Rothenberg (Susan)
Peintre américain (Buffalo, New York, 1945).
Représentant d'un retour à la figuration dans la peinture américaine, Susan Rothenberg, après des études à Cornell University et un intérêt marqué pour les sculpteurs de l'Antiform, produit à partir de 1973 des séries de peintures traitant du rapport entre la figure et le fond. Jusqu'en 1979, tout un ensemble d'œuvres prennent comme motif le dessin d'un cheval, souvent de profil, se détachant sur un plan blanc (Tattoo, 1979, Minneapolis, Walker Art Center). Cet intérêt pour le problème de l'apparition de la forme, de l'ombre, du double est sensible en 1980 dans une série d'œuvres superposant des contours de mains et de visages.
Parallèlement à des séjours dans une maison de Long Island, à partir de 1981, Rothenberg, passant de l'acrylique à l'huile afin de mieux rendre le sentiment de l'éphémère, multiplie des sujets tirés de la vie quotidienne, tel le Bonhomme de neige (1983, Los Angeles, County Museum of Art). La dislocation des formes dans la matière, créant une fusion des personnages et de leur environnement, se retrouve dans des figures modelées par de multiples petites touches, dans un esprit semblable à celui des œuvres du Claude Monet des années 1890 (Mondrian dansant, 1984-85, Saint Louis Art Museum). Présente dans de nombreux musées américains, son œuvre a fait l'objet d'expositions au Stedelijk Museum d'Amsterdam en 1982 et à la Phillips Collection de Washington en 1985.
Rothko (Mark)
Peintre américain d'origine russe (Dvinsk, Russie, 1903 – New York 1970).
Il vint aux États-Unis en 1913 et fut élevé sur la côte occidentale, à Portland, dans l'Oregon. Après des études inachevées d'ingénieur à l'université Yale (1921-1923), il se rendit à New York (1925) pour y faire une carrière artistique. Il travailla quelque temps avec Max Weber à l'Art Students League (1926) et, au cours des années suivantes, sa peinture s'orienta vers un expressionnisme sombre, très en faveur à l'époque. En 1935, il fonda avec Gottlieb et huit autres peintres le groupe The Ten avec lequel il exposera jusqu'à sa dissolution en 1940. Ses toiles représentent alors principalement des scènes religieuses (Crucifixion, v. 1935) ainsi que des sujets urbains, où des personnages, isolés et vides d'expression, sont dispersés par des architectures épurées (Subway, années 1930, Washington, N. G.). Brièvement employé en 1936-37 par le Federal Art Project (Works Progress Administration), il n'est cependant pas influencé par le réalisme social mais reste imprégné d'une sensibilité expressionniste tempérée par la proximité avec Milton Avery. À partir de 1940 seulement apparaissent dans son œuvre les traces du surréalisme de Miró ou de Ernst, également visibles chez ses proches amis Gottlieb et Newman. À cette époque, il changea son nom en Mark Rothko, lui ôtant tout caractère ethnique. En 1942-43, ses toiles se peuplent de personnages hybrides et chimériques qui sont autant de références à la mythologie grecque, mais entre 1944 et 1947, cette imagerie figmative laisse place à des scènes dont les personnages biomorphiques ont perdu tout caractère mimétique. Rothko s'inscrit ainsi au sein du courant des " créateurs de mythe ", défendu alors par la galerie " Art of this Century " de Peggy Guggenheim qui lui offre une exposition personnelle en 1945. Entreprenant en 1947 la série des Multiforms, Rothko simplifie ses figures qui perdent modelé et allusions figuratives pour obtenir des taches de couleurs vives au contours irréguliers (Number 17, 1947, Washington, N. G.). À la fin de 1949, ces formes se raréfient et prennent un caractère plus massif pour devenir les deux ou trois rectangles superposés horizontalement de la période dite " classique ". Ces surfaces et leurs contours sont estompés de telle sorte que l'interpénétration des couleurs accentue leur apparente simplicité géométrique. Les espaces colorés ne se touchent jamais complètement et l'imposante impression qu'en reçoit le spectateur l'incite à la contemplation de subtils effets lumineux (Violet, Black, Orange, Yellow on White and Red, 1949, New York, Guggenheim Museum). Comme Newman, Rothko a déclaré qu'il adoptait le grand format pour son effet sans équivoque cherchant à transmettre à la fois, le sentiment de et d'intimité. Durant les années 1950, ses œuvres passent d'un chromatisme contrasté (Number 10, 1950 ; M. O. M. A.) à des œuvres où sont employés des tons voisins, différenciés d'abord par leurs valeurs, créant ainsi une certaine instabilité visuelle (Four Darles in Ked, 1958, New York, Whitney Museum ; Dark over Brown n° 14, 1963, Paris, M. N. A. M.). Désireux de réaliser des ensembles décoratifs, Rothles refusa pourtant en 1958 une commande pour un restaurant new-yorkais. Ce projet avorté (Seagram Murals) donne cependant naissance à trois séries de toiles, dont l'une, composée de huit tableaux de format horizontal sur fond brun, appartient aujourd'hui à la Tate Gallery. Une autre s'acheva en 1962 en un ensemble de cinq œuvres monumentales installées dans une salle à manger de l'université d'Harvard. Les rectangles étalés bord à bord des tableaux antérieurs ont fait place à des rectangles verticaux reliés par deux lignes, à la base et au sommet, similaires à des fenêtres (Harvard Murals, Cambridge, Havard College). En 1969, Rothko commence une série de tableaux peints à l'acrylique où un rectangle noir est placé au-dessus d'un rectangle gris rapidement brossé (Black and Grey, 1969-70, Buffalo, Albright-Knox Art Gallery). En même temps, depuis 1964 et jusqu'à sa mort, il est absorbé par la réalisation d'une commande des collectionneurs J. et D. de Menil qui lui ont demandé des panneaux pour la chapelle des l'Institute fot Religion and Human Development à Houston. Ces polyptyques, où les rectangles d'un pourpre sombre sont à peine différenciables du champ qui les porte, sont finalement installées en 1971, après le suicide de l'artiste, dans une chapelle spécialement conçue à cet effet (Houston, Menil Collection). L'œuvre de Rothko a fait l'objet de rétrospectives en 1961 (New York, M. O. M. A.), 1978 (New York, Houston, Minneapolis, Los Angeles et Paris) et 1987 (Londres, Tate Gallery). Il est représenté dans la plupart des grands musées américains, notamment au M. O. M. A. de New York, à la Phillips Collection et à la N. G. de Washington, à l'Abright-Knox Art Gallery de Buffalo. En Europe, des ensembles sont présentés au musée de Bâle, au K. N. W. de Düsseldorf et surtout à la Tate Gallery de Londres.