Slevogt (Max)
Peintre et graveur allemand (Landshut 1868 – Neukastel, près de Francfort, 1932).
Il se forma, de 1885 à 1889, à l'Académie de Munich avec Wilhelm Diez, dont la manière réaliste influença ses débuts. En 1889-1890, il se rend à Paris (à l'académie Julian) et en Italie. Il se fixe à Munich de 1890 à 1900. Après un séjour à Francfort, il travaillera surtout par la suite à Berlin et dans sa propriété de Neukastel. En 1898, il visite la Hollande, où il admire l'œuvre de Rembrandt. Il subira encore l'ascendant de Leibl et de Trübner. Au cours des années 1890, il peint de préférence, avec virtuosité, des figures dans des compositions mouvementées traitant le plus souvent des thèmes bibliques ou mythologiques : sa Danaé (1895, Munich, Städtische Galerie) fait scandale. Vers 1900, il abandonne le coloris lourd de l'école de Munich et la peinture d'histoire aux effets spectaculaires. De nouveau à Paris, il s'intéresse à Manet. Il adopte une technique de style impressionniste, déliée mais solide, ainsi que les coloris en camaïeu (la Panthère, 1901, Hanovre, Niedersächsisches Landesmuseum) ; peu à peu, la richesse de la lumière et de la couleur s'allie à l'écriture spontanée (l'Homme en blanc, 1902, ou le Chanteur d'Andrade dans le rôle de Don Juan, Stuttgart, Staatsgal.). Slevogt exécute des portraits (E. Fuchs, sa Femme et sa Fille, 1903-1905, id.), et ses thèmes de prédilection seront plus tard le paysage et la nature morte (Nature morte de fleurs, 1917, musée de Hanovre). Sous l'influence d'un voyage en Égypte en 1913-14, ses couleurs s'intensifient. La fresque du Golgotha de la Friedenskirche de Ludwigshafen (détruite en 1943-44) est son œuvre tardive la plus importante. Slevogt a collaboré dès 1896 aux revues Jugend et Simplicissimus et a exécuté, à partir de 1903, des cycles d'illustrations lithographiées et gravées sur cuivre : le Lederstrumpf (1906-1909) de Cooper révèle toute la légèreté de sa fantaisie et la sûreté de son dessin. Il est représenté dans les musées allemands et autrichiens, à Berlin, Brême, Dresde, Hanovre, Kaiserslautern, Cologne, Mannheim, Munich (Staatsgemäldesammlungen et Städtische Gal.), Münster, Stuttgart, Linz (Neue Gal. der Stadt) et Vienne (K. M.).
Slewiński (Wladyslaw)
Peintre polonais (Bialynin-sur-la-Pilica v. 1854 – Paris 1918).
Il arrive à Paris en 1888, fréquente l'Académie Colarossi et fait partie du groupe des artistes qui se rassemblent autour de Gauguin. Apprécié de ce dernier (avec qui il se lie d'amitié), il décide de se consacrer sérieusement à la peinture. Il accompagne Gauguin en Bretagne en 1890 et devient un assidu de Pont-Aven. Il s'établit en Bretagne et, au printemps de 1894, héberge dans sa maison du Bas-Pouldu Gauguin et Annah la Javanaise. En 1891, Slewiński fait son portrait (Tōkyō, M. A. M.). À partir de 1896, il expose au Salon des Indépendants. En 1897 et 1898, il expose à Paris, gal. Georges Thomas. Il se lie ensuite avec Munch, Alfons Mucha et Strindberg, dont il fait le portrait (v. 1896, musée de Varsovie ; Femme se coiffant, 1897, Cracovie, M. N.). De 1905 à 1910, il retourne en Pologne où il enseigne à l'École des beaux-arts de Varsovie (1908-1910). C'est de cette époque que date son tableau le plus connu, Orphelin de Poronin (1906, id.), puis il retourne habiter en 1910 la Bretagne (Pont-Aven et Doëlan). Ses tonalités profondes et harmonieuses, ainsi que le caractère synthétique de ses œuvres montrent que, tout en restant sous l'influence de l'école de Pont-Aven, il met plus l'accent sur la vie intérieure que sur l'aspect décoratif du tableau. Ses couleurs diffuses, sombres et pourtant lumineuses donnent un caractère énigmatique à ses compositions (Livres et masques, 1897, Varsovie, M. N.) qui restent conçues par juxtaposition de plans (Enfant au béret, 1902, musée de Pont-Aven).
