Rotari (Pietro)
Peintre italien (Vérone 1707 – Saint-Pétersbourg 1762).
Rotari est l'élève, à Vérone, d'un graveur nordique, Van Auden-Aerdt, et d'Antonio Balestra. Il se déplace ensuite à Venise (1725-1727), à Rome, où il est l'élève de Francesco Trevisani (dont il grave la collection de peintures et d'antiques) entre 1727 et 1731, et à Naples, auprès de F. Solimena. En 1735, il rentre à Vérone où il ouvre sa propre académie. Des peintures religieuses et une peinture mythologique remontent aux années passées à Vérone (Saint François Borgia, Vérone, Castelvecchio, Sacrifice d'Iphigénie dans le palais Paletta à Vérone).
Rotari se rend ensuite à Vienne, où il put prendre connaissance de la peinture de Liotard, et à Dresde, où il peint les portraits de la famille de l'Électeur de Saxe. C'est là qu'il met au point le genre qui deviendra sa spécialité : des portraits de jeunes femmes en buste, répondant à un goût largement diffusé à l'époque. En 1756, il se fixe à Saint-Pétersbourg : vingt-deux portraits destinés au pavillon chinois d'Oranjenbaum, toujours en place ; autres séries décorant d'autres palais impériaux ou princiers, tel celui de Tsarskoie Selo, aujourd'hui détruites ou démembrées.
Rotella (Mimmo)
Peintre italien (Catanzaro, Calabre, 1918-Milan 2006).
Ses débuts à Rome sont liés à des expériences abstraites. Après un séjour à l'université de Kansas City (1951), Rotella partage actuellement son activité entre Rome et Paris. Si ses rapports avec le Nouveau Réalisme parisien ne remontent qu'à 1960, il compose ses premières " affiches lacérées " dès 1953, où il reprend la technique du collage dans le cadre de nouvelles recherches de matière, qui sont directement issues de la peinture " informelle ". L'adaptation de matériaux tirés directement du " paysage urbain ", telles les " affiches déchirées " qui recouvrent les murs, renoue en fait avec la " poétique du mur " et la valorisation d'éléments bruts et incongrus, qui fut un des aspects de l'art informel. Cependant, à partir de 1958, Rotella valorise de plus en plus les détails figuratifs empruntés aux affiches de cinéma et aux publicités, limitant progressivement l'intervention de l'artiste sur la matière. Plus proche de la réalité iconographique de l'image contemporaine, cette tendance est bien marquée dans les affiches de cinéma (Europa di Notte, 1961, Vienne, Museum Moderner Kunst ; La Dolce Vita ; Cinémascope, 1962, Cologne, Museum Ludwig) présentées en 1962 à Paris, galerie J. à l'exposition Cinecittà. À partir de 1960, Rotella commence à participer aux manifestations des Nouveaux Réalistes et réalise, en 1961, des assemblages d'objets divers (Tapezzeria Romana, en passementerie), ainsi que la " rotellisation " de ceux-ci (Petit Monument à Rotella, bidon d'huile de graissage, 1961). L'intérêt de Rotella pour l'image se fixe en 1963 avec l'utilisation de moyens mécaniques (mec-art) de reports d'images photographiques sur toile émulsionnée. Rotella reporte ainsi certains décollages, puis des images tirées de journaux ou de magazines à thèmes d'actualité ou publicitaires ; il expose en 1964 des photos du Concile (Vatican IV), en 1966, des voitures de course (l'Automobile et reportages), des portraits de César, Restany, Fontana, etc., en 1969 (Ritratti). En 1965, l'artiste crée des Artypos, marouflages sur toile de " macules ", feuilles utilisées pour le réglage des machines d'imprimerie et surchargées d'images et de couleurs superposées. La publication, en 1972, d'Autorotella, autobiographie à thème érotique, préfigure les œuvres en report photos à base de nus féminins semi-habillés que l'artiste présente en 1973 (Erotellique). En 1981, Rotella expose une nouvelle série, les " Blanks ", affiches recouvertes d'un papier monochrome généralement blanc ou bleu. En 1984, il revient à l'usage de la peinture avec des acryliques sur toile d'après des affiches de cinéma, puis, en 1986, des peintures sur des affiches de cinéma et, en 1987, des peintures exécutées sur des fonds de toiles recouverts d'affiches lacérées au préalable (Biopsia, 1987). Des expositions rétrospectives ont été consacrées à l'artiste en 1975 à Milan (Rotonda della Besana) et en 1978 à Portofino (G. A. M.) Son œuvre est représentée dans de nombreux musées en France (Paris, M. N. A. M., Marseille ; musée Cantini, Nîmes) et à l'étranger : Amsterdam, Stedelijk Museum ; Cologne, musée Ludwig ; Krefeld ; Milan ; Rome, Vienne.
