Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
T

trecento

Terme italien désignant le XIVe siècle.

Tremlett (David)

Artiste britannique (Saint Austell 1945).

Bien que, depuis 1976, David Tremlett se consacre presque exclusivement à la réalisation de pastels monumentaux, il se définit surtout comme un sculpteur. Formé au Royal College of Art de Londres (1966-1969), il appartient à cette génération d'artistes qui, tels que R. Long et H. Fulton, ont décidé de ne fixer aucune limite à la sculpture. Les formes (dessins, photographies, objets, happenings) qu'ils produisent dérivent de leur perception de la région qu'ils explorent. David Tremlett choisit de parcourir le monde en quête des sons et des formes qui résument le sentiment essentiel d'émerveillement. Il utilise une grande variété de matériaux allant de l'enregistrement sonore (Spring Recording, 1972) à la photographie (Postcard Work, 1971) et au dessin, qui devient peu à peu la forme d'expression privilégiée. Les dessins qu'il rapporte de ses voyages sont des transcriptions de croquis consignés dans des carnets. Un ensemble de signes fragmentaires : une croix, une figure géométrique, des bandes de couleurs ; des noms : Mexico, Zanzibar, Afrique ; des légendes : Come cani, Bramante... Ces pictogrammes sont le langage pictural de l'artiste, qui accentue le concret de la situation en dessinant un cadre autour de l'image (Staring at the Sky, 1977, Saint-Étienne, M. A. M.). À partir de 1982, il réalise de grandes fresques à l'échelle du mur, qui requièrent, à l'inverse des dessins de petit format, une attention plus soutenue (Come cani, 1985 ; Wall Drawing, 1987). Ses Wall Drawings, 1970-1995, ont été présentés (Barcelone, Fondation Miró) en 1995.

Trevisani (Francesco)

Peintre italien (Capodistria 1656 – Rome 1746).

Élève à Venise d'Antonio Zanchi, il alla à Rome aux environs de 1678, où il devint, avec Luti, le peintre le plus célèbre de sa génération et le chef d'école du rococo romain, après l'extinction progressive de la tradition marattesque. Ses premières commandes officielles datent de 1695 (fresques de S. Silvestro in Capite : Scènes de la passion du Christ). Après avoir travaillé pour le cardinal Chigi, il devint le protégé du cardinal Ottoboni (1698) : Portrait du cardinal (Barnard Castle, Bowes Museum), pour qui il peignit de nombreux tableaux. Il acquit une vaste clientèle, peignant pour les cardinaux romains, pour les églises romaines (décor de la voûte de la chapelle des Fonts-Baptismaux à Saint-Pierre de Rome, 1732 ; Saint François soutenu par un ange, Rome, S. Maria in Aracoeli ; Mort de saint François, Saint-Ignace), pour les États de l'Église (Bolsena : Messe de Bolsène à la cathédrale, Nativité à S. Cristina), pour l'électeur Lothar Franz von Schönborn, pour Pommersfelden (Autoportrait, 1717 ; Bethsabée ; Joseph et la femme de Putiphar) et, par l'intermédiaire de Juvarra, pour les églises de Turin (S. Filippo : Martyre de saint Laurent), le Palais royal (v. 1721-1724), l'église de la Venaria (le Bienheureux Amédée et Saint Louis vénérant la Vierge, 1724) ainsi que pour le palais-monastère de La Mafra (la Vierge et saint François) au Portugal.

   Bien qu'il ait travaillé dans tous les genres : retables, tableaux mythologiques (Triomphe de Galatée, musée de Kassel), décoration, portraits (où il précède Batoni en peignant les Anglais du « grand tour »), il est particulièrement séduisant dans le petit format, qu'il peigne des tableaux de dévotion privée (Madone avec l'Enfant dormant, Louvre et Dresde, Gg ; Lapidation de saint Étienne, Rome, G. N., Gal. Corsini ; Songe de saint Joseph, Florence, Offices ; Christ au jardin des Oliviers, musée de Marseille) ou des tableaux mythologiques prestement enlevés (Apelle et Campaspe, Pasadena, Norton Simon Foundation).

   Par ses formes rondes, par la douceur et la légèreté de son modelé, de ses couleurs et par un éclairage diffus, il chercha à s'éloigner de la sévérité de Maratta, dont il transforma les schémas iconographiques avec une sorte de saveur arcadique annonçant des peintres français tels que Lemoyne, Carle Van Loo, Lagrenée, Vleughels ainsi que le rococo autrichien. L'artiste est bien représenté en France, dans les musées (Aix, Chambéry, Nantes, Toulouse) et dans les églises (Avignon, Besançon, Carpentras).

Trinquesse (Louis-Roland)

Peintre français (Paris ? v. 1745 – id. v. 1800).

Élève de l'école de l'Académie royale en 1770, il est peut-être à identifier avec le Trinquesse qui est signalé comme membre de la confrérie des peintres de La Haye en 1767. Ses portraits (exemples peints au Louvre, aux musées d'Amiens, de Dijon, de Varsovie ; dessins au musée Carnavalet à Paris), d'une réelle sensibilité, sont – un peu à la façon de ceux de Vigée-Lebrun ou de Vestier – peints avec parfois de jolis effets de drapés. Ses scènes galantes, fort agréables et brillantes (exemples peints au Louvre [1789], au musée de Tours ; dessins au musée Carnavalet de Paris, évoquant des conversations mondaines dans des parcs), ont parfois été attribuées à Fragonard (l'Offrande à Vénus, le Serment à l'Amour, 1786, musée de Dijon) : avec une pointe de style troubadour et un reste des « grâces » du XVIIIe s., elles témoignent du goût français au seuil de la Révolution.

triptyque

Ensemble peint ou sculpté (en ivoire, en orfèvrerie, ou en émail dans le monde byzantin) en trois parties. Les panneaux latéraux sont appelés « volets » lorsque, montés sur charnières, ils peuvent se rabattre pour occulter l'élément central. (Voir POLYPTYQUE, RETABLE)

Tristán (Luis)

Peintre espagnol (Tolède v. 1580/1585 – id. 1624).

Formé chez Greco et très lié avec la famille de son maître, il séjourna quelque temps en Italie entre 1606 et 1613, puis se fixa définitivement à Tolède. Son style se rattache à celui du Crétois, surtout par les schémas de la composition et l'allongement encore maniériste des personnages : Trinité (1624, cathédrale de Séville), Retable (1623, Tolède, couvent de S. Clara). Mais, en même temps et peut-être sous l'influence d'autres artistes tolédans et de quelques-uns des Italiens qui travaillaient à l'Escorial, il évolue sensiblement vers le naturalisme. Il modifie la gamme des couleurs froides caractéristiques de Greco et emploie des tonalités chaudes avec des préparations rougeâtres et une pâte épaisse, tandis qu'il accentue les contrastes de lumière suivant l'esthétique des « tenebrosi » (Retable de Yepes, 1616 ; Saint Louis distribuant des aumônes, Louvre). L'ensemble de son œuvre montre clairement le passage du maniérisme au naturalisme baroque ; les œuvres les plus intenses et les plus réalistes de l'artiste (Saint François, Louvre ; Saint Dominique pénitent, Tolède, musée du Greco) se rattachent naturellement aux aspects les plus caractéristiques de la peinture espagnole du XVIIe siècle. Comme portraitiste (le Cardinal Sandoval, 1619 cathédrale de Tolède), Tristán assure la transition entre Greco et Velázquez par son objectivité et sa technique simple et sûre.