Danube (école du)
" Donaustil "
L'école du Danube, dite aussi " peinture du Danube " ou " style du Danube ", désigne la dernière phase de la peinture gothique tardive dans la région austro-bavaroise, de 1500 à 1530 env. Theodor von Frimmel, utilisant pour la première fois le terme de " style du Danube ", écrivait en 1892 : " La peinture du XVIe s. offre dans les régions du Danube, de Ratisbonne, de Passau et de Linz des caractères semblables qui la distinguent de la peinture de la même époque du reste de l'Allemagne et qui justifient la désignation style du Danube. " Ce terme fut au début du siècle universellement accepté, grâce surtout à l'ouvrage de Voss Über den Ursprung des Donaustils. Voss considérait alors Altdorfer et Wolf Huber comme les seuls véritables représentants du style du Danube, mais, plus tard, lorsque Jörg Breu, Rueland Frueauf le Jeune et Lucas Cranach furent admis comme d'importants précurseurs et initiateurs de l'art d'Altdorfer, la désignation style du Danube prit un sens plus large.
Le paysage dans l'école du Danube
Le style du Danube est caractérisé par un goût très particulier pour le paysage et le règne végétal. Cet intérêt pour le paysage n'est pas comparable à celui qu'offre à la même époque la peinture italienne de Giorgione ou la peinture flamande de Patinir. Le paysage n'est plus ici conçu comme un espace naturel où se situent des figures, mais il est évocateur d'états d'âme selon une conception déjà romantique. Le règne végétal est désormais force créatrice, et le corps humain, comme les plantes et les arbres, dont il semble prendre l'aspect, est soumis à une vie aux multiples racines. Le goût des raccourcis, emprunté par Pacher à Mantegna, négligeant quelque peu la construction de la figure humaine, permet de mieux adapter ces corps amorphes au paysage. L'architecture, qui fut aussi influencée par l'Italie, perd de sa rigueur par des ruptures arbitraires et gracieuses, et, pour cette raison, elle est le plus souvent représentée à l'état de ruines disparaissant sous les feuillages. Le style du Danube est un style pictural non seulement par l'intensité des couleurs, qui est caractéristique de cette école, mais encore par le rendu de l'atmosphère. Cela explique la prédilection d'Altdorfer pour la gravure — technique la plus apte à exprimer de telles recherches.
Limites géographiques et chronologiques
Développé dans l'Allemagne du Sud, le centre d'évolution de l'école est la vallée du Danube, de Ratisbonne à Passau et à Vienne. Innsbruck, qui en marque l'extrême limite à l'ouest, jouera au moment de l'éclosion de ce style nouveau un rôle important avec l'atelier de Kolderer. Seul Wolf Huber dépassera 1530 et restera attaché à ses principes jusqu'en 1553.
Les débuts
L'école débute v. 1500 à Vienne et ses environs avec Jörg Breu, Rueland Frueauf le Jeune et Lucas Cranach. Dans les œuvres de Frueauf, le paysage devient pour la première fois l'élément dominant. Breu prépare le nouveau style par ses types humains évoquant le règne végétal. Chez Cranach, les figures et le paysage sont animés d'un même mouvement intérieur, et Altdorfer se rattache directement à lui. Tous trois se séparent de l'école du Danube dès les dix premières années du XVIe s. : Breu part en 1502 pour Augsbourg, et son style devient italianisant ; en 1505, Cranach s'installe à Wittenberg comme peintre de la cour de Saxe ; quant à Frueauf le Jeune, qui vécut jusqu'à une date avancée dans le siècle, on ne connaît plus rien de lui après 1507. On notera encore l'atelier de Kolderer, d'où sortit v. 1510 un Cortège triomphal de Maximilien, mais jusqu'ici on ignore lequel des deux, d'Altdorfer ou de Kolderer, servit de modèle à l'autre.
Altdorfer et W. Huber
Vers 1507, Altdorfer apparaît comme le véritable représentant de cette école, et ses œuvres décident jusque v. 1530 de son évolution. Il parachèvera ce que Frueauf, Breu et Cranach ont apporté. Dans ses tableaux les plus anciens, il parvient déjà à une nouvelle forme d'expression par la technique des plis parallèles, que continuera pendant les années 1510 le Maître de Pulkau. Entre 1520 et 1530, il réalisera ses premiers Paysages purs, expression ultime de l'école. La nature atteint alors une telle plénitude qu'elle peut se passer de la figure humaine. À côté d'Altdorfer, Wolf Huber est un représentant notoire de l'école. Si l'on excepte quelques dessins de jeunesse, ses débuts peuvent être placés v. 1520, et il restera fidèle à ce style jusque vers le milieu du siècle. Tandis qu'Altdorfer s'efforçait de fondre ses personnages dans le paysage, il accentue la plasticité de chaque objet et, par là même, n'offre plus toutes les caractéristiques danubiennes.
Sculpture et architecture
Bien qu'il s'agisse avant tout d'un mouvement pictural, on s'est demandé si cette école n'a pas produit des sculptures du même style et l'on a tenté de rassembler quelques œuvres et de les comparer à certaines figures de tableaux, confrontation qui n'a pas toujours été convaincante.
L'activité d'Altdorfer et de Huber comme architectes a suggéré un autre rapprochement, mais il ne reste de ces maîtres aucun ouvrage d'architecture, et il est purement hypothétique de discerner les caractéristiques du style danubien dans les édifices que décorent leurs peintures. Les constructions de Benedikt Ried, qui offrent les rapports les plus étroits avec l'école du Danube, se rattachent davantage au " Gothique baroque ", particulier à l'Allemagne.
Mais le style danubien paraît relever d'un ample contexte culturel où prennent place la littérature comme la philosophie et certaines pages des écrits de Paracelse pourraient servir de commentaires à des tableaux d'Altdorfer ; de même, les œuvres de Conrad Celtes révèlent un sentiment vraiment nouveau de la nature.
Darboven (Hanne)
Artiste allemande (Munich 1941).
Après avoir suivi des cours à la Hochschule für bildende Künste de Hambourg, elle part en 1966 pour New York. Influencée par le Minimal Art, elle commence à dessiner, limitant ses matériaux à une feuille de papier et à un stylo. Elle conçoit, à partir d'une structure simple pouvant se répéter à l'infini, un système numérique combinatoire qu'elle perturbe à un moment donné, entraînant ainsi une variation du schéma initial. Obsessionnel pour certains, rigoureux pour d'autres, ce travail est parfaitement autonome et possède une logique interne, qui, même si elle n'est pas toujours évidente, reste sous-jacente. Dans les années 70, elle effectue des travaux sur la littérature : en 1971, l'Odyssée d'Homère ; en 1975, les Mots de Jean-Paul Sartre. Entre 1975 et 1980, elle travaille sur le temps scriptural et, depuis les années 80, son œuvre est liée à la composition musicale.
Hanne Darboven participe aux Documenta de Kassel de 1972, 1977 et 1982. En 1984, elle est représentée à l'exposition Von hier aus à Düsseldorf avec son travail Pour Rainer Fassbinder. Son œuvre est représentée dans de nombreux musées.