge (Barco de Ávila) exécutées v. 1470, l'Épiphanie (Toledo, Ohio, Museum of Art) et le retable de Saint-Vincent d'Ávila sont à cet égard très caractéristiques. Le triptyque de la Nativité (Madrid, musée Lázaro Galdiano) provenant d'un couvent d'Ávila témoigne de recherches plus idéalisées et sereines. Le Maître d'Ávila eut de nombreux disciples : le Maître de Geria, le Maître de Garofani et celui que J. Gudiol baptise le " Premier Maître d'Ávila ". Leur collaboration peut être notée dans le Retable de saint Pierre et le Retable de Notre-Dame-des-Grâces (cathédrale d'Ávila), ainsi que dans celui de Saint-Martin de Bonilla, où l'on discerne une tension expressionniste qui tend vers la crispation des attitudes. Tormo avait proposé d'identifier le Maître d'Ávila avec un certain Garcia del Barco, peintre connu à Ávila entre 1465 et 1476..

Maître de 1342

Peintre espagnol (actif en Roussillon, milieu du XIVe s.).

Il est l'auteur d'un Retable de la Vierge, daté de 1342, dans l'église de Serdinya (Pyrénées-Orientales). Son style est très pénétré de l'art gothique linéaire et plus particulièrement du graphisme des miniatures parisiennes du temps de Maître Honoré. Un Crucifix peint à l'ermitage de la Trinité peut également lui être attribué.

Maître de 1419

Peintre italien (actif à Florence au début du XVe s.).

Il est ainsi nommé à cause de la date que porte une Madone (musée de Cleveland ; centre d'un triptyque peint pour S. Maria a Latera, dont les deux panneaux latéraux appartiennent à des coll. part.) qui le désigne comme l'un des meilleurs adeptes florentins du Gothique international, dans le sillage de Lorenzo Monaco. Le Triptyque de saint Julien, au musée de San Gimignano, montre qu'il est déjà conscient des nouveautés apportées par Masolino

Maître de Badia a Isola

Peintre italien (actif à Sienne à la fin du XIIIe s.).

Il est l'auteur de la Maestà de San Salvatore à Badia a Isola (près de Colle di Val d'Elsa), qui fut attribuée par certains historiens à la jeunesse de Duccio. La critique y reconnaît aujourd'hui l'œuvre d'un artiste anonyme qui fut l'un des premiers suiveurs du chef de l'école siennoise et s'inspira des œuvres de ce dernier, postérieures à 1285, tout en témoignant d'une certaine connaissance du plasticisme de Giotto. On attribue au Maître notamment une Maestà avec quatre anges (Venise, Fond. Cini) et une Madone à l'Enfant au musée archiépiscopal d'Utrecht.

Maître de Becerril

Peintre espagnol (actif dans la première moitié du XVIe s.).

Parmi les artistes qui ont travaillé, dans le sillage de Pedro Berruguete, pour les églises de la " Tierra de Campos " se détache un peintre à qui l'historien D. Angulo croit pouvoir donner le nom de Juan Gonzalez Becerril, gendre de Pedro Berruguete. Il exécuta pour l'église de l'Assomption de Ventosa de la Cuesta 2 autres polyptyques, l'un consacré à Saint Michel et l'autre à la Vierge. Plusieurs tableaux isolés lui ont été également attribués : Saint Roques, l'ange et le martyre de saint Érasme (musée de Burgos), Sainte Barbe (Prado), Sainte Apollonie (Madrid, coll. Almerana) et Quatre Prophètes (Madrid, coll. Adanero). Parfaitement au courant des nouveautés italo-flamandes, et restant dans l'étroite dépendance du style de Pedro Berruguete, le Maître de Becerril appartient à la première génération de la Renaissance en Castille, sans qu'y paraisse encore le reflet du maniérisme élégant et mouvementé d'Alonso Berruguete.

Maître de Bedford
ou Maître du Duc de Bedford

Enlumineur français (Paris, actif dans la première moitié du XVe s.).

Cet artiste anonyme a peint ses 2 œuvres principales entre 1423 et 1435, pour le duc de Bedford, régent de France, et sa femme (Bréviaire de Salisbury, Paris, B. N. ; Heures, British Library). Au début de sa carrière, v. 1405-1415 (Bréviaire, bibl. de Châteauroux ; Livre des merveilles, Paris, B. N.), il travaille souvent en collaboration avec d'autres enlumineurs, comme le Maître de Boucicaut ou le Maître de Rohan. Puis il devient le chef d'un atelier très achalandé ; ses œuvres de maturité (Bréviaire et Heures de Bedford, Heures Sobieski, Windsor Castle ; Heures, Vienne, B. N. ; Heures, Lisbonne, Fond. Gulbenkian), luxueuses et touffues, révèlent un peintre moins curieux d'inventions techniques que de pittoresque narratif : il peuple ses compositions de nombreux petits personnages et y englobe souvent plusieurs épisodes ; il se sert des marges pour compléter son récit dans des médaillons qui commentent le sujet central ou en développent les épisodes annexes. C'est un technicien de talent, passé maître dans l'emploi de la couleur. Son atelier, le plus important de ceux qui restèrent en activité dans le second quart du XVe s., a dû jouer un rôle, mal éclairci, dans la formation des peintres de la génération de Fouquet.