Singier (Gustave)
Peintre français d'origine belge (Warneton, Belgique, 1909 – Paris 1984).
Il se forma à Paris, où il suivit, pendant trois ans les cours de l'école Boulle. Bien que dessinateur dans une entreprise d'agencement de magasins jusqu'en 1936, il continua à peindre. Après ses premières expositions (Salon des indépendants de 1936 à 1939, Salon d'automne de 1937 à 1949, Salon de mai en 1945, dont il est un des fondateurs et membre du Comité à partir de cette date), il fut professeur de peinture à l'Académie Ranson de 1951 à 1954. Il fit partie du groupe des Peintres et de tradition française, qui exposèrent à la gal. Braun en 1941. Avec Le Moal et Manessier, il se manifesta à la gal. René Drouin en 1946. Après deux expositions personnelles de peintures et d'aquarelles en 1949 et en 1950 à la gal. Billiet-Caputo, il montra régulièrement son travail à la gal. de France.
Admirateur de Matisse et de Braque, mais aussi de Bonnard, il s'est détaché de leurs influences entre 1941 et 1946 pour s'exprimer librement dans un univers poétique ; témoignage de cette première période, l'Été (1945, coll. part.) conserve le souvenir de la construction encore cubiste des formes alliée à un coloris éclatant. Les tonalités intimistes, bleutées ou violettes, l'éclat réchauffé d'un rouge ou d'un jaune semblent surgir des profondeurs du rêve et ramener le regard du spectateur solitaire à la surface des choses (Nuit de Noël, 1950, Paris, M. N. A. M.). Les relations entre les parcours graphiques et les couleurs se sont ensuite précisées au bénéfice d'un espace plus rythmé, dynamique et ponctué de sonorités colorées (Aquathème : baigneuses-vestige, 1969). Les œuvres plus tardives, hommages à l'archaïsme méditerranéen ou à la préhistoire, renouent avec une signification péremptoire (Égéenne II, 1971, Hommage à Leroi-Gourhan, 1970) et composent par la suite des flammes de couleurs vives (Maldoror III, 1976). De 1967 à 1978, Singier est professeur-chef d'atelier de peinture à l'École nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris. À côté de son activité picturale, Singier a réalisé des cartons de tapisseries, de vitraux : l'Été tissé par la manufacture Desborderie à Felletin (1947), le Départ des voiliers pour le Mobilier national (1950), des vitraux pour la chapelle des dominicains de Monteils, dans l'Aveyron (1952). Il a également dessiné les costumes pour Orfeo de Monteverdi (festival d'Aix-les-Bains, 1955), exécuté les décors et les costumes pour l'Heureux stratagème de Marivaux, Antigone de Sophocle et Turcaret de Lesage, joués au T. N. P. de Paris (1960). Lithographe et graveur, il a illustré les Quatrains de Camille Bourniquel (1947), le Traité des appareils d'André Frédérique (1955), Un balcon en forêt de Julien Gracq (21 lithos, 1972). Il a exécuté austi des mosaïques pour le lycée d'Argelès (1959), la maison de la Radio à Paris (1964) et des décorations murales au polyuréthane (École des arts décoratifs d'Aubusson, 1969-70 ; stade du lycée Cariat de Bourg-en-Bresse, 1970).
Des expositions rétrospectives ont été consacrées à l'artiste en 1973 (Caen et Rennes, musées des Beaux-Arts), en 1982 (Paris, École nationale supérieure des Beaux-Arts) ; une exposition lui a été consacrée (Arras, centre Noroit) en 1992. Singier est représenté notamment à Essen (Folkwang Museum), Hambourg (Kunsthalle), Londres (Tate Gal.), Paris (M. N. A. M.), aux musées du Havre et de Poitiers, à Bruxelles (M. R. B. A.), Liège, Bâle, New York (Guggenheim Museum), Pittsburgh (Carnegie Inst.) ainsi que dans les musées de Vienne, Toronto, Oslo, Johannesburg (Afrique du Sud) et Wellington (Nouvelle-Zélande).
sinopia
Le nom de cette couleur rouge, voisine de la sanguine, obtenue par une espèce particulière d'oxyde de fer et provenant sans doute de la région de Sinope, sur la mer Noire, était déjà employé dans l'Antiquité, et, d'après Pline, la sinopia était le seul rouge connu des Anciens.
