Girardet (Karl)
Peintre suisse (Le Locle, Suisse, 1813 – Versailles 1871).
Fils aîné de Charles Samuel et frère d'Édouard Henri, Karl Girardet s'installa à Paris en 1822 et travailla dans l'atelier de Léon Cogniet. Il débuta au Salon de 1836 et obtint rapidement des commandes ; pour la ville de Neuchâtel, il peignit l'Assemblée de protestants surpris par les troupes catholiques (musée de Neuchâtel), qui connut un grand succès au Salon de 1842. Pour Louis-Philippe, il exécuta de nombreux tableaux officiels dont le Déjeuner offert en 1843 à la reine Victoria en forêt d'Eu (Versailles). Il participa également activement au programme du nouveau Musée historique de Versailles que créa Louis-Philippe en 1837, tout d'abord en assistant son maître L. Cogniet, puis avec son Gaucher de Châtillon défend seul l'entrée d'une rue dans le faubourg de Minieh, 1250 (1844, Versailles) et avec sa série de portraits de notables marocains venus en ambassade, en 1846. Un voyage en Égypte, en 1842, familiarisa l'artiste avec le pays qu'il devait dépeindre. L'artiste rentra en Suisse à la chute de la monarchie de Juillet et s'installa avec son frère Édouard à Brienz, dans le canton de Berne. Là, il se consacra plus spécialement au paysage (musée de Lille ; importante série au musée de Neuchâtel), peignant la campagne suisse ou s'inspirant des croquis qu'il avait rapportés d'Égypte, d'Espagne et d'Italie, et qu'il publia dans des revues telles que le Magasin pittoresque ou le Tour du monde.
Girke (Raimund)
Peintre allemand (Heinzendorf, Schlessen, 1930-Cologne 2002).
Des études en 1951-52 à l'École d'art appliqué de Hanovre, puis, de 1952 à 1956, à l'Académie de Düsseldorf conduisent Girke à élaborer une conception de la peinture prise pour elle-même, dans la lignée d'Ad Reinhardt ou Mark Rothko, qu'il décrira comme de la " peinture fondamentale ". Après avoir réalisé, à partir de 1956, des œuvres très sombres, formées d'accumulations de coups de pinceau alignés rythmant la surface dans des tons noirs, bruns, gris et blancs (Tableau clair, 1959), Girke tend à recouvrir ses fonds de coups de pinceau de plus en plus resserrés, formant une trame régulière tendant à la monochromie (Champ blanc, 1960). C'est dans ce cadre que des structures internes vont se développer à partir de 1963, dans les espaces blancs échelonnés, rythmés par des lignes horizontales, les Fluctuations (1964-1966) et les Progressions (1967-1969). Les peintures des années 1970 poursuivent cette recherche sur l'espace monochrome, en présentant des modifications colorées à peine perceptibles (Grau Feld, 1978, musée de Grenoble) dans la peinture comme dans les œuvres sur papier (aquarelle, huile). La modulation de l'espace est de nouveau affirmée au cours des années 1980, par un retour à un usage du pinceau et de la brosse par touches bien visibles, toujours blanches ou grisées, divisant par des directions légèrement divergentes l'espace de la toile (Mouvement libre, 1985). Professeur de 1966 à 1971 à l'École d'art appliqué de Hanovre, puis, à partir de 1971, à l'École supérieure des arts de Berlin, son œuvre a fait l'objet d'une rétrospective en 1986 au Kunst-verein de Berlin et d'expositions (Dresde, Nuremberg, Wuppertal) en 1996.
Girodet de Roussy-Trioson (Anne-Louis)
Peintre français (Montargis, Loiret, 1767 – Paris 1824).
Envoyé très tôt à Paris, où de bonnes études classiques révèlent ses dons littéraires et artistiques, il a pour tuteur le docteur Trioson, dont il deviendra le fils adoptif après la mort de son père. Il fut un des meilleurs élèves de l'atelier de David, où il entra en 1785 ; il y prépara le prix de Rome, qu'il obtint en 1789 avec Joseph reconnu par ses frères (Paris, E. N. B. A.). De la même année date une Déposition de croix (Montesquieu-Volvestre, église). Le contact avec la peinture italienne favorisa peut-être l'éveil de sa personnalité, en rupture avec le davidisme ; dès 1791, interprétant le sfumato de Léonard et de Corrège, il faisait de l'étrange Sommeil d'Endymion (Louvre) le premier succès romantique ; tempérament exigeant, il reste classique dans ses compositions historiques, telles qu'Hippocrate refusant les présents d'Artaxerxès (1793, Paris, faculté de médecine), où sa volonté d'exprimer les passions le rapproche plus de Poussin que de David. Réfugié à Naples en 1793, il exécute quelques paysages néo-classiques (Dijon, musée Magnin), méconnus mais dignes des maîtres du genre. Sur le chemin du retour en France, à Gênes, où la maladie le retient, il peint pour Gros, venu avec l'armée d'Italie, son Autoportrait (1795, Versailles), qu'il échange contre celui de son ami. Bien que de facture essentiellement classique, les portraits de Girodet reflètent les tendances d'une époque de transition et montrent une volonté d'adapter le style à la personnalité du modèle : ils rappellent Greuze (le Docteur Trioson, 1790, musée de Montargis), puis suivent le courant davidien (Belley, 1797, Versailles ; Portrait d'homme, musée de Saint-Omer ; Larrey, 1804, Louvre), avec parfois une marque de fantaisie (Romainville Trioson, 1800, Louvre) ou de romantisme (le célèbre Chateaubriand, 1809, musée de Saint-Malo). L'originalité de l'artiste s'exprime librement dans une interprétation de thèmes littéraires : Ossian (château de Malmaison, pour lequel il fut commandé en 1800), par sa lumière glauque et son enchevêtrement de formes spectrales, déplut à David, qui, en revanche, apprécia la tragique grandeur du dantesque Déluge (1806, Louvre) et la touchante pureté d'Atala au tombeau (1808, id.), fidèle illustration du roman de Chateaubriand. Avec le même soin que pour Atala et que précédemment pour le satirique portrait de Mademoiselle Lange en Danaé, qui fit scandale au Salon de 1799 (Minneapolis, Inst. of Arts), il peignit la fade beauté de Galatée (1819, château de Dampierre), se souvenant ici des sculptures de Canova. Ainsi, au moment où allait exploser le Romantisme, ses dernières œuvres accusent une fidélité au Classicisme, qu'il n'abandonnera jamais complètement dans les portraits et sujets d'histoire, même lorsqu'il montre la fascination que l'exotisme exerce sur lui (Un Indien, musée de Montargis ; la Révolte du Caire, 1810, Versailles). Son atelier, célèbre sous la Restauration, dispensait d'ailleurs un enseignement de type académique, et l'on put dire que sa mort précipita le déclin de la peinture néo-classique. Le musée Girodet de Montargis conserve plusieurs toiles et dessins de l'artiste.