Sully (Thomas)
Peintre américain (Horncastle, Grande-Bretagne, 1783 – Philadelphie 1872).
Né en Grande-Bretagne, il fut élevé à Charleston, où ses parents avaient émigré. D'abord établi à New York (1806), puis à Philadelphie (1808), il fit un séjour à Londres (1809-10) avant de revenir aux États-Unis. Il y avait été l'élève du peintre américain Gilbert Stuart et fut à Londres celui de Benjamin West. Il devint rapidement un portraitiste réputé. Son style, de formation anglaise, rappelle celui de Lawrence. Comme ce dernier, Sully sut donner à ses modèles de la dignité, de l'élégance et une pointe de douce mélancolie, qui lui assura un immense succès (Colonel T. H. Perkins, 1831, Boston, M. F. A. ; Mère et enfant, 1840, Metropolitan Museum). Son prestige fut énorme (près de 2 000 portraits et 400 paysages). Il fut aussi envoyé en Angleterre en 1838 pour faire le portrait de la nouvelle reine, Victoria, commandé par la Society of the Sons of Saint George de Philadelphie (coll. part.). Il s'essaya avec talent à la peinture d'histoire dans un tableau destiné au Capitole de Washington : Washington franchissant le Delaware (1819 ; Boston, M. F. A., esquisse à New York, Metropolitan Museum).
Sultan (Donald)
Peintre américain (Asheville, Caroline du Nord, 1951).
Les œuvres de Sultan peuvent se décomposer en deux catégories : des peintures colorées, mettant en évidence des formes bien marquées, définies par leur silhouette, et des peintures sombres, d'une lecture difficile. Les premières œuvres de Sultan sont des représentations d'objets réduits à des formes géométriques simples : tables blanches représentées en creux, cigarette (Cigarette Dec. 6, 1979), pistolet (White Gun March 18, 1982). À partir de 1983, les natures mortes prennent une place de plus en plus importante, avec un modelé plus accentué et des couleurs vives, plus variées : nombreux fruits, pommes, oranges ou séries de fleurs, dans des vases, groupes de grandes tulipes noires. Tous ses sujets se détachent sur des fonds très variés de toile cirée, de masonite ou même de feuilles mortes (Oil pump 8, 1983), travaillés avec du latex, du goudron, traités au couteau ou à la flamme. Les peintures sombres sont le plus souvent suscitées par des motifs de désastres de la société industrielle, déraillements, incendies (Firemen March 6, 1985, Boston, M. F. A.), inspirées de photographies de journaux. Dans Battleship, July 12, 1983, l'accent est mis sur le contraste des fûts de canons noirs et des jets de flammes orange. Sultan joue sur les contrastes d'ombre et de lumière, l'emmêlement des lignes visant à rendre le caractère dramatique des événements, ainsi dans Lines Down Nov. 11, 1985, comportant un enchevêtrement de pylônes électriques brisés. Présenté fréquemment par la gal. Blum Helman de New York, son œuvre a fait l'objet d'une exposition au M. A. C. de Chicago en 1987.
Sunyer (Joaquín)
Peintre espagnol (Sitges 1875 id. 1956).
Éudiant à l'École San Jorge de Barcelone et issu du milieu " moderniste " de cette ville, il partit très jeune pour Paris, où il demeura jusqu'en 1911 et où il puisa l'essentiel de sa formation artistique, influencée avant tout par Cézanne et Renoir. Il expose en 1904 à Paris auprès de Matisse, Vuillard, Marquet, Valloton. Artiste " méditerranéen " probe et discret, profondément épris de sa terre natale, il choisit les campagnes et les côtes catalanes comme théâtre de pastorales et d'idylles rustiques où des figures de jeunes femmes — paysannes ou baigneuses, mères entourées de leurs enfants — se groupent sur des rythmes harmonieux avec des formes arrondies et simplifiées. Cet art optimiste, d'une paisible innocence, d'une noblesse spontanée, mais quelque peu monotone, n'a guère évolué au cours de la longue carrière de l'artiste. On peut s'en rendre compte notamment au M. A. C. de Barcelone, qui expose une vingtaine d'œuvres de Sunyer, d'autres figurant dans le collections du M. E. A. C. de Madrid.
Support-Surface
ou Supports-Surfaces
Ce nom désigne un groupe artistique français du XXe s. Dans la voie ouverte par l'affirmation de la réalité physique du tableau, qui commence par Matisse et se continue aux États-Unis par la Nouvelle Abstraction et le Hard Edge, un certain nombre d'artistes français développent des expériences et des théories sur la matérialité de la peinture. Ces artistes, qui vont reprendre certaines des orientations de Buren et du groupe B. M. P. T., mais aussi les recherches plus mystiques de Hantaï, apparaissent dès 1966-67 en province, surtout autour de Nice, dans des manifestations comme celles qui sont organisées dans les rues du village de Coaraze (1969). Un certain nombre d'entre eux, presque tous originaires du midi de la France (Bioulès, M. Devade, D. Dezeuze, P. Saytour, A. Valensi, C. Viallat), constituent à l'automne de 1970 (exposition à l'A. R. C., Paris, M. A. M. de la Ville) le groupe Supports-Surfaces, que rejoignent l'année suivante Arnal, N. Dolla, T. Grand et Pincemin. En 1971, plusieurs manifestations rendent compte de leurs travaux, mais une scission, née d'oppositions théoriques et politiques, conduit certains (Dolla, Saytour, Valensi, Viallat) à revenir à un travail axé sur la province, tandis que d'autres (Bioulès, Cane, Devade, Dezeuze) poursuivent à Paris des expériences et l'élaboration d'une théorie matérialiste fondée sur le marxisme-léninisme, qu'ils expriment dans leur revue Peinture, cahiers théoriques. Le dogmatisme et la réussite (de la rue, le groupe est passé à la galerie, puis au musée) éloignent en 1972 Bioulès, puis Dezeuze, mais Cane et Devade ne renoncent pas et s'assurent les contributions d'auteurs comme Marcelin Pleynet ou Philippe Sollers. Tous ces artistes (et d'autres, tel C. Jaccard) ont néanmoins en commun le refus de l'œuvre d'art et du message au profit d'expériences jalonnant une démarche pratique et théorique. Les exemples les plus intéressants sont fournis, en plus de leurs textes, par les œuvres de Cane (toiles teintées, découpées et tendues partie sur le mur, partie sur le sol), Viallat (empreintes répétées sur toile non tendue, filets, cordes), Dezeuze (grilles, échelles souples), Saytour (bâtons peints, bandes de couleurs), Devade (toiles composées de bandes horizontales et verticales). Une exposition Supports-Surfaces (1966-1974) a été présentée (Saint-Étienne, M.A.M.) en 1991.