Hersent (Louis)
Peintre français (Paris 1777 – id. 1860).
Élève de Regnault, il obtient le second prix de Rome en 1797 et effectue un court séjour en Italie. Il peint d'abord des compositions classiques marquées par l'influence de David et de son maître : Narcisse se mirant dans l'eau (1802, musée d'Arras). Ses tableaux exposés régulièrement au Salon de 1804 à 1831 connaissent un grand succès et font de lui l'un des principaux artistes de la Restauration. Il obtient de nombreuses commandes et réalise des portraits dans la veine de Gérard qui annoncent ceux de Winterhalter : Madame Félix Cadet de Gassicourt (1824, Louvre), Madame Constantin (château de Malmaison), la Reine Marie-Amélie (Chantilly, musée Condé). Louis-Philippe lui commande pour le nouveau musée historique de Versailles deux peintures : la Prise de Landshut et Louis XVI distribuant des aumônes (Versailles). Nommé en 1822 membre de l'Institut, puis, en 1825, professeur à l'École des beaux-arts, Hersent forme de nombreux peintres. Il consacre le reste de sa vie essentiellement à la gravure, et illustre notamment les Contes de La Fontaine.
Hervier (Adolphe)
Peintre et graveur français (Paris 1818 – id. 1879).
Après avoir été l'élève de son père et celui d'Isabey, il commence à vingt ans une vie itinérante qui le conduira en Bretagne, en Normandie et dans le sud de la France, travaillant seul et manifestant déjà une irréductible indépendance. En 1843, il fait paraître un album, Croquis de voyage, 8 planches gravées sur acier, où le souvenir de Bonington et de Rembrandt est sensible. Soutenu dès 1852 par les Goncourt et par Th. Gautier au moment de la publication d'un recueil de 12 lithographies, Paysages, marines, baraques, Hervier est pourtant souvent refusé aux Salons. Ses 8 ventes aux enchères (hôtel Drouot, de 1856 à 1878) lui apportèrent peu de succès, malgré l'appui de Gautier, de Burty et de Corot ; il vit misérablement. Ses aquarelles, alertes et transparentes, témoignent également de l'influence des paysagistes anglais, qui leur confère un caractère pré-impressionniste. En juin 1848, il avait peint, aquarellé, gravé et lithographié une suite très homogène inspirée par les barricades, et ce souci réaliste —sur lequel se greffe la découverte de l'école néerlandaise du XVIIe s., remise en honneur par Thoré-Bürger— se manifeste jusqu'à la fin de sa carrière. Après sa mort, le libraire Joly publie en 1888 l'Album Hervier, suite de 43 planches, gravées de 1840 à 1860 (eau-forte, aquatinte et roulette), dans lesquelles le graveur atteste une rare virtuosité et atteint parfois une poésie à la limite du fantastique. Hervier est représenté à Paris (B. N., cabinet des Estampes ; Louvre, cabinet des Dessins [Église de Pont-sur-Seine ; Marché de village à Quevilly, 1855] ; musée Carnavalet) et dans les musées de Dijon, Montpellier, Bagnères-de-Bigorre (Village de Normandie), Blois, Reims, La Haye (musée Mesdag et Gemeentemuseum), Gouda, Rotterdam (B. V. B.), Glasgow (Art Gal.), San Francisco.
Hess (Heinrich Maria von)
Peintre allemand (Düsseldorf 1798 – Munich 1863).
