Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Maclise (Daniel)

Peintre irlandais (Cork 1806  Londres 1870).

Daniel Maclise se forma au Cork Institute, qui possédait une magnifique collection de moulages d'après l'antique. Il commença sa carrière à Cork en faisant des portraits au crayon et attira spécialement sur lui l'attention grâce à un petit croquis de sir Walter Scott, au cours du séjour de l'écrivain à Cork en 1825. Il put se rendre à Londres, où il entra à l'école de la Royal Academy en 1828. Il continua dans la capitale son activité de portraitiste, et sa séduisante effigie de Charles Dickens (Londres, N. P. G.) fut exposée à la Royal Academy en 1840. Il évoluait cependant vers une peinture narrative, choisissant des sujets tirés de la littérature, la vie contemporaine, l'histoire et la légende. Il devint ainsi le peintre d'histoire le plus en vue du milieu de la période victorienne (A. R. A. en 1836, R. A. en 1840). En 1844, il fut l'un des 6 artistes appelés à décorer le Parlement de Westminster : il acheva en 1859 la Rencontre de Wellington et de Blücher, et la Mort de Nelson en 1864. D'une manière générale, les sujets de Maclise sont fort littéraires, et ses compositions chargées. Son dessin est soigné et académique, sa peinture finie, léchée, et ne sacrifie aucun détail. Quelques-uns de ses tableaux revêtent une certaine vigueur et une chaleur communicative, mais, dans d'autres (le Mariage d'Aoife et de Strongbow, Dublin, N. G.), la profusion des détails a excédé son talent et la composition est pesante. La réputation de Maclise, forte de son vivant, n'a cessé de décliner depuis les attaques de Ruskin et des préraphaélites.

Macrino d'Alba (Giovanni Giacomo de Alladio, dit)

Peintre italien (documenté en Piémont de 1495 à 1513).

Sa formation résulte de multiples voyages et d'un éclectisme qui englobe les cultures toscane, ombrienne et romaine ; mais l'artiste participe surtout du courant pictural suscité par Bramante, entre Milan et Pavie.

   Le triptyque avec la Madone, quatre saints et deux donateurs, daté de 1494 (autref. au Memorial Hall de Philadelphie et auj. au Museo Civico de Turin), s'impose par le caractère puissant conféré au portrait des personnages, qui se retrouve ensuite dans les Saints du polyptyque de la chartreuse de Pavie (1496) et dans la " pala " (Madone sur un trône de nuages avec quatre saints) de la chartreuse d'Asti (1498 ; auj. à Turin, Gal. Sabauda), ainsi que dans le Chevalier de Malte (1499, New York, Pierpont Morgan Library). Le triptyque de 1499 (autref. à Lucedio, auj. à l'évêché de Tortona), la " pala " (Madone avec deux saints et deux donateurs, 1501) conservée au Municipio (Palais municipal) d'Albe, celles de la gal. Capitoline à Rome (Madone et deux saints) et du sanctuaire de Crea (près d'Alexandrie, Madone et quatre saints, 1503), la Nativité avec quatre saints (1505, New York, Historical Society), la Nativité de 1508 à S. Giovanni d'Albe, le Mariage mystique de sainte Catherine avec cinq saints, l'église de Neviglie démontrent l'intelligente évolution du peintre dans le sens de la Renaissance.

Madí (groupe)

Le groupe Madí est né de la rencontre à Buenos Aires des artistes Carmelo Arden Quin, originaire de l'Uruguay, où il a été l'élève de Joaquin Torres-Garcia, Gyula Kosice, Carlos Maria (Rhod) Rothfuss, et du poète Edgar Bayley. Ils publient en 1944 la revue Arturo, à laquelle succède, un an plus tard, la revue Invención. Ils y exposent les bases de leur art, qui sera abstrait et géométrique, matérialiste et dialectique. En peinture, l'artiste aura recours à la couleur pure, à des formes simples et absolument planes, ainsi qu'au cadre irrégulier, structuré en fonction de la composition picturale. En sculpture, il recherchera le mouvement réel par l'articulation de la structure. De plus jeunes artistes, acquis aux mêmes principes, rejoignent bientôt ce noyau dur : Tomás Maldonado, Gregorio Vardanega, Enio Iommi, Lidy Prati... Maldonado, qui a pris connaissance de la revue Art Concret, éditée à Paris en 1930 par Théo Van Doesburg, propose de joindre au vocable invención celui de concreto. La première soirée du groupe Arte Concreto-Invención a ainsi lieu le 8 octobre 1945 : des tableaux découpés et des sculptures mobiles y sont présentés, ainsi que les premiers " coplanals " de Rothfuss et d'Arden Quin, reliefs de formes géométriques situées dans le même plan et reliées par une structure articulée. Le groupe commence à se scinder dès l'année suivante : Maldonado crée l'Association Arte Concreto-Invención et publie la revue Arte Concreto, tandis qu'Arden Quin, Kosice et Rothfuss organisent les premières manifestations du groupe Madí (août 1946), dont le nom est formé sur la contraction de matérialisme dialectique. Ils déclarent : " Madí apparaît pour fonder un mouvement universel d'art qui soit la correspondance esthétique de notre civilisation industrielle et de notre pensée dialectique contemporaine. " Ils veulent " créer un art d'esprit mathématicien, froid, dynamique, cérébral, dialectique ". En 1948, le groupe Madí occupe une salle au Salon des Réalités Nouvelles à Paris. À compter de cette date, l'histoire de Madí se déroule à la fois en Argentine, autour de Kosice, Rothfuss et Maldonado, et en France, où Arden Quin s'installe en octobre 1948, reformant un groupe Madí avec Juan Melé et Vardanega. C'est sous cette étiquette que la galerie Colette Allendy expose leurs œuvres en 1950, avec celles du Français Desserprit. L'exposition, complétée par les peintures de Georges Koskas et les mobiles de Chaloub et de Guy Lerein, passe ensuite dans la salle Espace des Réalité Nouvelles, organisée par Felix Del Marle. Au même endroit, en 1953, le groupe Madí expose encore des tableaux découpés (Arden Quin, Pierre Alexandre, Eric Leenhardt, Luis Guevara, Guy Lerein, Wolf Roitman), des mobiles (Arden Quin, Leenhardt, Ruben Nuñez) et des tableaux à vibration optique (Guevara, Nuñez). Le groupe Madí s'inscrit ainsi dans la continuité du constructivisme d'avant-guerre tout en anticipant, par l'inventivité et la grande originalité de ses créations, sur les tendances de l'art optique et cinétique. De nombreux artistes se réclament aujourd'hui encore du groupe Madí, des deux côtés de l'Atlantique.