Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Sassu (Aligi)

Peintre et sculpteur italien (Milan 1912-Pollença, Baléares, 2000).

Formé à Milan au contact du groupe futuriste (en 1929, il signe avec Munari un manifeste prônant la nouveauté du monde mécanique), il s'oriente, à partir de 1930, vers la peinture réaliste. Les thèmes sociaux, en particulier (paysages de portes et de banlieues ouvrières), trouvent dans son œuvre un écho profond : les Joueurs de dés (1931, Milan, coll. part.), les Cyclistes (1933, id.), Mineur fusillé dans les Asturies (1935, id.). Son adhésion au mouvement Corrente rendit plus évidente sa nouvelle orientation. Par l'exaltation de la couleur embrasée et fantastique, Sassu donne de ses motifs une interprétation personnelle de caractère expressionniste : les Argonautes (1938, Milan, coll. part.). À partir de 1935, il exécute plusieurs cycles de mosaïques (1964, abside du dôme de Lodi, abside de l'église du Carmine à Cagliari). En 1946, il a obtenu le prix d'art sacré de Bergame. Sassu a réalisé des costumes et décors pour le théâtre (Turin, Teatro Regio, 1973 ; arènes de Vérone pour Carmen, 1980). Il a également pratiqué la sculpture (Cheval cabré, 1983, Palma de Majorque). Une rétrospective de son œuvre a été présentée à Monza (pin.) en 1965, à Ferrare avec quelque 120 œuvres au palais des Diamants (1985), à Munich (Staatsgal.) en 1987, à São Paulo (Brésil) en 1992. Il est représenté dans les musées de Rome, du Vatican, de Gênes, de Venise, de Moscou, de New York.

Saul (Peter)

Peintre américain (San Francisco, 1934).

Une formation dans les universités américaines de Stanford, Californie (1949-50), San Francisco (1950-52) et Saint Louis (1952-56), mène Saul à un long séjour en Europe (Pays-Bas, 1956-58 ; Paris, 1958-62 ; Rome, 1962-64), où il se forge un style à la fois issu, par son aspect très pictural, et opposé, par un caractère figuratif affiné, de l'Expressionnisme abstrait. Nourri par la bande dessinée et les graffitis, Saul développe une thématique violente, pornographique ou scatologique dans des peintures exécutées dans un style bâclé (Sex Crime, 1964). À son retour à San Francisco, en 1965, il adopte les thèmes de la contestation hippy, opposition à la guerre du Viêt-nam, au racisme, à la société de consommation, qu'il traite avec une peinture à l'acrylique, sans bavures, en couleurs transparentes ou fluorescentes, présentant un étirement de figures molles, aux membres élastiques, accompagnés d'inscriptions descriptives (Little Joe in Hanoi, 1968). Après une série illustrant l'histoire d'Angela Davis dans des couleurs " technicolor ", Saul réinterprète à partir de 1975, dans des œuvres parodiques, les grands chefs-d'œuvre de la peinture, comme la Ronde de Nuit de Rembrandt ou Guernica de Picasso. Présent dans de nombreuses collections américaines, son œuvre a fait l'objet d'une rétrospective à De Kalb, University of Northern Illinois en 1980, ainsi que de présentations régulières à la galerie Allan Frumkin à New York depuis 1961.

Saura (Antonio)

Peintre espagnol (Huesca 1930-Cuenca 1998).

Il commence à peindre en 1947 à la suite d'une longue maladie. Ses débuts sont marqués par le Surréalisme (paysages du subconscient) et il pratique l'automatisme. Son dynamisme fait bientôt éclater les formes, qui explosent dans une Abstraction lyrique de caractère expressionniste. En même temps, la technique d'Antonio Saura s'enrichit par l'emploi de matières diverses qui ajoutent à la densité de ses couleurs sourdes. Dans les toiles de cette époque, on remarque aussi des effets de grattage et de larges coulures. Ces investigations dans la Non-Figuration informelle aboutissent, v. 1956, à l'irruption d'apparences de personnages imaginaires. Dès lors, Saura ne peindra et ne dessinera plus que des figures singulièrement " défigurées " par la tension qui les anime et la cruauté agressive qu'elles expriment.

   Foncièrement espagnol, son œuvre traduit le sentiment tragique de la vie, l'angoisse de la destinée et atteint, par l'intensité du noir et du blanc, à peine tempérée par les demi-teintes du gris argent, à une somptuosité funèbre. Saura vit à Paris et à Madrid, où il a fondé en 1957 le groupe El Paso avec ses compatriotes Millares, Canogar et Feito.

   La même année, il a montré pour la première fois à Paris quelques-unes de ses peintures à la gal. Stadler, qui a organisé de très nombreuses expositions particulières de son travail depuis 1959. Il a exposé aussi à New York à la gal. Pierre Matisse (1961, 1964). Ses portraits convulsifs et tourmentés sont souvent réalisés dans des tons sourds où noir et gris dominent (Philippe II, 1967 ; le chien de Goya n° 3, 1985). À côté de ses peintures, il a exécuté de nombreuses œuvres graphiques, des découpages, des collages, en utilisant une technique mixte d'huile et d'encre.

   En 1979, le Stedelijk Museum d'Amsterdam lui consacre une importante rétrospective, réunissant les œuvres réalisées depuis la fin des années 40. Cette exposition est constituée de la plupart des séries représentatives de l'œuvre : Dames, 1953-1962 ; Autoportraits 1959-1966 ; Cruxifixions, 1957-1977 ; Portraits imaginaires, depuis 1958 ; la Maison du sourd (d'après Goya), 1972-1973. Antonio Saura est représenté dans de très nombreux musées internationaux, notamment à Barcelone (M.A.M. : Paule, 1959), à Amsterdam (Stedelijk Museum : Infante, 1960), à Pittsburgh (Carnegie Inst. : Portrait imaginaire de Goya, 1963), à Paris (M.N.A.M. : Portrait imaginaire de Tintoret, 1967 ; Diada, 1978-1979), à New York (M.O.M.A. et Brooklyn Museum), à Stockholm (Moderna Museet).

Sauvage (Piat-Joseph)

Peintre flamand (Tournai 1744  – id. 1818).

Ce fut essentiellement un décorateur qui, influencé par les trompe-l'œil de Jacob de Wit, fit des grisailles dans sa ville natale (œuvres au musée) ainsi que pour les maisons royales de la région parisienne (Compiègne), pour des églises de province (Trois Anges, musée d'Orléans). Il fut reçu académicien en 1783 : Table recouverte d'un tapis (Fontainebleau). Il est représenté dans divers musées français, notamment à Bordeaux (Hommage à Pan) ainsi qu'au Metropolitan Museum (Vénus et Cupidon, le Triomphe de Bacchus) et au Louvre (Frise de jeunes enfants).