Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
B

Baumann (Jan)
ou Johann Boumann

Peintre alsacien (Strasbourg v.  1602  – apr.  1653).

Il s'établit à Amsterdam en 1622 et s'y maria. Sa dernière œuvre est datée de 1653. Ses natures mortes, d'époque hollandaise, révèlent un souci assez français de la mise en page et, dans sa dernière période, la marque d'un certain Caravagisme. Il est représenté au musée de l'Œuvre-Notre-Dame de Strasbourg.

Baumeister (Willi)

Peintre allemand (Stuttgart  1889  – id.  1955).

Pionnier de l'Abstraction, il fut à partir de 1909 l'élève d'Adolf Hölzel à l'Académie des beaux-arts de Stuttgart. Deux voyages à Paris (1912, 1914) lui révèlent Toulouse-Lautrec, Gauguin, puis les impressionnistes et Cézanne, à qui il se référera toute sa vie. Dès 1919 apparaît la série des Mauerbilder (" tableaux-murs "), peintures abstraites composées de formes géométriques disposées dans un espace plat et qui sont proches du Néo-Plasticisme du groupe De Stijl (Mauerbild mit Metallen, 1923, Düsseldorf, K. N. W.). L'Abstraction de Baumeister reste liée à une définition cubiste de l'espace qui considère le dynamisme des plans comme l'expression du principe fondamental de l'univers. À partir de 1922, l'artiste entre en contact avec Léger et Le Corbusier, puis avec le groupe Abstraction-Création après 1932 et réalise ses séries de " Peintres ", " Machines ", " Athlètes " (Joueur de tennis, 1935, Essen, Museum Folkwang). Professeur aux Beaux-Arts de Francfort en 1928, condamné en 1933 comme " peintre dégénéré ", il poursuivra dès lors une recherche solitaire, où la figure humaine, qu'il n'avait jamais abandonnée, prendra une dimension magique sous la forme de l'idéogramme (Idéogramme coloré I, 1938, Wuppertal, coll. Rasch). Après la guerre, il devint l'une des figures majeures de l'art allemand : il reprendra les thèmes d'expériences antérieures en approfondissant la question des relations de matières et de formes, et en cherchant à donner au signe la texture la plus puissante en même temps que la plus grande clarté stylistique (1953-54 : séries des " Montaru ", à dominante noire [Montaru III, 1953, musée de Mannheim], et des " Monturi ", à dominante blanche). En 1947, il fait paraître la somme de ses réflexions sur l'art dans un livre intitulé Das Unbekannte in der Kunst (l'Inconnu dans l'art). L'artiste est représenté dans la plupart des musées allemands (Eidos V, 1939, Munich Neue Staatsgal.), de Paris (Jour heureux, 1947, M. N. A. M.) au musée de Grenoble, ainsi qu'à Stuttgart, où une partie importante de son œuvre se trouve à la Staatsgalerie et dans une fondation qui porte son nom. En 1989, les musées de Berlin (Nationalgalerie), de Stuttgart (Staatsgalerie) lui ont consacré d'importantes rétrospectives et ses dessins ont été présentés (Dresde, Albertinum) en 1996.

Baumgartner (Johann Wolfgang)

Peintre et graveur allemand (Kufstein, Tyrol, 1712  – Augsbourg  1761).