Les œuvres de Slewiński sont conservées dans les musées polonais de Varsovie, Cracovie, Poznań, à Paris (M. N. A. M.), dans les musées de Rennes, de Quimper ainsi que dans des collections particulières de Pologne et de France.
Slingeland (Pieter Cornelisz Van)
Peintre néerlandais (Leyde 1640 – id. 1691).
Élève de Dou, Slingeland travailla à Leyde, où il fut inscrit à la gilde de Saint-Luc en 1661, dont il fut le doyen en 1691. Il peignit des portraits (Autoportrait, 1656, Louvre ; la Famille Meerman, Louvre et musée de Saint-Omer ; Johannes Van Crombrugge, 1677, Rotterdam, B. V. B. ; Portrait d'un jeune homme et d'une jeune femme, 1678 ; Portrait d'homme, 1688, Rijksmuseum) et des scènes de genre, d'une facture très finie et typiquement leydoise (Ustensiles de cuisine, Louvre ; Femme cousant, 1688, musée de Karlsruhe), directement dérivés du style de Dou ; il fut maître de Jacob Van der Sluys.
Sloan (John)
Peintre américain (Lock Haven, Pennsylvanie, 1871 – Hanover, New Hampshire, 1951).
Comme Luks, Shinn et Glackens, Sloan commença par travailler comme illustrateur pour l'Inquirer et plus tard le Philadelphia Press. En 1892, il suivit les cours de Thomas Anshutz à la Pennsylvania Academy of Fine Arts et, la même année, fréquenta le cercle de Robert Henri. Vers cette époque, il imita de manière assez naïve la mise en page des estampes japonaises (Night on the Boardwalk, 1894, coll. part.). Il commença à peindre en 1897, mais, contrairement aux autres peintres qui allaient former le groupe des Huit, il ne travailla jamais en Europe. À bien des égards, cependant, son style paraît souvent plus évolué que celui de peintres qui, à la même époque, allèrent à Paris pour étudier — et se familiariser avec — les développements les plus récents de l'art moderne. Sloan acquit rapidement une certaine notoriété : en 1900, son œuvre était exposée au Carnegie Inst. de Pittsburgh et à l'Art Inst. de Chicago, et, en 1902, il exécuta sa plus célèbre série de gravures — des illustrations pour les romans de Paul de Kock. Il participa en 1908 à l'exposition des Huit, en 1910 à la première exposition des Independants et en 1913 à l'Armory Show. Il enseigna en 1916 à l'Art Students League et plus tard à l'Archipenko's Art School. Gottlieb, Newman, Calder et David Smith furent parmi ses élèves. De 1900 à 1925, son œuvre montre une certaine unité dans le choix des sujets, scènes de genre et paysages urbains, ainsi que dans son style, fait d'un mélange d'exécution rapide et fraîche et d'effets brillamment contrastés (East Entrance, City Hall Philadelphia, 1901, Columbus, Gal. of Fine Arts ; Hairdresser's Window, 1907, Hartford, Wadsworth Atheneum ; Six o' clock, Winter, 1912, Washington, Phillips Coll.). Elle devint par la suite plus inégale, avec cependant quelques créations originales, telles que Monument in the Plaza (1949, John Sloan Trust). Elle est largement représentée dans les principaux musées américains, surtout au Delaware Art Museum de Wilmington.