Schiavone (Andrija Medulić, dit)
Peintre italien d'origine croate (Zadar début du XVIe s. – Venise 1563).
L'identité de l'artiste, cité par les sources sous le nom d'" Andrea Sclabonus dictus Meldulas ", et par suite sa chronologie présentent de nombreux problèmes : l'incertitude plane même sur sa date de naissance, car l'an 1522, indiqué par Ridolfi (1648), soulève des objections, et les spécialistes préfèrent la faire remonter à la première décennie du siècle. La première date certaine le concernant est 1542, année où Vasari lui confie la commande d'une Bataille pour Ottavio de'Medici ; mais il devait avoir déjà commencé son apprentissage artistique depuis quelques années, se partageant entre l'étude et la traduction des estampes de Parmesan, qui circulèrent à partir de 1530. Cette activité graphique est importante, car, grâce à l'interprétation souple et décorative de Schiavone, la culture émilienne et les élégances raffinées de Parmesan pénétrèrent dans l'ambiance vénitienne, où elles précisèrent l'imminence de la crise maniériste et où elles devinrent aussi un facteur stimulant pour Tintoret et Véronèse comme pour Jacopo Bassano et Vittoria. Les nombreuses Crèches et les Saintes Familles, le Moïse et le buisson ardent, l'Enlèvement d'Hélène, de 1547 (tous catalogués par Bartsch), montrent que, si Schiavone avait adopté avec enthousiasme le langage de Parmesan, il l'avait assimilé et restitué avec une singularité capricieuse et poétique, dissolvant le contenu formel dans un tonalisme rompu, des recherches chromatiques qui impliquent une expérience de Bonifacio de' Pitati et de Titien. Cet expressionnisme rapide et pétillant trouve dans les sujets historiques et mythologiques des panneaux de " cassoni " (plusieurs au K. M. de Vienne et à Hampton Court) une application pratique et commerciale qui explique l'originalité de ce goût. Il s'agit de scènes décrites avec facilité et brio, de légendes païennes situées dans des paysages chatoyants résultant d'une pâte colorée tantôt grumeleuse, tantôt fluide et étirée. L'influence de Parmesan est parfois évidente quand les formes, tout en se dissolvant dans un pigment liquide, conservent le rythme et la fluidité souple des contours ; au contraire, dans des œuvres telles l'Adoration des bergers (Vienne, K. M.), les surfaces s'amenuisent jusqu'à se désagréger dans la lumière virevoltante. La même touche effilochée que l'Arétin commente dans une lettre trace sur les panneaux (Annonciation, Adoration des bergers, Présentation au Temple) de la tribune de l'église S. Maria del Carmine (Venise) un discours fantastique où les formes, se déchiquetant légèrement en lueurs phosphorescentes, inaugurent un mode d'expression que Tintoret rendra dramatique. On retrouve le thème de l'Annonciation, mais à une échelle monumentale, dans les volets d'orgues exécutés pour l'église S. Pietro (Belluno), denses de vapeurs nocturnes dans l'atmosphère chaude et mystérieuse que rompent des coups de pinceau impressionnistes (quatre panneaux représentant La Vierge, l'Ange, saint Pierre, saint Paul, datés entre 1558 et 1562). Après 1550, l'imitation de Titien, plus conceptuelle que substantielle, puisque la matière picturale garde son aspect rompu et coulant — annonçant si l'on veut l'ultime manière de Titien —, se révèle dans la plénitude dramatique du Christ devant Hérode (Naples, Capodimonte). Les plaques de lumière qui, dans un paysage dense et granuleux, édifient les rythmes souples des figures du Jugement de Midas (Hampton Court) sont plutôt dans le goût de Tintoret. Entre 1556 et 1557, Schiavone exécute les tondi à sujets allégoriques pour le plafond de la Biblioteca Marciana de Venise et deux Prophètes imposants dans des niches. L'Adoration des mages (Milan, Ambrosienne) est le chef-d'œuvre du maître dalmate, qui y déploie les effets les plus prestigieux du Maniérisme : les formes inconsistantes, serpentines, aux proportions irréelles se déroulent prestement et flamboient, personnages et étoffes, chevaux frémissants et colonnes torses, dans le scintillement des verts émeraude et des rouges violacés, des blancs éblouissants et des roses pâles.
Schiavone (Giorgio Gregorio di Tomaso Chiulinovitch, dit lo)
Peintre italien (Scardona, Dalmatie, v. 1434 – Sebenico 1504).
Ce Dalmate, ou " esclavon ", est le disciple le plus proche de Squarcione, dont il suit le style sur un mode plus subtil. On ignore tout de ses débuts et c'est surtout son séjour à Padoue et sa participation au mouvement squarcionesque qui ont été retenus. Les Saints (volets d'un triptyque, dont le centre, une Madone, est à Berlin) du dôme, puissamment modelés comme des sculptures, contrastent avec le délicat paysage du fond ; l'artiste respecte les lois de la composition des Florentins, mêlant à des archaïsmes gothicisants complaisamment accentués les nouveautés toscanes. Des liens évidents l'unissent à Crivelli et à Marco Zoppo, avec qui il partage l'influence de Mantegna. La Vierge à l'Enfant de la Gal. Sabauda de Turin comme celle de la W. A. G. de Baltimore sont typiques du goût de ces artistes pour les lourds encadrements, abondamment moulurés, coupés de guirlandes, pour les coraux, les découpes du métal et un expressionnisme raffiné. Une Madone à l'Enfant avec deux saints du musée Jacquemart-André à Paris (qui conserve également de lui un Portrait d'homme de profil) et un Polyptyque à la N. G. de Londres en témoignent également. En 1462, Schiavone retournait en Dalmatie. Après un deuxième séjour à Padoue (1474), il revint en Dalmatie. On sait peu de chose sur la dernière période de son activité.
Schick (Gottlieb)
Peintre allemand (Stuttgart 1776 – id. 1812).
De 1787 à 1794, Schick poursuit des études à la Karlsschule de Stuttgart ; à partir de 1795, il travaille dans l'atelier de Hetsch, puis, dès 1797, dans celui de Dannecker. De 1798 à 1802, il approfondira sa formation classique dans l'atelier de David à Paris, aux côtés d'Ingres. Il rencontrera Mme de Staël et Mme Récanier chez Humboldt. Après un court séjour à Stuttgart en 1802, il part pour Rome. Le style de ses tableaux d'histoire et de ses portraits évolue dans le sens d'un héroïsme plus pittoresque et bourgeois, dans l'esprit de Carstens que Koch lui a transmis. Lui-même influencera Koch par sa nouvelle technique des glacis colorés, qu'il a apprise auprès de l'Américain W. Allston, élève de Benjamin West. En 1811, il revient à Stuttgart. Il est l'auteur de tableaux d'histoire et de paysages dans lesquels il introduit des figures mythologiques : son Apollon parmi les bergers (1806-1808, Stuttgart, Staatsgal. ; esquisse au musée de Weimar) est le plus célèbre dans ce genre. Il a également exécuté des portraits, dont le plus remarquable est celui de Madame Dannecker (1802, musées de Berlin). Il a aussi fait ceux de Humboldt et de beaucoup de ses relations à Rome, mais ce fils de tailleur et cabaretier ne se sentira jamais à l'aise dans le milieu artistique allemand, cultivé et raffiné. Il est représenté au W. R. M. de Cologne (Ève, 1800) et surtout à la Staatsgal. de Stuttgart (David et Saül, 1802 ; Sacrifice de Noé, 1805). Une exposition a été consacrée à Schik à la Staatsgal. de Stuttgart en 1976.