Roth (Dieter)
Artiste suisse (Hanovre 1930-Bâle 1998).
Après son arrivée en Suisse, Roth étudie le graphisme publicitaire à Berne (1946-1951), puis la lithographie à Khersatz en 1950, période où il est très influencé par l'esthétique constructiviste suisse (Max Bill, R. P. Lohse). Au cours des années 50, dans de multiples lieux, Copenhague, Reykjavik, aux États-Unis, il commence à réaliser des collages, des œuvres textiles ou d'orfèvrerie, ainsi qu'un ensemble d'œuvres proches de l'art optique (Book, 1954, en carton découpé) et des travaux issus de la poésie visuelle. Une partie importante de l'œuvre de Roth restera liée, tout au long de sa carrière, à la création de livres d'artistes (plus de cent réalisés depuis 1956). Dieter Roth se livre, à partir des années 60, à un travail multiforme grâce à une manipulation de techniques diverses, jouant sur l'accumulation des éléments et la décomposition des formes et des matières. Proche de Daniel Spoerri depuis 1953, il est lié au mouvement Fluxus et crée, au cours des années 60-70, des œuvres avec Nam June Paik, Dick Higgins ou George Brecht. Dans cette œuvre multiple, l'utilisation de matériaux organiques joue un rôle important, marquant un grand intérêt pour l'aléatoire, l'instable et le périssable : lait caillé sur une feuille de papier, saucisse détournée, accumulation de têtes en sucre et en chocolat dans une baignoire (la Baignoire de " Ludwig van ", 1969), excréments d'animaux (Köttelkarnikel, 1969-1989, Paris, F. N. A. C.), épices dans des vitrines... Cet intérêt pour des matériaux composites se retrouve dans des œuvres constituées d'accumulations d'éléments hétérogènes : collages de papiers, photos et objets variés de la vie quotidienne reportés sur des panneaux (À la maison, 1975-1978 ; Œuvre murale de Chicago — Hommage à Ira et Glorye Wool, 1978-1984, Berne, Kunstmuseum). L'aspect autobiographique, lié à la volonté d'éviter la rupture entre art et vie, est très souvent présent dans son œuvre et ce sous des formes très variées : collection d'objets (Collection de déchets aplatis 15/12/75-15/12/76), série de films projetés dans une même salle (Biennale de Venise, 1982), ainsi que dans de nombreux concerts. Par ailleurs, Roth a souvent travaillé en collaboration avec d'autres artistes, notamment Stefan Wewerka, Richard Hamilton ou Arnulf Rainer.
Professeur de 1965 à 1967, puis en 1986 à l'école de design de Rhode Island, Providence, il a aussi enseigné à l'Académie de Düsseldof (1968-1970), au " Myndlista og Handidaskoli " à Reykjavik, en 1979. Par ailleurs, créateur de sa propre maison d'édition à Zug, en 1974, il a participé à de très nombreuses revues et a réalisé une œuvre graphique considérable, multipliant les déformations du dessin et les superpositions colorées (Six Piccadillies, 1969-70). Présent aux Documenta de Kassel de 1968 à 1977, il représente la Suisse à la Biennale de Venise en 1982.