Il apprit la peinture sur verre chez un maître inconnu à Salzbourg. Après plusieurs années de voyages en Italie, Autriche, Hongrie, Styrie et Bohême, il s'installa en 1733 à Augsbourg où il reçut probablement une formation complémentaire à l'Académie, auprès de Bergmüller. Devenu bourgeois de cette ville, grâce à la protection des graveurs Engelbrecht et Kilian, il fut autorisé, après réception d'un chef-d'œuvre, à peindre des fresques et des tableaux. Le goût décoratif caractérise l'art rococo d'Augsbourg, dont Baumgartner est l'un des meilleurs représentants avec Gottfried Bernhard Götz. Le vocabulaire ornemental rocaille, se mêlant avec fantaisie à toutes les espèces figuratives, et le goût inné pour les combinaisons élégantes de courbes et de contre-courbes dominent tout l'œuvre de l'artiste. Dans la fresque de l'église de Bergen, en Bavière, représentant l'Invention de la Croix (1756-1759), l'ordonnance des trois croix qui régissent la composition s'oppose aux figures disposées selon un parti curviligne. Le coloris acide et éclatant, qui passe avec subtilité par plusieurs tonalités sur un même drapé, et la préciosité des attitudes caractérisent sa série d'esquisses à sujets religieux destinées à la gravure (musée de Karlsruhe ; Stuttgart, Staatsgal. ; Salzbourg, coll. Rossacher). Les musées de Karlsruhe, de Stuttgart et d'Augsbourg conservent des esquisses de l'artiste consacrées à des scènes de la vie des saints destinées à illustrer un calendrier. Le Musée national de Bavière possède une suite d'esquisses, peintes sur toile ou sur papier, dont une série sur l'Histoire d'Abraham, qui fut gravée par J. P. Koch.

Baur (Johann Wilhelm)

Miniaturiste et graveur allemand (Strasbourg v.  1600  – Vienne  1640).

Après avoir étudié à Strasbourg, chez le graveur et miniaturiste Brentel, il voyagea en Italie de 1631 à 1637, travaillant d'abord à Naples, puis, à partir de 1634, à Rome ; comme dessinateur et graveur, son inspiration s'apparente à l'art de Callot et de Stefano della Bella, mais sa technique se ressent de sa formation de miniaturiste. Il réalisa une série de gravures pour le De Bello Belgico de Strada, qui parut à Rome en 1640. En 1637, Ferdinand III, qui appréciait ses miniatures sur parchemin, l'appela à Vienne et le nomma peintre de la Cour. C'est là qu'il exécuta sa suite d'illustrations (151 gravures) pour les Métamorphoses d'Ovide, où de nombreux artistes viendront puiser sujets et motifs. L'Iconographia (148 pièces, sujets religieux, paysages et ports de mer) fut gravée et publiée en 1670 par Melchior Küssel à Augsbourg. Son œuvre dessiné, y compris les miniatures, resta très recherché jusque dans le courant du XVIIIe s. Le Louvre (département des Arts graphiques) possède, venant de la collection de Mazarin, une série de miniatures sur vélin comportant d'étonnants paysages et, dans un exceptionnel format panoramique, les Cortèges d'un pape et d'un sultan (1634). Quant à sa peinture, qu'il aurait souvent reproduit lui-même, aucune œuvre aujourd'hui ne peut lui être attribuée de façon sûre.

Bayer (Herbert)

Peintre, typographe et architecte autrichien (Haag, Haute-Autriche,  1900  – Santa Barbara  1985).

Après avoir reçu sa première formation à Linz, il étudia, de 1921 à 1923, au Bauhaus de Weimar. De 1925 à 1928, il fut professeur au Bauhaus de Dessau, où il enseigna la typographie et l'art de l'affiche. Il va particulièrement porter l'accent sur le dessin des lettres et la mise en page, toujours fondée sur la dissymétrie et les formes simples. L'affiche réalisée en 1926 Kandinsky, Jubiläums-Ausstellung constitue l'un des chefs-d'œuvre de la typographie moderne par sa composition claire et dynamique. En tant que " designer ", il a conçu de nombreux espaces d'exposition, en particulier celui de l'exposition du Bauhaus au Museum of Modern Art de New York en 1938. À la fin des années 20, son style a évolué et ses affiches ont davantage fait appel à l'univers des formes figuratives marquées par le Surréalisme, ce dont témoignent aussi ses collages et ses photomontages. Il émigra aux États-Unis en 1938 et se fixa en 1946 à Aspen (Colorado), où il resta jusqu'à sa mort. Hebert Bayer a exécuté des décorations murales pour l'université Harvard construite par Walter Gropuis (1950). Comme architecte, il a notamment réalisé les bâtiments de la communauté d'Aspen. En tant que peintre, il a eu recours à plusieurs styles, y compris au Surréalisme, avant de rester fidèle à l'Abstraction géométrique. De nombreuses expositions lui ont été consacrées en Europe et en Amérique. Il est représenté principalement dans les musées américains.