Il fut, comme son frère Peter, élève de son père graveur, C. E. Christoph Hess ; puis il travailla à l'Académie de Munich chez Langer de 1813 à 1817 et acheva seul sa formation. La Foi, l'Espérance et la Charité (1899, Saint-Pétersbourg, Ermitage) garde la marque du Néo-Classicisme issu de Düsseldorf. En 1820, il exécuta la fresque de la glyptothèque de Munich, Apollon et Daphné, d'après le carton de Cornelius. De ses premières années munichoises datent une Mise au tombeau (Munich, église des Théatins), les Portraits de son frère et de ses belles-sœurs (coll. Schäfer). L'attitude et le caractère simple, direct des portraits font de ces tableaux le meilleur du style Biedermeier. À Rome (1821-1826), Hess se joignit à Begas l'Ancien, à Schnorr et à Thorvaldsen, et fit partie du cercle d'artistes qui gravitaient autour du prince Louis de Wittelsbach. Il étudia Giotto, le quattrocento, Raphaël ; bien qu'il estimât beaucoup Overbeck, il n'entretenait pas d'étroites relations avec lui. De vastes paysages de campagne (Hambourg, Kunsthalle), les portraits romantiques de Thorvaldsen, 1823 (Munich, Schackgal.) et de la Marquise Fiorenzi (Munich, N. P.) datent de cette époque. Les personnages y paraissent transportés dans une sphère idéale grâce à des motifs de composition Renaissance et classiques. Dans le vaste tableau du Parnasse (1826, id.), Hess réalisa, à partir du modèle romain de Mengs, une composition en triangle strictement raphaélesque. Ses activités officielles nuisirent à la variété et à la fraîcheur de coloris qui le distinguaient des Nazaréens. En 1826, il fut nommé professeur à l'Académie de Munich et directeur de l'Institut du vitrail et, de 1847 à 1849, directeur de l'Académie. Il fut chargé en 1827 de la décoration de la chapelle royale de Tous-les-Saints et en 1837 de celle de la basilique Saint-Boniface (fresques détruites, cartons conservés à Munich, Karlsruhe et Bâle). Cette chapelle constituait, grâce à son unité, une réalisation monumentale sans précédent, dans la lignée des Nazaréens. Au thème pictural, à maints égards comparable à celui de Cornelius, correspond la conception lyrique sévère d'un Overbeck. L'archaïsme du fond doré, exigé par le roi, donne un caractère nettement giottesque à la composition. En regard des œuvres monumentales, le vitrail tient une place importante dans son œuvre (cathédrales de Ratisbonne et de Munich). Un retable comme celui de la Sainte Conversation (1853, Munich, Neue Pin.) s'inspire de la peinture de la haute Renaissance.
Hess (Peter von)
Peintre allemand (Düsseldorf 1792 – Munich 1871).
Parmi les peintres de batailles et de genre de Munich, Hess exerça l'influence la plus forte entre 1820 et 1830. Sa peinture se distingue de celle de Kobell et d'Adam, dont il s'est d'abord inspiré, par l'abondance de motifs narratifs empruntés aux Néerlandais du XVIIe s. et aux primitifs allemands. Figures et objets, exactement observés, sont situés dans un paysage clair et transparent. Tous les éléments, conçus avec la même netteté, prennent logiquement place les uns à côté des autres. En 1806, il fait un bref passage à l'Académie de Munich auprès de Kobell. Entre 1813 et 1815, il prit part aux campagnes contre Napoléon pour étudier les scènes de la vie militaire ; il prit ses distances vis-à-vis de Kobell, dont le souvenir est encore présent dans Arcis-sur-Aube (1817, Munich, Residenz), et il acquit, grâce aux scènes de batailles de la fin des années 20 (Combat de Wörgl-en-Tyrol, 1833, id.), une célébrité qui lui valut des commandes du roi de Bavière et du tsar (Accueil d'Otton Ier à Nauplie, 1839, Munich, Neue Pin.) ainsi que de la série des 12 batailles de la campagne de Russie de 1812 (Ermitage). Son goût pour la peinture de genre italianisante, déjà manifesté avant son voyage de 1818 en Italie, s'affirma au même moment. L'Auberge italienne (1810, Munich, Neue Pin.), inspirée des Néerlandais italianisants, annonce des tableaux plus tardifs (Famille de paysans à Tivoli, 1820, id.) à partir d'études de la vie populaire italienne.
Sous l'influence de Wagenbauer et par son penchant pour le pittoresque populaire, Peter von Hess fut amené à peindre des scènes de campagne bavaroise, dont la célèbre Fête de saint Leonhard au Schliersee (1825, musées de Berlin).