Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Wilson (Richard)

Peintre britannique (Penegoes, Montgomeryshire, 1714  – Llanberis, Denbighshire, 1782).

Fils d'un clergyman, il reçut une solide formation et fut élevé dans la connaissance approfondie des classiques. Vers 1740, il travaillait à Londres comme portraitiste : l'Amiral Smith (Greenwich, Maritime Museum), le Capitaine Everitt (Melbourne, N. G.), les Princes George et Edward (1748-49, Londres, N. P. G.). Plus significatifs pour l'évolution de sa carrière sont l'Hospice des Enfants-Trouvés et l'Hôpital Saint-Georges, tableaux offerts en 1746 à l'hospice des Enfants-Trouvés, où ils sont toujours (Londres, Thomas Coram Foundation for Children). Wilson exécuta également en 1747 quelques Vues de Douvres (musée de Cardiff). En 1750, il alla jusqu'en Italie, où il fut introduit auprès du cardinal Albani par une lettre de sir Thomas Mann. Il s'appliqua à l'étude du paysage, et ses premières toiles italiennes reflètent le style de Zuccarelli et de Marco Ricci. Il subit aussi l'influence de Salvator Rosa, de Nicolas Poussin et de Gaspard Dughet ainsi que de Claude Lorrain. Wilson se trouvait de 1752 à 1756 à Rome, où il rencontra Vernet, qui l'encouragea à poursuivre sa carrière de paysagiste : Paysage avec des bandits (1752, musée de Cardiff), Rome vu du Ponte Molle (1754, id.), l'Île d'Ischia et Ariccia (1752-1757, Londres, Tate Gal.). Il fut profondément ému par la beauté de la campagne romaine et par des sites tels que Tivoli, Albano, la baie de Baiae, près de Naples, Castel Gandolfo et le lac Nemi, qui continuèrent à l'inspirer même après son retour d'Italie : la Villa d'Hadrien, la Villa de Mécène à Tivoli (v. 1765, Londres, Tate Gal.), Vue du Pô près de Ferrare (1776, Oxford, Ashmolean Museum). Revenu à Londres en 1758, il se consacra jusqu'à la fin de sa vie à trois thèmes : vues italiennes avec personnages classiques ou brigands ; interprétations de paysages anglais, surtout gallois, fidèles à la conception classique ; enfin maisons de campagne. À son retour, le comte de Pembroke lui commanda 5 Vues de Wilton (Wilton House, coll. du comte de Pembroke), qui se distinguent par le contraste dramatique d'ombre et de lumière et qui dépassent de beaucoup la simple topographie. Elles reflètent non seulement ses souvenirs d'Italie, mais aussi la lumière des paysages de Cuyp. C'est en 1759-60 que Wilson exécuta son paysage historique le plus célèbre, la Mort des enfants de Niobé (New Haven, Yale Center for Bristish Art), dans le style de Salvator Rosa. Membre de la Society of Arts, il exposa 36 œuvres de 1760 à 1768. La même année, il devint membre fondateur de la Royal Academy, où, de 1769 à 1780, 30 de ses œuvres furent exposées. Il ne put obtenir la protection de George III, car le roi préférait les paysages plus rococo de Zuccarelli ; aussi, apr. 1765, le manque de commandes le contraignit-il à vivre dans la gêne. En 1776, Wilson accepta le poste de bibliothécaire qu'on lui offrait à la Royal Academy pour un salaire de 50 livres et ne peignit presque plus après cette date. Ruskin a écrit qu'" avec Richard Wilson débute en Angleterre l'art du paysage sincère fondé sur la méditation amoureuse de la nature ". Une de ses plus belles œuvres est celle qui est consacrée au Mont Snowdon (1765-66, Liverpool, Walker Art Gal. ; autres versions au musée de Nottingham), dont il observe l'éminence rocheuse avec une sérénité toute classique. Les paysages sont empreints de calme et de quiétude et valent surtout par leur atmosphère claire et limpide : la Rivière Dee près d'Eaton Hall (1759-60, Birmingham, Barber Inst. of Arts), autres Vues de la Dee (Glasgow, Art Gal. ; Londres, N. G. et Tate Gal.). Ses maisons de campagne rompent avec l'art morne du style topographique, et leurs compositions ont une sereine grandeur. Reynolds déplorait que les paysages de Wilson soient " trop proches de la nature ordinaire ". Mais l'artiste fut le meilleur paysagiste anglais du XVIIIe s., et son style ouvrit la voie à Turner et à Constable.

