Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
S

Sellaer (Vincent)

Peintre flamand (Malines av.  1500  – id. 1589).

Il séjourna à Brescia v. 1525 et connut l'art de Moretto da Brescia. Après son retour d'Italie, il se fixa à Malines, où il travaillait encore en 1544. Profondément italianisé, il s'inspira directement de Raphaël, d'Andrea del Sarto, de Michel-Ange, de Parmesan et surtout de Léonard, dont il emprunta les sujets, le modelé des figures et les types féminins. Autour de l'unique tableau qu'il a signé et daté de 1538 : Laissez venir à moi les petits enfants (Munich, château de Schleissheim), il est possible de grouper une vingtaine de compositions religieuses et mythologiques : la Sainte Famille (Copenhague, S. M. f. K. ; musée de Rouen), la Charité (Bruxelles, M. R. B. A. ; détruit en 1939), Judith tenant la tête d'Holopherne (musée de Berne), Jupiter et Antiope (deux compositions différentes, Louvre et Brunswick, Herzog Anton Ulrich-Museum), Lucrèce (musée de Bonn), Suzanne et les vieillards (musée d'Épinal).

Semino (Andrea)

Peintre italien (Gênes v. 1526  – id. 1594).

Formé avec son frère Ottaviano à l'école de son père Antonio, il se perfectionna dans le milieu maniériste romain. De retour à Gênes v. 1552, il dut longtemps se contenter de continuer la production paternelle de tableaux d'autel, face à la concurrence de Luca Cambiaso et de G. B. Castello. Il put enfin révéler après 1560 ses dons de dessinateur et de décorateur, rompu aux compositions romanistes, avec la décoration du palais Tommaso Spinola (Pessagno, puis Pallavicini), remportant un grand succès, et asseoir sa renommée avec les tableaux de la chapelle Paride Pinelli à l'Annunziata Vecchia de Portoria (Nativité, Annonciation aux bergers, Songe de Joseph). Il devint alors le peintre le plus actif de Gênes, collaborant également aux entreprises décoratives de son frère, à Gênes (palais Cambiaso, apr. 1565) et à Milan (palais De Marini, 1571-1575). De retour à Gênes en 1575, il sut le premier répondre aux nouvelles exigences d'un milieu touché par la Contre-Réforme, devenant le peintre des Immaculées Conceptions (Gênes, Gal. di Palazzo Bianco), qu'il représente parfois aussi dans ses peintures dévotes (le Sauveur, saint Matthieu, saint Maur, le doge Niccolò et la princesse Aurelia Grimaldi, Gênes, S. Matteo).

Semitecolo (Nicoletto)

Peintre italien (Venise, documenté de 1353 à 1370).

Personnalité secondaire de la peinture vénitienne de la seconde moitié du Trecento, il fait partie de ces artistes encore liés à la manière de Paolo Veneziano, mais sachant saisir les nouveautés de la " terre ferme " avec des effets souvent suggestifs et caractéristiques. Semitecolo est connu par 4 petits panneaux de 1367 représentant des Scènes de la vie de saint Sébastien (auj. à Padoue, sacristie des chanoines du Dôme), caractérisées par un sens narratif aigu, une exécution vive, en particulier dans les petits personnages, qui reflètent une influence nette de l'école padouane, de Guariento surtout, dont il dut fréquenter l'entourage, peut-être même en collaborant aux fresques de l'église des Eremitani. Les 2 autres panneaux du même ensemble : la Vierge d'humilité et la Trinité, plus durs et plus secs, sont d'un caractère vénitien plus marqué. L'activité ultérieure de Semitecolo à Padoue serait confirmée par le beau Crucifix (Padoue, Eremitani), d'un linéarisme incisif et élégant et d'un coloris brillant, qui lui a été récemment attribué : le style traditionnellement vénitien et les efforts évidents de renouvellement du peintre s'équilibrent de façon très originale. Les fresques, très abîmées (les Pères de l'Église, les Symboles des Évangélistes), décorant les voûtes de la Cappella dei Lucchesi (Venise), confirment au contraire la tendance de cet artiste à une expression plus populaire dans leur recherche d'expressionnisme linéaire.

Sempere (Eusebio)

Peintre espagnol .

Il fait ses études à l'École des beaux-arts de Valence. De 1949 à 1958, il vécut à Paris, où il fréquenta Arp, Vasarely et les peintres constructivistes de la gal. Denise René. Dès 1949, sa peinture est abstraite. À partir de 1954, il s'intéresse aux problèmes de l'art cinétique avec ses " boîtes ", œuvres tridimensionnelles dans lesquelles l'utilisation de la lumière et du mouvement réels joue un grand rôle. Il abandonne ensuite ces recherches expérimentales pour se consacrer aux problèmes de la lumière et des vibrations optiques. Son œuvre se caractérise alors par son lyrisme et sa liberté, et c'est l'un des rares peintres pour qui la nature et le paysage ne sont pas opposés à la géométrie et aux règles optiques. Il a réalisé ainsi de nombreux tableaux à partir d'un paysage ou d'une impression réelle. Vers 1964, parallèlement à ses œuvres semi-paysagistes et lyriques, on constate un retour à des recherches cinétiques avec des mobiles de tiges d'acier chromé où les effets proviennent du mouvement du spectateur par rapport à l'œuvre. Cette tendance plus expérimentale s'est vue confirmée par ses travaux au Centre de calcul de l'université de Madrid, où certaines de ses œuvres ont été réalisées avec une collaboration scientifique et l'aide d'un ordinateur. Sempere a également travaillé à Valence avec le groupe Antes del Arte, composé de peintres et de techniciens. Pourtant, l'aspect plus lyrique de son tempérament se manifeste toujours, par exemple dans le livre de sérigraphies, sur des poèmes de Góngora, réalisé en 1969, édité par le musée d'Art abstrait espagnol de Cuenca. On y retrouve les mêmes références à un paysage ou à une saison. La sensibilité de Sempere pour la couleur et la lumière y est présente à chaque page. L'expression de l'artiste repose sur des formes simples, géométriques, dont la répétition vise à l'extension du champ pictural. L'artiste est également l'auteur de sculptures en acier chromé, datées de 1973-1974, dont l'assemblage d'éléments modulaires produit des effets similaires. Il est représenté notamment aux M.O.M..A. de New York, au Fogg Art Museum de Cambridge (Mass.), au musée d'Art abstrait espagnol à Cuenca, au Musée de Bilbao, à l'Instituto Valenciano de Arte Moderno de Valence, aux M.A.M. de Rio de Janeiro, Barcelone, Atlanta, Valence.