Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
D

Daret (Jacques)

Peintre flamand (Tournai v.  1404  – † apr. 1468).

Apprenti chez Robert Campin, il est reçu maître en 1432. En 1434, il peint les volets d'un retable destiné à l'abbaye Saint-Vaast d'Arras ; ceux-ci ont pu être reconnus dans les 4 panneaux dispersés entre les musées de Berlin (Visitation, Adoration des mages), le Petit Palais de Paris (Présentation au Temple) et le Thyssen-Bornemisza musée à Madrid (Nativité). Ils révèlent un art assez mince d'illustrateur, qui emprunte ses types au Maître de Flémalle. De 1446 à 1458, Daret, qui paraît avoir exécuté des cartons de tapisserie, réside à Arras. En 1468, il joue un rôle important dans les préparatifs des fêtes du mariage de Charles le Téméraire.

Daret (Jean)

Peintre français (Bruxelles v. 1613  – Aix-en-Provence 1668).

Il se rend jeune en Italie, où il est probablement influencé par les maîtres bolonais. De retour en France, il est fixé, sans doute dès 1635, à Aix, où il restera jusqu'à sa mort. Il se rend toutefois à Paris en 1660 et y reste jusqu'en 1663 ou 1664. Il y travaille à la décoration du château de Vincennes (décors disparus) et y est probablement agréé à l'Académie. La production méridionale de Daret est énorme et nombreux sont ses tableaux dans les églises d'Aix (cathédrale Saint-Sauveur, 1640 ; église de la Madeleine, 1637-1643 ; église du Saint-Esprit, 1653) et de la région (Perthuis, Cavaillon, Saint-Chamas, Salon, Lambesc, Saint-Paul-de-Vence). L'artiste décora également les hôtels de la ville (escalier de l'hôtel du baron de Chasteau-Renard, 1654), et ses travaux dans ce genre provoqueront l'admiration de Romanelli lors de son passage à Aix. Daret sait également être portraitiste sobre et fort : Autoportrait à l'Ermitage (1636), Portrait d'un magistrat (1638, musée de Marseille). Si le Guitariste du musée d'Aix (1636) témoigne de l'influence des peintres caravagesques, dont il gardera toujours le goût pour les morceaux réalistes, il se souviendra aussi, tout au long de sa carrière, des exemples bolonais dans des mises en page sobres et habiles.

dation

Terme juridique désignant l'acte grâce auquel les droits fiscaux dus à l'occasion d'une succession ou d'un partage peuvent être acquittés en France à l'aide d'œuvres d'art. Cette disposition fiscale a notamment permis l'entrée au Louvre de deux œuvres de Fragonard, le Portrait de Diderot (1972) et le Portrait de la Guimard (1974), de l'Esther devant Assuérus de Filippino Lippi (1972), de la Marquise de Santa Cruz de Goya (1976) et de l'Hélène Fourment en costume de cour de Rubens (1977). Parmi les peintures entrées par dation au musée d'Orsay, citons la Danse à la ville de Renoir (1978), la Truite (1978), la Femme nue au chien (1979) et l'Origine du monde (1995) de Courbet et parmi celles entrées au Louvre le Portrait de Robert Arnauld d'Andilly de Champaigne (1979), le Lièvre mort de Chardin (1979), l'Astronome de Vermeer (1983) et le Bouffon au luth de Hals (1984).

   Pour ne citer qu'un prestigieux exemple comportant un ensemble d'œuvres, mentionnons celles de Picasso reçues en paiement de droits de succession (quelque 250 œuvres) et qui sont à l'origine du fonds du musée Picasso (Paris). Une seconde dation Picasso a été acceptée par l'État en 1990 ; les œuvres ont été réparties entre divers musées de France.

Dau Al Set

Fondé par les artistes Brossa, Cuixart, Ponç, Tàpies, Tharrats et le philosophe Puig, le groupe Dau Al Set (le Dé à sept) donna naissance à la revue du même nom, dont Brossa fut indiscutablement l'inspirateur. Dau Al Set peut être considéré comme l'un des groupes les plus représentatifs de ceux qui se sont affirmés après 1950 en Espagne, compte tenu du talent et de la réputation de ses membres.

