Dimitrijevic (Braco)
Peintre yougoslave (Sarajevo 1948).
Dimitrijevic fait ses études à l'Académie des beaux-arts de Zagreb (1968-1971), puis obtient une bourse du British Council pour des études de 3e cycle à la St Martin School of Art de Londres.
À travers son œuvre, qui le rattache aux artistes conceptuels, il cherche à montrer combien l'histoire de l'art présentée comme un processus d'évolution formelle aliène l'art et l'implique dans une idéologie. Sa conception particulière de l'histoire est ironique et productrice d'associations d'idées/images tout à fait imprévisibles. D'après lui, le temps posthistorique dans lequel nous vivons rend possibles la relation simultanée de faits datés et leur interprétation subjective et imaginaire. Ainsi met-il en scène des natures mortes à partir de vraies œuvres d'art qu'il emprunte aux musées ou aux collectionneurs. Ses Triptychos post historicus ressemblent à des natures mortes en trois dimensions composées d'une peinture originale d'un artiste, d'un objet quotidien et d'éléments naturels comme des fruits. Ainsi, dans Il y a toujours du courage derrière les vraies œuvres d'art (1981, Paris, M. N. A. M.), Braco Dimitrijevic installe sur un socle un tableau de Matisse (Figure décorative sur fond ornemental, 1925-26) appartenant au musée, soutenu par une pelle utilisée par Pierre Brutkowsky et des oranges et citrons étalés sur le socle. Cette association — retour obligé de l'histoire — s'accomplit dans l'irrationnel et dégage une certaine dose d'esprit dadaïste. Outre ses triptyques, Braco Dimitrijevic se sert, pour la réalisation de ses œuvres, des moyens habituels aux médias : portraits photographiques, monuments, dalles de marbre, affiches... Des moyens ordinaires afin de changer l'attitude passive du spectateur face à l'information (un mystérieux portrait photographique ornait la façade du Centre Georges-Pompidou lors de l'exposition les Magiciens de la terre, 1989). Dimitrijevic a participé à de nombreuses expositions internationales : Documenta 5 et 7 (1972), Biennale de Venise (1982). D'importantes expositions lui ont été consacrées : Mönchengladbach, 1975 ; Eindhoven, 1979 ; Cologne, 1984 ; Bâle, 1984.
Dine (Jim)
Peintre américain (Cincinnati, Ohio, 1935).
Il fréquenta l'université de Cincinnati, la Boston Museum School et l'Ohio University avant de s'installer à New York en 1959. Il fit rapidement la connaissance d'Allan Kaprow, Bob Whitman et Claes Oldenburg. Avec eux, il fut l'un des premiers artistes à organiser des " happenings ". Sa première exposition personnelle eut lieu en 1960 à la Reuben Gal. La même année, Dine présenta un environnement, la Maison, à la Judson Gal., alors qu'Oldenburg exposait de son côté, dans la même galerie, la Rue. Par la suite, il exposa chez Martha Jackson (1962), Sidney Janis (1964-65 et 1967) et Sonnabend (1970) à New York, chez Robert Fraser à Londres et chez Sonnabend à Paris.
Dine développa dès 1960 un style fort personnel où l'objet joue une place considérable. Ses premières toiles, Silver Tie (1961), Black and Red Paint Boxes (1963), évoquent Jasper Johns à la fois par l'utilisation d'une imagerie simple et directe et, techniquement, par l'emploi de lourds empâtements.
Comme celui de Johns, son œuvre peut être considéré comme une réflexion sur les qualités propres de la peinture et son application sur une surface à deux dimensions. La juxtaposition d'objets réels et d'objets peints met l'accent sur son caractère illusionniste : An Animal (1961), Small Shower (1962), The Toaster (1962, New York, Whitney Museum), Putney Winter Heart (1971, Paris, M. N. A. M.). Mais, dès cette époque, son œuvre présente cependant un caractère plus narratif que ceux des peintres pop auxquels il a été assimilé.
Dine a déclaré qu'il considérait son œuvre comme largement autobiographique, et les nombreuses références à son univers personnel que l'on y rencontre n'ont pas la froideur détachée et objective de la plupart des artistes pop. En 1970, le Whitney Museum lui consacra une importante rétrospective. Les œuvres qu'il présente en 1972 à la galerie Sonnabend marquent un retour à la peinture pure, qu'il associera bientôt à des objets suspendus à la surface de la toile (veston, chaussures, etc., sur fond de cœurs peints) suivant un procédé désormais bien éprouvé (Putney Winter-Heart, 1971-72, M. N. A. M.). Depuis la fin des années 70, il s'attache à un nombre restreint d'emblèmes intimes et sentimentaux : la robe de chambre, le cœur (London Monotypes, 1982) qu'il associe parfois à la silhouette d'un arbre ou — dans la série des 16 grands dessins visionnaires intitulée Athéisme qu'il a réalisée en 1986 pour son exposition à la galerie Baudoin Lebon, Paris — à des coquillages, à des crânes humains, à un œil qui s'ouvre au centre de ses cœurs. Il a peint aussi sur papier en 1978-79 quelques portraits et autoportraits et exécuté un certain nombre de sculptures en bronze qui reprennent des motifs de l'art antique (History of Black Bronze, 1983) ou des thèmes de sa peinture (The Gate, Good bye Vermont, 1985).
diorama
Tableau de grandes dimensions, peint sur une toile sans bords visibles, que l'on soumet à des jeux d'éclairage, tandis que le spectateur est dans l'obscurité.
Le premier diorama de Daguerre et Bouton fut installé, en 1822, rue Samson, derrière le Château-d'Eau, à Paris ; le spectacle le plus admiré fut celui de la Messe de minuit à Saint-Étienne-du-Mont : la nuit envahissait une foule compacte. Brûlé en 1839, le diorama fut reconstruit boulevard de Bonne-Nouvelle, puis de nouveau brûlé en 1849.
Dipre (Nicolas)
Peintre français (Paris – connu à Avignon de 1495 à 1532).
Autour d'un fragment d'une Rencontre à la Porte Dorée (1499, musée de Carpentras) ont été regroupés 7 petits panneaux, éléments de prédelle (Rencontre à la Porte Dorée, Nativité de la Vierge, Présentation de la Vierge au Temple, Louvre ; Mariage de la Vierge, musée de Denver ; Adoration des bergers, San Francisco. M. H. De Young Memorial Museum ; Adoration des mages, musée de Pont-Saint-Esprit, et Crucifixion, Detroit, Inst. of Arts), d'un style tout provençal dans sa construction simplifiée, ses volumes équarris, sa facture sommaire. On en rapproche aussi 2 larges panneaux d'un style plus classique, les 2 faces d'un volet de retable dédoublé, représentant la Toison de Gédéon et l'Échelle de Jacob (Avignon, Petit Palais). L'originalité de Dipre réside dans l'accent rustique des figures trapues et sévères, l'importance donnée aux contrastes de lumière et aux ombres portées ; c'est la dernière expression, mineure mais particulièrement caractérisée, de l'école d'Avignon.