Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Palmer (Samuel)

Peintre anglais (Londres 1805  – Reigate, Surrey, 1881).

Il est surtout célèbre pour les paysages exécutés au début de sa carrière, qui dénotent une exceptionnelle imagination romantique et visionnaire. Dessinateur aux dons précoces, il commença à peindre très jeune, exposant dès 1819. Il découvrit de nouvelles sources d'intérêt à la suite de sa rencontre avec John Linnell (1822), qui lui révéla les œuvres de Dürer, de Lucas de Leyde et qui lui fit rencontrer William Blake le 9 octobre 1824 (carnet de croquis de 1824 partagé entre le British Museum et le V. A. M. de Londres). L'influence décisive de ce dernier, notamment des illustrations qu'il avait exécutées pour The Pastorals of Virgil de Thornton (1821), l'amena à délaisser l'" art moderne des effets " au profit d'une veine bucolique alliée à un médiévisme idéalisé. La Scène rustique (1825, Oxford, Ashmolean Museum), qui fait partie d'une série de 6 monochromes à la sépia vernis (1825, id. ), révèle l'influence de ces sources ainsi que celle d'une conception mystique de la nature issue du christianisme contemporain. Ces dessins relèvent d'un style essentiellement linéaire, qui met en évidence le sujet même ; la plupart sont accompagnés de citations (par exemple de Virgile ou de Milton, que Palmer admirait tout particulièrement) soulignant les vertus primordiales de la nature, considérée comme source de vie. Tout en conservant ce thème capital pour son art, Palmer enrichit sa vision par un contact plus étroit avec la nature lorsque, en 1826, il s'installa à Shoreham, village du Kent, où il séjourna surtout de 1827 à 1832 et où d'autres artistes le rejoignirent parfois, notamment Blake, qui lui rendit visite en 1827, Edward Calvert et George Richmond, qui partageaient le même enthousiasme pour Blake et le " primitivisme ", ce qui les conduisit à se désigner sous le nom de " groupe des Anciens ". L'évolution de son style apparaît dans le Paysage vallonné (v. 1826, Londres, Tate Gal.), où son graphisme s'assouplit par la pratique de la détrempe, qui l'amena à produire des œuvres plus douces et chatoyantes à la fin de cette période : le Pommier magique (1830, Cambridge, Fitzwilliam Museum). Il obtient des effets quasi fantastiques par l'éclairage lunaire de paysages rustiques (Champ de blé par clair de lune avec l'étoile du berger, Londres, v. 1830, anc. coll. lord Clark). Vers 1830, le groupe commença à se désagréger, alors que son idéal d'une société pastorale était battu en brèche par le Reform Bill de 1832 (Palmer, lui-même opposé aux " Radicals ", avait soutenu les conservateurs). Il quitta alors Shoreham pour voyager quelque temps en Cornouailles et au pays de Galles, et les peintures trahissent le souvenir nostalgique de Shoreham (le Berger endormi, v. 1833, coll. part.). Le déclin progressif de ses dons de visionnaire se confirma lors de son voyage en Italie en 1837-1839 (il avait épousé la fille de Linnell en 1837). Palmer ne fut plus ensuite qu'un honnête aquarelliste, adroit mais moins inspiré, même s'il chercha à revenir à son inspiration première dans les gravures et les aquarelles, sur des sujets de Milton ou de Virgile, qu'il réalisa dans les années 1860.

   Il est représenté notamment à Londres (British Museum ; V. A. M. ; Tate Gal.), à Cambridge (Fitzwilliam Museum), à Oxford (Ashmolean Museum), à Carlisle (City Museum), à Manchester (City Art Gal. ; Whitworth Art Gal.), à Édimbourg (N. G.), à Philadelphie (Museum of Art), à Melbourne (N. G.), à Ottawa (N. G.), à Princeton (musée de l'Université).

Palmerucci (Guiduccio)

Peintre italien (documenté à Gubbio entre 1315 et 1349).

Le nom de ce peintre revient fréquemment dans les documents relatifs à l'activité picturale de Gubbio pendant la première moitié du XIVe s., mais aucune des œuvres mentionnées n'a pu être identifiée. Il semble pourtant que Guiduccio Palmerucci ait été la personnalité artistique la plus importante de son époque dans la ville, ce qui incite à grouper sous son nom un certain nombre de peintures présentant les mêmes caractères stylistiques et pouvant être considérées comme les plus représentatives de l'école de Gubbio à cette époque : le polyptyque avec la Vierge et 4 saints ; un tondo avec la Vierge et l'Enfant ; des fragments de fresques (Madones) provenant de l'église S. Maria Nuova, à la pin. de Gubbio ; la Vierge à l'Enfant entre des saints et un donateur dans la chapelle du Palazzo dei Consoli à Gubbio. Ces œuvres (et certaines autres réparties dans diverses collections particulières) ont une étroite parenté avec l'école siennoise, notamment avec Pietro Lorenzetti, dont le style est toutefois interprété avec une certaine dureté qui trahit une compréhension limitée des mélodieuses formules gothiques.

Palmezzano (Marco)

Peintre italien (Forlì v.  1459  – id. 1539).

Un des peintres de Romagne les plus importants de la fin du XVe s., élève de Melozzo da Forlì, Palmezzano travailla aux côtés de ce dernier à la sacristie de Lorete et à Santa Croce in Gerusalemme à Rome. Entre 1493 et 1495, il compléta la décoration de la chapelle Feo à S. Biagio de Forlì, dernier travail de Melozzo, dont il a subi fortement l'ascendant. Il semble avoir été également sensible à l'art d'Antoniazzo Romano et aussi à celui des Ferrarais. La meilleure période de l'artiste se situe entre ces dates (celles des fresques de S. Biagio) et 1505 env. : il peint alors le Couronnement de la Vierge de la Brera, l'Annonciation de la pin. de Forlì, les Vierges à l'enfant avec deux saints de la pin. de Faenza (1498) et de l'église S. Francesco de Matelica (1501), la Communion des Apôtres de la pin. de Forlì (lunette avec la Pietà à la N. G. de Londres). On voit dans certaines de ces œuvres l'influence exercée par Venise, où l'artiste séjourna. L'œuvre de Palmezzano, très abondant (grands retables représentant la Vierge et l'Enfant avec des saints, le Calvaire, la Nativité ou l'Annonciation, panneaux figurant une Sainte Conversation, Judith, le Christ portant la croix ou le Christ au tombeau), prolonge en plein XVIe s. les modes de la fin du quattrocento : compositions rigides, formes lisses et pétrifiées, couleurs claires, avec parfois une netteté plastique et une lucidité assez remarquables. La pin. de Forlì conserve un bel ensemble de ses peintures ; la pin. de Faenza, le Vatican et la Brera notamment possèdent chacun plusieurs exemples.