Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Carus (Carl Gustav)

Médecin, botaniste, théoricien d'art et peintre allemand (Leipzig  1789  – Dresde 1869).

Médecin formé à Dresde, il fut initié au dessin par Julius Dietr. Il connaît Tieck, Thorvaldsen et Humboldt. Il voyage dans les Riesengebirge (1820), à Weimar (visite Goethe en 1821), en Italie (1821, 1828 et 1841), en France (rencontre David d'Angers en 1835) et en Angleterre (1844) et est, à partir de 1827, médecin de la maison royale de Saxe.

   Il est considéré comme l'un des artistes les plus représentatifs du Romantisme allemand et le principal théoricien de la peinture de paysages : Neuf Lettres sur la peinture de paysage (1831) et Douze Lettres sur la vie de la terre (1841). Lié avec Goethe, dont il admirait l'universalité (Monument à la mémoire de Goethe, 1832, Hambourg, Kunsthalle), il correspondit avec lui à partir de 1818 et fut son biographe (Goethe, 1843). D'abord profondément influencé par Friedrich (Sépulture préhistorique au clair de lune, 1820, Brême, Kunsthalle), il développe ensuite une théorie du paysage comme visualisation de la vie propre de l'univers et s'attache alors à une description vériste des éléments géologiques (la Chaîne du Mont-Blanc, 1821-1824, Essen, Museum Folkwang). Il est représenté dans les musées de Düsseldorf (Paysage alpin, 1822 ; Promenade en barque sur l'Elbe, 1827), de Dresde (neuf paysages, dont les Chênes au bord de la mer ), de Karlsruhe (Atelier au clair de lune, 1826), de Leipzig (le Cimetière d'Oybin, 1828 ), de Hambourg.

Carvajal (Luis de)

Peintre espagnol (Tolède 1534  –El Pardo 1607).

De famille tolédane, demi-frère du sculpteur Monegro et disciple de Villoldo, Carvajal compléta sa formation artistique par un voyage en Italie attesté par sa présence à l'Académie de Saint-Luc en 1577. Il fut distingué par Philippe II et prit une part importante à la décoration de l'Escorial, où il réside souvent entre 1579 et 1590. Il y peignit divers tableaux (Madeleine, Nativité) ainsi que 2 triptyques sur la vie du Christ pour le grand cloître. La mort de Navarrete ayant interrompu l'exécution des grands couples de saints prévus pour les autels de l'église, il joua un rôle prédominant au sein de l'équipe qui acheva la décoration : les 7 tableaux qu'il peignit de 1580 à 1582 surpassent ceux de ses collègues (Sánchez Coello, Diego de Urbina) par la gravité virile et le réalisme des figures processionnelles. Il peignit par la suite d'autres retables pour des églises et des couvents de la Castille centrale (Madrigal, Tolède, Ocaña, Yepes), avant de mourir au Pardo, où Philippe II l'avait appelé pour participer à la décoration du palais après l'incendie de 1604. Carvajal est l'unique peintre espagnol à pouvoir rivaliser avec les Italiens venus travailler à l'Escorial (Zuccaro, Cambiaso, Tibaldi).

Casado del Alisal (José)

Peintre espagnol (Palencia 1812  – Madrid 1886).

Élève de F. de Madrazo à l'Académie de San Fernando de Madrid, il obtint en 1855 une bourse royale pour étudier à Rome, où il passa plusieurs années, et se rendit en France. En 1874, il fut nommé directeur de l'Académie espagnole des Beaux-Arts de Rome, créée en 1873, et le demeura jusqu'en 1881. Il est, avec Gisbert et Rosales, le grand représentant de la peinture d'histoire du XIXe s. espagnol et connut un grand succès. De Bernardo del Carpio (Palma de Majorque, musée des Beaux-Arts), peint à Rome en 1858, des Dos Caudillos (1866, Madrid, Senado) ou de la Reddition de Bailen (1864, Madrid, Casón) à la Campagne de Huesca (1882, Huesca, mairie), exposée à Paris en 1889, et à Santiago en la Batalla de Clavijo (1885, pour le maître-autel de la chapelle des ordres militaires à San Francisco el Grande, Madrid, in situ), ses compositions aux effets lumineux, au réalisme violent avec une forte expression des sentiments par les gestes ont inspiré beaucoup d'épigones.

Casanova (Francesco Giuseppe)

Peintre italien (Londres 1727  – Brühl 1802).

Né à Londres de parents vénitiens, frère de Jean-Jacques Casanova, auteur des célèbres " Mémoires ", Francesco fut l'élève de G. Guardi à Venise, où il copia aussi les œuvres de Simonini : il séjourna à Dresde (1753-1761), à Paris (1761– 1783), où il fut reçu académicien en 1763, à Vienne (1783-1802). Ses dessins, d'une grande liberté (Louvre), ses paysages, ses scènes pastorales et, surtout, ses batailles sont un brillant pastiche de Parrocel, de Courtois et de Wouwermann, et sont traités avec un brio qui suggère à la fois l'influence des grands Vénitiens et celle de Fragonard. Malgré le manque d'originalité de ses compositions, il fut célèbre dans toute l'Europe et reçut des commandes du prince de Condé (1768-1775 : Bataille de Rocroi, Lyon, École de médecine militaire), de Catherine II, de Kaunitz, de Mme du Barry (4 panneaux, l'Orage, l'Ouragan, Attaque de voleurs, Rupture d'un pont, provenant de son pavillon de Louveciennes, musée de Rennes).

Casas y Carbo (Ramón)

Peintre espagnol (Barcelone 1866  – id. 1932).

Disciple du peintre Juan Vicens, il partit en 1882 pour Paris, où il fut l'élève de Carolus-Duran. Après des séjours à Madrid, à Grenade et à Barcelone, il revint à Paris en 1885, fréquenta l'Académie Gervex et se lia avec d'autres Espagnols de Paris, le Basque Zuloaga, les Catalans Rusiñol et Utrillo, en compagnie desquels il vécut à Montmartre jusqu'en 1894. Durant cette période, il peignit de nombreuses scènes de la vie parisienne, adroites et sensibles. Revenu à Barcelone, il y apporta un peu de l'atmosphère montmartroise, fondant, à l'imitation du Chat-Noir, le cabaret des Quatre Gats, dont la revue du même nom (à laquelle succéda en 1899 Pel i Ploma) fut, par ses articles et ses illustrations, un foyer d'élection pour le " modernisme " catalan. Casas fit surtout, depuis cette époque, œuvre de portraitiste. Dessinateur large et incisif, il influença certainement le jeune Picasso ; la collection de grands fusains qui est entrée au M. A. C. de Barcelone est à la fois une galerie de portraits et un document d'histoire où revit toute l'intelligentsia catalane des années 1900. Casas laissa, à la même époque, un ensemble intéressant d'affiches. Il a fondé et dirigé deux revues d'art à Barcelone : Forma et Pel i Ploma. Ses œuvres ont été exposées dans des capitales européennes : Madrid, Paris, Vienne, Berlin et Münich. Il est représenté à Madrid dans les collections du M. E. A. C.