Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Backer (Harriet)

Peintre norvégien (Holmestrand 1845  – Oslo 1933).

Elle se forma à Christiania (1861-1874), à Berlin (1866), en Italie et à Munich (1874-1878), où elle subit l'influence des maîtres hollandais, dont les solutions apportées aux problèmes de composition de lumière et de couleurs la préoccupèrent tout au long de sa carrière. Avec sa toile Solitude (1878-1880, coll. part.), elle attira l'attention au Salon de Paris, où, de 1878 à 1880, elle fut élève de Bonnat et de Gérôme. Elle fut marquée par le Naturalisme français mais également par l'Impressionnisme : Intérieur bleu (1883, Oslo, Ng.), le Séchage du linge (1886, Bergen) et Chez moi (1887, Oslo, Ng.). Elle a pour devise : " Le plein air dans l'intérieur. " En 1886, à la ferme de Fleskum, elle fait partie des peintres d'atmosphère, avec Werenskiold et Kitty Kieland, et trouve dans des intérieurs de fermes et surtout dans les églises médiévales les motifs de quelques-unes de ses œuvres les plus marquantes : Baptême d'enfant dans l'église de Tanum (1892, Oslo, Ng.) ; Joueurs de cartes (1897, id.). Sa production limitée (moins de 200 œuvres) comprend des paysages et des natures mortes, ainsi que quelques portraits. Sa peinture, tout en paysages subtils et miroitants, mériterait d'être mieux connue.

Backer (Jacob de)
ou Jacques de Backer

Peintre flamand (Anvers v. 1555  – id. v. 1585).

Peintre de sujets mythologiques et religieux, très apprécié en son temps, italianisant renommé, dans la manière de Floris, il se forma à Florence et à Rome, où il séjourna entre 1557 et 1560, et aurait été l'élève d'Antonio Palermo, puis d'Hendrick Van Steenwijk. Selon Van Mander, il serait mort à l'âge de trente ans, mais aucune mention n'est faite de ses dates de naissance et de mort. Ses œuvres ont disparu pour la plupart. On sait qu'il peignit, pour l'église Notre-Dame d'Anvers, le Triptyque du Jugement dernier, encore placé au-dessus du tombeau de l'imprimeur Christophe Plantin, mort en 1589. Parmi ses tableaux, on peut citer : Jésus bénissant les enfants au musée d'Anvers, Vénus, Bacchus et l'Amour au musée de Perpignan et une belle suite des Péchés capitaux à Naples, Capodimonte.

Backhuysen (Ludolf)
ou Ludolf Bachhuysen
ou Ludolf Backhuyzen

Peintre et graveur néerlandais (Emden 1631  – Amsterdam 1708).

Formé chez Everdingen et Dubbels, il doit davantage à Willem Van de Velde le Jeune. Extrêmement apprécié de son temps et exagérément vanté au siècle suivant, ce peintre, exact dans ses descriptions de bateaux, eut une œuvre féconde, mais quelque peu monotone. Sa production se partage entre les vues de port topographiquement précises, les grands événements de l'histoire maritime des Pays-Bas et des Tempêtes (Londres, Greenwich Maritime Museum) dramatiques qui conviennent à son génie, limité, mais agréablement anecdotique. Une des plus belles séries de Backhuysen se trouve au Greenwich Maritime Museum. Le Louvre possède plusieurs toiles de lui, dont l'une, Amsterdam vue de l'Ij, est un présent de la ville d'Amsterdam à Hugues de Lionne, ministre de Louis XIV, en 1666.

Bacon (Francis)

Peintre britannique (Dublin 1909-Madrid 1992).

Il s'installe à Londres en 1925. Autodidacte, il séjourne en 1926-27 à Berlin et à Paris, où il visite une exposition Picasso. D'abord dessinateur (projets de meubles et de tapis) et décorateur (il expose dans son atelier en 1930), il commence à peindre à la fin de 1929, mais interrompt fréquemment son travail, qu'il détruisit en grande partie : restent une dizaine de toiles de 1929 à 1944. Ses premières expositions eurent lieu à Londres (1949, gal. Hanover), à New York (1953) et à Paris (1957, gal. Rive droite). Relativement marqué à ses débuts par le Surréalisme (Peinture, 1946, New York, M. O. M. A.), il fit toujours figure d'indépendant dans la peinture contemporaine. La plupart de ses tableaux représentent des personnages isolés, groupés par deux, ou plus rarement par trois, immobiles ou en mouvement. Il a traité des sujets religieux, en particulier la Crucifixion, dès 1933, sans aucune soumission à la représentation traditionnelle (Trois Études de figures au pied d'une Crucifixion, 1944, Londres, Tate Gal.). Un thème iconographique préexistant sert souvent de point de départ : Autoportrait de Van Gogh (1957), le Pape Innocent X de Velázquez (1953, 1960), la nurse hurlante du Cuirassé Potemkine d'Eisenstein (1957) ou la photo, extraite d'un journal, d'un homme politique gesticulant. L'œuvre de Bacon cherche à frapper le spectateur jusqu'au plus intime de lui-même ; cette attitude a pu être qualifiée d'" existentialiste " dans la mesure où l'individu est saisi au cœur de son isolement irréductible (dans la chambre, le lit ou un espace presque totalement abstrait), accentué par la très fréquente présentation en triptyque, dont les personnages juxtaposés ne communiquent guère, ce qui donne un aspect à la fois séquentiel et syncopé d'image filmique (Études du corps humain, 1970 ; Corps en mouvement, 1976). Outre ceux de la photo et du cinéma, la mise en page de Bacon utilise à ses propres fins les arguments plastiques et émotionnels issus d'esthétiques contemporaines, de l'Expressionnisme au Minimal Art. Mais l'essentiel de son apport consiste en une interprétation inédite du corps et du visage humains, restitués en des attitudes ramassées mais vivantes ou en des expressions hagardes mais d'une vérité criante. Un pinceau souple et cursif fouette une couleur mate et légèrement grenue aux nuances chatoyantes et acides. Les personnages de Bacon, à la limite de la désagrégation ou de la déformation d'un phénomène optique, sont paradoxalement peints dans des postures quotidiennes : assis, couchés, vautrés, endormis ou faisant l'amour, déféquant (Deux Figures dans l'herbe, 1954). Une analogie d'attitudes et de situations rapproche l'homme de l'animal, du chien (1952, New York, M. O. M. A.), plus souvent du singe (Chimpanzé, 1955, Stuttgart, Staatsgal.). L'artiste a laissé de certains visages, et notamment du sien, des variations saisissantes dans l'accord entre le jeu coloré et celui des expressions (Autoportraits, 1967, 1972, 1973 ; George Dyer et Isabel Rawsthorne, 1968 ; Henrietta Moraes, 1969 ; Trois Études pour un portrait de Peter Beard, 1975). L'influence de Bacon s'est exercée entre 1950 et 1960 surtout en Italie, et la Nouvelle Figuration a pu saluer en lui un authentique précurseur. L'artiste vit à Londres. Il est représenté dans de nombreux musées anglais, américains et allemands ainsi qu'en France, au M. N. A. M. (Triptyque, 1964) et au musée Cantini de Marseille (Autoportrait, 1976). Parmi les nombreuses expositions rétrospectives, citons celles du Grand Palais (Paris, 1971-72) et de la Tate Gallery (Londres, 1985). Une nouvelle rétrospective Bacon a été présentée (Paris, Munich) en 1996-97.