   S'il est difficile de constater une homogénéité de création entre les artistes du groupe, il faut reconnaître un comportement subversif commun, influencé par l'esprit des surréalistes, qui révèle dans l'Espagne franquiste la volonté d'un engagement autant artistique que politique. August Puig quittera rapidement le groupe, et Modest Cuixart s'exilera au Brésil. L'exposition collective de la Sala de la Caritad de Barcelone en 1951 est la dernière apparition publique du groupe Dau Al Set, alors que la publication de la revue, dont chaque numéro est issu depuis sa création de la collaboration d'un artiste et d'un écrivain, se prolonge jusqu'en 1956.

Daubigny (Charles-François)

Peintre français (Paris 1817  – id. 1878).

Il naquit dans une famille d'artisans dont les penchants artistiques encouragèrent ses aptitudes précoces pour le dessin. À dix-sept ans, il effectua un voyage en Italie, et, à son retour, il s'attacha surtout à la gravure. Ses planches, très influencées par Rembrandt, témoignent d'un sentiment direct de la nature. Puis il travailla quelque temps à la restauration des peintures. Un bref passage, en 1840, dans l'atelier de Paul Delaroche le marqua moins que l'exemple des Hollandais copiés au Louvre. Ses premières œuvres trahissent plus de souvenirs de Ruisdael et d'Hobbema, alliés à des réminiscences classiques, que l'empreinte de son maître. À partir de 1843, attiré par le plein air, il fit de longs séjours à Barbizon et dans le Morvan (la Vallée du Cousin, 1847, Louvre). Vers 1850, sa notoriété s'accrût. Le gouvernement acheta à l'artiste une peinture. L'Étang de Gylieu (1853, musée de Cincinnati) avait été acquis par Napoléon III. Grâce à ses gains, Daubigny put alors voyager davantage. En 1852 se place l'événement capital de sa rencontre avec Corot à Optevoz (Isère). Les deux artistes travaillèrent côte à côte et s'encouragèrent à peindre sur le motif. Daubigny resta fidèle aux mêmes sites : Optevoz, où il connut Ravier, Villerville, sur les côtes de la Manche, mais surtout les rives de la Seine et de l'Oise près d'Auvers, rives longées inlassablement à bord de son célèbre bateau, le Botin, aménagé en atelier. Lisse à ses débuts, sa touche s'empâta v. 1852 et subit à ce moment une influence de Courbet : l'Écluse à Optevoz (1855, musée de Rouen) et sa réplique du Louvre de 1859 en sont les derniers témoignages. Un contact assidu avec la nature, les eaux courantes et la mer incita ensuite l'artiste à éclaircir ses tons, à alléger sa palette, à poser sa touche avec promptitude. Un des premiers, Daubigny tenta de traduire la fugacité du moment. La critique, n'entrevoyant pas encore la portée d'une telle évolution, le taxa de hâte et d'improvisation. Théophile Gautier, avec une restriction péjorative, prononça même le mot " impression ". En 1866, Daubigny séjourna en Angleterre, où il revint pendant la guerre de 1870 et où il retrouva Monet, qu'il emmena en Hollande. À Auvers, en 1870, il connut Cézanne. Ces rencontres avec des maîtres, chefs de file de la génération suivante, concrétisent la dette de ceux-ci envers Daubigny, qui fut un des précurseurs les plus significatifs de l'Impressionnisme. Le musée Mesdag de La Haye possède un ensemble capital de ses peintures, nombreuses aussi dans bien des musées, en particulier dans ceux du Louvre (coll. Thomy Thiéry) ; il faut citer aussi les deux paysages décoratifs, le Jardin des Tuileries et le Pavillon de Flore, qu'il peignit en 1861 pour l'escalier d'honneur du ministère d'État, aujourd'hui intégré dans le musée ; d'Orsay, de Lyon, de Marseille et de Reims. Une exposition Daubigny a été présentée (Minneapolis, Inst. of Arts) en 1996.