Demarco (Hugo Rodolfo)
Artiste argentin actif en France (Buenos Aires 1932 – Paris 1995).
Successivement élève puis professeur à l'école des Beaux-Arts de sa ville natale en 1957, Demarco a bénéficié d'une bourse du gouvernement français en 1963 et s'est installé à Paris. Dans l'importance contribution que les artistes sud-américains ont apportée à la vie artistique européenne, la diaspora argentine, fuyant un régime dictatorial, a brillé d'un vif éclat dans tous les domaines de la culture et pas seulement dans les arts plastiques, où s'illustrent Demarco, Julio Le Parc, l'Italo-Argentin Vardenega, Marta Boto, Horacio Garcia Rossi, G. Kosice. Très proches les uns des autres, très proches des Vénézuéliens Cruz-Diez, Soto et Soto, ils forment avec quelques Français, Yvaral, Morellet, le fer de lance du Cinétisme. Partageant en partie l'utopisme qu'incarne alors particulièrement Vasarely quant à la possibilité de changer le monde en créant un art moderne accessible à tous, pénétrant et informant tout le corps social, idées que partageait le groupe international " Nouvelle tendance, recherche continuelle ", Demarco et ses amis, portés par leur idéal, n'ont pas cherché une reconnaissance et ont à peine une œuvre personnelle. Demarco et Le Parc sont de ceux qui se sont montrés les plus novateurs dans la recherche d'une quasi-immatérialité de l'œuvre, qui ne se manifeste que comme pur effet visuel de lumière et de mouvement, dont la relation constitue ce que Demarco désigne comme " la forme " (Mouvement horizontal et vertical, 1968-92). Dans un stade ultérieur, l'utilisation d'objets simples en mouvement introduit le temps, facteur, quant à lui, d'immatérialité et pourtant objectivé et même matérialisé par ce que Demarco appelle l'" inquiétude perceptive ". Fidèle à la galerie Denise René (exposition en 1994), Demarco montre aussi ses Structures, Vibrations et autres Superpositions simultanées, Mouvement, (1994) dans les pays scandinaves et en Italie (Milan). Il est présent dans les collections publiques de France et d'Amérique du Sud, (Buenos Aires, Caracas) et le musée de Valparaiso lui a fait tôt accueil.
Demarne (Jean-Louis)
Peintre français d'origine flamande (Bruxelles 1752 ? – Paris 1829).
Venu tout jeune à Paris, il échoua dans la peinture d'histoire et fut agréé à l'Académie comme peintre d'animaux (1783). Ses scènes de genre et de cabaret sont imitées des petits maîtres néerlandais du XVIIe s., P. Potter ou A. Van de Velde (les Saltimbanques devant une auberge, 1824, musée de Grenoble). Ses paysages, d'une facture très précise, rejoignent, par leur réalisme, ceux de Bruandet ou de G. Michel (le Coup de vent, 1817, musée de Dijon). Ses compositions, aérées et vivantes, seront reprises par ses élèves (La Joye, R. Ganthier). Demarne participe aussi au Préromantisme, se tournant non vers l'Antiquité, mais vers le Moyen Âge et le XVIIe s. Mais il se fait bien davantage le chroniqueur de son temps (Entrevue de Napoléon et de Pie VII dans la forêt de Fontainebleau, le 24 novembre 1804, Salon de 1808, Fontainebleau). Son œuvre très abondant, où dominent les petits formats, est bien représenté dans les musées de province : Amiens, Besançon (la Noce comtoise), Cherbourg, Dijon, Montpellier et Quimper et dans les musées russes : Saint-Pétersbourg, Moscou.
Demuth (Charles)
Peintre américain (Lancaster, Penn., 1883 – id. 1935).
Après des études classiques à la Pennsylvania Academy of Fine Arts, il effectue en 1907 son premier voyage en Europe et séjourne quelque temps à Paris. Comme de nombreux artistes américains établis dans la capitale française, il découvre Matisse, Braque et Picasso. Le Cubisme le marque profondément : ses premiers paysages, pour la plupart exécutés à l'aquarelle, révèlent une étonnante liberté du pinceau et des couleurs alliée à une forme de cubisme analytique qui constituera le fondement de son œuvre ultérieur. Après un deuxième voyage en Europe, il séjourne aux Bermudes (1917) en compagnie de Marsden Hartley, dont l'influence, avec celle de Marcel Duchamp, l'amène aux limites de la figuration : du premier, il retient les simplifications géométriques extrêmes, tandis qu'il admire la netteté d'exécution des " épures d'ingénieur " du second (Arbres et granges, Bermudes, 1917, Williamstown, Williams College Museum of Art). Il est l'un des premiers artistes américains à adopter l'imagerie machiniste de Duchamp et Picabia : autour de Morton Schamberg, de Charles Sheeler et de Charles Demuth se constitue le groupe connu sous le nom de " Precisionists " ou d'" Immaculés ", dont, à la différence des autres cubistes américains, le but n'est pas de briser les masses par la fragmentation des plans, mais au contraire de simplifier, styliser, voire schématiser les principales " lignes de force " afin de mettre en évidence la structure de l'objet : Machinerie (1920, New York, Metropolitan Museum).
À partir de cette époque, ses représentations de l'univers industriel lui permettent de montrer la nouvelle civilisation américaine et sont à mettre en rapport avec la glorification de la machine et du monde moderne prônée par Fernand Léger et les constructivistes européens (l'Encens d'une nouvelle Église, 1921, musée de Columbus, Ohio ; Mon Égypte, 1927 [qui représente un silo à grains], New York, Whitney Museum).
Introduisant, à l'exemple de Sheeler, la technique prismatique, il réduit souvent l'espace de sa toile à 2 dimensions par un jeu de plans colorés qui se coupent sans briser la structure du motif et renvoient à la surface même du tableau (Abstraction d'après des édifices, Lancaster, 1931, Detroit, Inst. of Arts). En introduisant parfois des chiffres pour seul motif de la composition, Charles Demuth a anticipé également sur les préoccupations du pop art, de Jasper Johns à Robert Indiana (J'ai vu le chiffre 5 en or, 1928).
Deneuville (Alphonse-Marie)
ou Alphonse-Marie de Neuville
Peintre français (Saint-Omer 1836 – lParis 1885).
Peintre militaire, il s'attacha à rendre avec une vision forte et une exactitude de reporter les combats de la guerre de 1870 (Combat sur la voie ferrée — Armée de la Loire, 1874, Chantilly, musée Condé ; le Cimetière de Saint-Privat, 1881, musée d'Orsay). Son célèbre tableau les Dernières Cartouches (1872, musée de Bazeilles) montre de solides qualités de facture et de coloris. Neuville exécuta avec Édouard Detaille les grands panoramas de Champigny (1882) et de Rezonville (1883), qui furent très vite fractionnés (fragments aux musées de Nantes, de Grenoble, et à Versailles). Il illustra aussi de nombreux livres (Histoire de France de François Guizot, Chants du soldat de Paul Déroulède, 1888). Une exposition consacrée à l'artiste s'est tenue au musée de Saint-Omer en 1978.