Dans les traités du Moyen Âge, celle-ci est souvent confondue avec le cinabre et le minium (minium des peintres et minium du Pont). Dioscoride et Vincent de Beauvais la mentionnent. Théophile l'assimile aux ocres. Cennini signale son emploi pour la fresque et la peinture sur bois. Ghiberti la confond avec le cinabre (colle cinabrese). Les fresquistes italiens l'utilisaient pour l'exécution des dessins préparatoires de mise en place. Ce mode de préparation sera abandonné au profit du dessin piqueté.
Par extension, le mot sinopia désigne spécialement l'œuvre exécutée à la sinopia, c'est-à-dire les dessins préparatoires tracés sur l'enduit avant l'application de la couche d'enduit frais définitif, réservé aux couleurs.
Depuis la Seconde Guerre mondiale, les techniques du " stacco " et du " strappo ", permettant de détacher les couches successives des fresques, ont, en effet, mis au jour, surtout en Toscane, des sinopie qui, pour la qualité et la spontanéité, révèlent, parfois, mieux que l'œuvre définitive, la création originale de l'artiste. Des expositions organisées par la Surintendance de Florence ont fait connaître en Amérique et à travers l'Europe les plus belles sinopie florentines (de Giotto à Pontormo).
Siqueiros (David Alfaro)
Peintre mexicain (Santa Rosalia de Camargo, État de Chihuahua, 1896 – Cuernavaca 1974).
Élève de l'Académie San Carlos à Mexico, il s'engage en 1914 dans l'armée de la Révolution, où il passe quatre ans. En 1919, il part pour l'Europe et rencontre Rivera à Paris. Deux ans plus tard, il est à Barcelone, où il publie (dans Vida americana, qui ne vécut que cet unique numéro) " le Manifeste pour un art révolutionnaire mexicain ". En septembre 1922, il revient au Mexique et, l'année suivante, il fonde avec Rivera El Machete, publication destinée à propager ses conceptions artistiques autant que politiques, qu'il défendit toujours avec intransigeance. Sa participation au décor de l'École nationale préparatoire (l'Enterrement d'un ouvrier, 1924) le montre à ses débuts en possession d'un métier sombre, tranchant, et dont l'efficacité rappelle certaines œuvres contemporaines du Flamand Permeke. Ses tableaux de chevalet témoignent alors des mêmes qualités et trahissent la même origine — le Cubisme stylisateur et expressif de l'après-guerre (Mère paysanne, 1929, Mexico, Museo de San Carlos). Exilé de 1932 à 1934, Siqueiros travaille à Los Angeles (l'Amérique tropicale, peinture murale pour le Plaza Art Center), puis en Uruguay et en Argentine. Il expérimente alors la " pyroxiline ", procédé permettant d'extraordinaires effets de matière en très haut relief et qu'il utilisa souvent à des fins de virtuosité (Explosion dans la ville, 1935).
Après avoir ouvert un atelier expérimental à New York (1935), il se rallie en 1936 aux républicains espagnols et exécute à son retour au Mexique le Portrait de la bourgeoisie (1939) pour la Maison du syndicat des électriciens à Mexico. Dans cette composition vengeresse, un réalisme peu ou aucunement transposé règne en maître. Ce parti (que l'on retrouve à la même époque, avec des nuances, chez Rivera et Orozco) devait s'affirmer dans les tableaux et les peintures murales ultérieurs : la Nouvelle Démocratie (1945, Mexico, palais des Beaux-Arts), Notre image actuelle (1947, Mexico, Museo de San Carlos), Du porfirisme à la Révolution (1959-1966, Musée national, parc de Chaultepec). En revanche, quelques études de paysage ont tiré des propriétés de la pyroxiline une poétique de la matière plus abstraite et donc, picturalement, plus vivante. En janvier 1972 a été inauguré à Mexico le " Polyforum culturel ", vaste complexe réunissant salles de fêtes, d'expositions, de théâtre, de concerts, décoré par Siqueiros et ses assistants — et dernier avatar du " muralisme mexicain ". L'artiste est aussi représenté au M. O. M. A. de New York (Echo of a Scream, 1937).