Aleš (Mikoláš)
Peintre tchèque (Mirotice, Bohême du Sud, 1852 – Prague 1913).
Il est avec Josef Mánes, qui fut son inspirateur, le peintre qui sut le mieux exprimer les espoirs et la prise de conscience nationale de son peuple.
Il entra à l'Académie des beaux-arts de Prague (1869-1876), où il devint l'élève de M. Trenkwald et de J. Swerts ; il subit peu leur influence et étudia surtout l'art de Svoboda et de Mánes. Une de ses premières toiles, Rencontre du roi Georges de Poděbrady et de Mathias Corvin (1878, musée de Prague), montre son goût pour les compositions mouvementées et monumentales. Son sens de la poésie champêtre se retrouve dans le Triptyque de mai (id.). Après un voyage en Italie en 1879, il obtint avec ˇZenišek la décoration des lunettes du foyer du Théâtre national de Prague, relatant l'épopée slave. Aleš réalisa peu de compositions monumentales, à l'exception de quelques façades de maisons. Comme illustrateur de livres, il composa en 1882 le cycle des Éléments, à la gloire des Peaux-Rouges de l'Amérique du Nord. Il collabora de plus en plus à des journaux, illustra diverses légendes slaves, mais aussi des chansons populaires, dont le recueil Spaliček reste le plus connu.
Caricaturiste et pamphlétaire dans ses illustrations, Aleš sait atteindre une dimension épique et lyrique dans sa peinture. Dans un répertoire consacré au passé et aux légendes tchèques, il créa de larges compositions où figuration fantastique et figuration réaliste se côtoient et où le souffle poétique l'emporte sur la vraisemblance. Dans son Paravent des quatre éléments (1878, Prague, Národní Galerie) comme dans son œuvre graphique, il développa un art ornemental préparant le Jugendstill (Mucha), sa terre natale étant à la fin du siècle, comme les autres pays d'Europe touchée aussi par l'Impressionnisme (Antonín Slavicěk), le Symbolisme (Jan Preisler) et par Kupka dans ses œuvres de jeunesse. Ce ne fut que vers la fin de sa vie qu'on reconnut le talent d'Aleš.
Alexander (John White)
Peintre américain (Allegheny, auj. Pittsburgh, 1856 – New York 1915).
Il commença sa carrière en 1875 comme illustrateur au Harper's Weekly avant de partir pour l'Europe (1877), où il fut l'un des " Duveneck boys ", étudiant avec le maître à Munich et Polling puis en Italie. Il se lia avec Whistler, dont l'influence sur son style est manifeste. C'est alors en effet qu'Alexander évolue d'une matière épaisse, empâtée, vers une touche plus fine et une couleur plus étale. De retour aux États-Unis en 1881, il continua à travailler pour le Harper's, et devint parallèlement un portraitiste renommé (série des contemporains célèbres pour le Century Magazine, 1886 ; Walt Whitman, 1886-1899, New York, Metropolitan Museum). Il habita Paris de 1890 à 1901, fréquentant Rodin, H. James, O. Wilde ou Mirbeau, et y fut en contact avec le Symbolisme et l'Art nouveau (Isabelle et le pot de basilic, 1897, Boston, M. F. A.). Alexander revint s'établir à New York en 1901, où il jouit d'une réputation considérable, due en partie aux peintures murales exécutées à la bibliothèque du Congrès de Washington (1895-96) et au Carnegie Institute de Pittsburgh (1905-1915). Élu à la N. A. D. en 1902, il en fut le président à partir de 1909.
Alexandrino de Carvalho (Pedro)
Peintre portugais (Lisbonne 1730 – id. 1810).
Formé dans son pays, cet artiste fut le disciple et le collaborateur d'André Gonçalves, à qui il succéda dans la seconde moitié du XVIIIe s. Peintre et dessinateur habile, il fut un décorateur d'une extrême fécondité, spécialisé dans la peinture de plafonds et de tableaux d'autel où se mêlent l'influence du baroque italien et du style rocaille français (église São Francisco de Paula, Lisbonne). Le Sauveur du Monde, exécuté en 1778 pour la cathédrale de Lisbonne (auj. disparu ; esquisse à Lisbonne, M. A. A.), considéré comme son chef-d'œuvre, lui assura le succès. Il s'inspire souvent pour ses compositions de gravures dont le dynamisme est atténué par un certain académisme dans les gestes (Vierge et Saintes, Museu nacional Soares dos Reis, Porto). Moins connu que certains de ses contemporains qui bénéficièrent d'une formation étrangère, il les surpasse pourtant par la liberté et le dynamisme de ses compositions. Ses œuvres figurent dans la plupart des édifices religieux reconstruits à Lisbonne après le tremblement de terre de 1755 (églises des Martyrs, de l'Incarnation) ainsi que dans de nombreux palais et églises portugais. Il fut aussi portraitiste, peintre de nature morte et scénographe.
Alighiero e Boetti
Artiste italien (Turin 1940 – Rome 1994).
Peintre autodidacte, il participe en 1967 à l'exposition fondatrice de " Arte Povera — Im Spazio ", organisée par G. Celant à la galerie La Bertesca, à Gênes, où il présente deux plaques de fonte, peintes en rouge avec une peinture industrielle et intitulées du nom de cette peinture (Rosso Guzzi 001305 et Rosso Gilera 001232, 1967). Il crée également des sculptures réalisées avec des matériaux " pauvres ", telle Colonne (1968) faite d'assiettes en carton empilées. Il s'apparente au mouvement conceptuel au début des années 70 ; il réalise alors le classement des " Mille fleuves les plus longs du monde " (1970-1973) réuni dans un livre de 1 000 pages. Il voyage au Guatemala, puis en Afghanistan, où il fait réaliser des broderies d'après ses directives par des artisans (Map, 1971). Il conçoit ainsi une série de 100 tableaux de petit format, brodés, intitulés " Ordre et désordre ". Composées de grilles de carrés colorés où s'inscrivent des lettres ou des signes, les broderies conçues par Boetti établissent un lien entre l'art et l'artisanat. En 1984, il expose à Rome douze toiles, représentant 216 couvertures de revues recopiées avec un crayon noir sur papier, qui remettent en question la démarche des artistes du pop art. Une exposition lui a été consacrée (Grenoble, C. N. A. C.) en 1993-1994 et (Turin, G. A. M.) en 1996.
Aligny (Théodore Caruelle d')
Peintre français (Chaumes, Nièvre, 1798 – Lyon 1871).
Cet élève de Regnault et de Watelet, continuateur du paysage historique, fut cependant un des premiers à ressentir le besoin de l'étude d'après nature. Tôt venu à Barbizon, il y retourna souvent. C'est en Italie, en 1825, que naquit son amitié pour Corot, qu'il comprit et encouragea. Aligny voyagea dans le midi de la France, en Normandie, de nouveau en Italie (1834-1836) et en Grèce (1843). Il mourut directeur de l'École des beaux-arts de Lyon. Il est représenté au Louvre (Prométhée, Salon de 1837) et dans plusieurs musées (Avignon, Lyon). L'art d'Aligny conjugue un sens graphique des lignes souples et aiguës, et le goût des franches oppositions de lumière et d'ombre.