   Wilson est représenté à Londres (N. G., Tate Gal. et coll. Sir Brinsley Ford, qui conserve l'un des plus remarquables ensembles d'œuvres du peintre), à Oxford (Ashmolean Museum), à Cambridge (Fitzwilliam Museum), à Leicester (Art Gal.), à Leeds (City Art Gal.), à Bristol (City Art Gal.), à Glasgow (Art Gal.), au musée de Cardiff, à Dublin (N. G.), au Metropolitan Museum et à Chicago (Art Inst.).

Winck (Christian)

Peintre et graveur allemand (Eichstätt  1738  – Munich  1797).

Il fit son apprentissage à Eggenfelden chez Anton Scheidler durant cinq ans, puis à Eichstätt chez Feichtmayr avant un séjour à Augsbourg et Freising en 1758. Puis il entre dans l'atelier du peintre de cour Michael Kaufmann à Munich, où il exécute de nombreuses copies, complétant ainsi sa formation. Ses portraits (Georg De Marées, Munich, Bayerisches Nationalmuseum) le font connaître des milieux aristocratiques, qui lui procurent des commandes. Il exécute des esquisses dans ce style rococo bavarois, dont la vision fraîche, rapide et superficielle refuse de s'arrêter à la précision et au contour des formes). Winck devient peintre du théâtre de la Cour, fait des cartons de tapisserie (les Saisons, 1767, Munich, Résidence) pour la manufacture de la maison princière de Wittelsbach et devient peintre de la cour du prince électeur de Bavière en 1769. En 1770, il fonde une école de dessin (la future Académie de Munich) avec Roman Anton Roos et F. X. Feichtmayr. Les costumes, les éléments folkloriques et les détails qui cherchent à produire un effet de vraisemblance confèrent à ses nombreuses fresques dans des églises de village un accent populaire qu'il partage avec beaucoup d'artistes bavarois contemporains (églises de Starnberg [1766], Raisting [1766], Inning [1767], Egling [1773]). Le type de composition le plus courant comporte des figures qui garnissent les bords et des groupes qui s'étirent en zigzaguant vers le centre, le tout animé par des effets de lumière. Le chef-d'œuvre du peintre, le Cycle de la Sainte Croix, à l'église de Lohe (1768), se distingue par le coloris doux et clair, le traitement léger du détail et l'allégement de la composition vers le centre. L'Arrivée d'Ulysse sur l'île de Calypso, que Winck peint au plafond de la salle à manger du château de Schleissheim de 1770 à 1775, trahit sa formation de peintre de chevalet par la précision et la finition du détail, malgré une atmosphère légère et tourbillonnante. La condamnation du mouvement et de la surcharge du style rococo au nom de la simplicité classique amène ensuite l'artiste à clarifier ses compositions (églises de Bettbrunn [1777], Schwindkirchen [1784] et Königsdorf [1785]), alors que les fresques de la fin de sa vie restent fidèles au Rococo (églises d'Albaching [1791-92] et de Siegertsbrunn [1794]). L'artiste a laissé peu de chose de sa grande production de tableaux de chevalet, où certains effets de clair-obscur dans une gamme brune révèlent sa connaissance des Néerlandais (Chemin de croix, 1770-71, église de Geltosing) alors que la conception rappelle les Français du XVIIe siècle (deux tableaux sur l'histoire de Moïse, v. 1767, Augsbourg, Staatsgalerie). Cette même influence apparaît dans les 7 gravures de ses débuts. Les dessins de Winck sont en général exécutés à la plume et rehaussés d'un léger lavis (Munich, cabinet des Dessins). Il demeure le meilleur représentant de la fresque en Bavière dans la seconde moitié du XVIIIe siècle.