Pettoruti (Emilio)
Peintre argentin (La Plata 1894 – Paris 1971).
Il se forma en Europe (1913-1924), en particulier en Italie, et prit une part active au mouvement futuriste. Il subit aussi l'influence de Juan Gris (le Quintette, 1927, San Francisco, Museum of Modern Art). À son retour à Buenos Aires (1924), ses tableaux révélèrent la peinture moderne, mais furent très mal accueillis par la critique, le public et les artistes locaux, à quelques exceptions près, dont les critiques Leonardo Estarico, Julio Rinaldini, Julio E. Payró et Jorge Romero Brest. En 1952, Pettoruti revint en Europe et s'installa à Paris.
Sa peinture, semi-abstraite, a peu évolué ; elle se caractérise par la justesse des tons, la force suggestive des champs colorés, dont les surfaces, minéralisées, obéissent à une géométrie implicite (Soleil argentin, 1941, Buenos Aires, M. B. A.). Pettoruti publia un livre de souvenirs (Un peintre devant son miroir) en 1962, année d'une rétrospective de son œuvre présenté au musée de Buenos Aires. Il est représenté à New York (M. O. M. A.) et à Paris (M. A. M. de la Ville).
Peverelli (Cesare)
Peintre italien (Milan 1922-Seillans, Var, 2000).
Il étudia à Milan, à l'Académie Brera, et se forma au contact du groupe Corrente en participant au Premio Bergamo de 1942. Si son œuvre jusqu'en 1949 se réfère à la culture picassienne néofigurative, on peut y déceler des références précoces à Bacon, à Sutherland et, surtout, à Giacometti, qui eut un rôle déterminant dans sa recherche d'une dimension intérieure et onirique. En 1949, Peverelli découvre l'œuvre de Wols, puis celui de Pollock, et expérimente quelque temps l'automatisme gestuel en 1950.
Il se fixe à Paris en 1957, et ses affinités avec le Surréalisme se précisent. La série de la " Ville ", vers 1959, révèle une élaboration personnelle de certains principes de base du Surréalisme : la texture prismatique des espaces, dans des peintures quasi monochromes, détermine un jeu complexe de relations spatiales et ambiguës entre la réalité extérieure et celle, subjective, d'un monde psychologique et fantastique. Une recherche analogue se retrouve dans les cycles successifs : les " Monettes ", l'" Ascenseur ", les " Paradisiers ". Dans les séries plus récentes des " Chambres " (1964), la référence à Bacon est plus nette à travers une récupération plus explicite de l'image : Flipper (1966). Nombreuses ont été les expositions de Peverelli dans des galeries privées en Italie, à Paris et à Londres. La Biennale de Venise lui a consacré un accrochage en 1948, 1949, 1950, et l'artiste a participé à l'exposition du Surréalisme à Paris en 1964. En 1970, il commence une série de tableaux intitulée " Mon jardin à la Rousseau ". Le M. A. M. de la Ville de Paris lui offre en 1976 plusieurs salles pour exposer ses œuvres. Peverelli met à profit cet événement pour réaliser une grande composition, l'Atelier de l'artiste, où il choisit les tableaux qui, depuis 1957, constituent la genèse de cette œuvre. En 1979-80, il a exécuté une série de toiles intitulées " Rituels ".
Pevsner (Antoine)
Peintre et sculpteur français d'origine russe (Orel 1886 – Paris 1962).
Il fait des études de 1902 à 1909 à l'École des beaux-arts de Kiev, recevant un enseignement très orienté vers le dessin, qu'il complète quelque temps par celui de l'Académie des beaux-arts de Saint-Pétersbourg. Il voit à Moscou tout ce qu'on peut y voir d'art français. Il y assiste à la naissance du Rayonnisme. Dès 1911, alors que Gabo va à Munich, Pevsner se rend à Paris, où, avec des interruptions, il séjournera jusqu'en 1915, moins intéressé, a-t-il dit, par le Cubisme que par la tour Eiffel ! Il est alors peintre et, dès 1913, évolue vers l'Abstraction (Formes abstraites, New York, M. O. M. A. ; Femmes déguisées, Paris, M. N. A. M.). Durant ce séjour parisien, Gabo lui rend visite, et les deux frères, très liés, ont une intense réflexion commune. La guerre les sépare mais, à la fin de l'année 1915, Pevsner rejoint son frère à Oslo et découvre sa sculpture, qu'il ignorait pratiquement. Il continue à peindre dans les mêmes tons : ocre, bruns, noirs (Composition, 1917-18, Paris, M. N. A. M.). Ils reviennent ensemble en Russie en 1917 ; Antoine est nommé professeur de peinture aux Vhutemas (Ateliers d'art) mais Gabo refuse tout poste officiel. Tous deux défendent les mêmes idées constructives et signent le Manifeste réaliste, affiché sur les murs de Moscou le 5 août 1920. Pevsner commence à sculpter en 1922 des bas-reliefs tout d'abord proches de sa peinture (Bas-Relief, 1923, peinture et matière plastique), qu'il n'abandonnera jamais. Ils sont, Gabo et lui, du nombre des artistes soviétiques qui prennent prétexte de la première exposition d'art russe, organisée par le gouvernement soviétique à Berlin en 1922, pour quitter définitivement la Russie. Il arrive à Paris en octobre 1923 et expose à la galerie Percier ses premières sculptures avec celles de Gabo. Le Torse (1924, cuivre et matière plastique, New York, M. O. M. A.) est acheté par Katherine Dreier. Gabo et lui réalisent ensemble le décor du ballet de Diaghilev la Chatte (musique d'Henri Sauguet). Leur art ensuite diverge. À côté des matériaux transparents (matière plastique, verre, cristal), Pevsner se met à user de plus en plus largement du métal (Bas-Relief, 1932, bronze oxydé et matière plastique, New York, Guggenheim Museum), d'abord en plaques puis en fils (Surface développable, 1936). Dès lors, Pevsner va de plus en plus travailler en soudant un à un par ce travail d'orfèvre des fils de laiton, de cuivre sur de grandes surfaces définissant la forme. Ce travail allie un extrême raffinement et une puissante énergie qui le rendent propre aussi bien à dire l'histoire (la Colonne développable de la Victoire, 1946 ; la Colonne de la paix, 1954), à matérialiser le mouvement (Construction cinétique, 1953) qu'à rendre compte de sa réflexion (Monde, 1947 ; Germe, 1949).
Devenu français en 1930, Pevsner était très attaché à sa patrie d'élection. Son épouse, Virginie Pevsner, a fait un don au M. N. A. M. de Paris, qui réunit le plus riche ensemble des œuvres de Pevsner.