réalités nouvelles (Salon des)
Reprenant le titre d'une exposition d'Art abstrait qu'il avait organisée, en 1939, à la gal. Charpentier sur l'initiative de Robert et de Sonia Delaunay, avec l'aide de Nelly Van Doesburg et d'Yvanhoé Rambosson, l'amateur d'art Fredo Sidès, en collaboration avec Auguste Herbin et Félix Del Marle, fonde en 1946 le Salon des réalités nouvelles, réservé exclusivement aux artistes représentant les différentes tendances de l'" art abstrait, concret, constructiviste, non figuratif ". Ce Salon reprend les principes qui ont guidé l'association Abstraction-Création au début des années 30 et, parallèlement au catalogue proprement dit, le Salon des réalités nouvelles va éditer des cahiers (10 numéros jusqu'en 1956) qui reprennent le contenu et jusqu'à la mise en page des albums d'Abstraction-Création. Fredo Sidès assume la présidence du Salon jusqu'à sa mort, survenue en 1953. René Massat lui succède pendant quelques années puis, en 1956, c'est au tour du peintre Robert Fontené. Le premier Salon de 1946 rassemblait, autour d'un hommage aux précurseurs disparus, les principaux artistes abstraits qui s'étaient déjà manifestés avant la guerre, le Salon des réalités nouvelles n'a cessé par la suite de s'accroître. Dès ses débuts, il s'est tenu au M. A. M. de la Ville de Paris puis s'est transporté ultérieusement dans d'autres lieux de la capitale française.
Réattu (Jacques)
Peintre français (Arles 1760 – id. 1833).
Venu à Paris en 1773, il y est peut être l'élève de Simon Julien, avant d'entrer à l'Académie dans la classe de Regnault (1790?). Prix de Rome en 1791 avec la Justification de Suzanne (Paris, E. N. B. A.), il est contraint par les troubles révolutionnaires d'écourter son séjour italien ; après être resté un temps à Naples (1793), il rentre à Marseille (1794), puis à Arles. Sa tentative de carrière parisienne échoua ; il fut pourtant nommé en 1814 membre correspondant de l'Institut. Il peignit en 1818 le plafond du grand théâtre de Marseille (détaché dès le XIXe s. ; esquisse au musée d'Arles), qui reçut un accueil enthousiaste : Apollon et les Muses répandant des fleurs sur le Temps. Dix ans plus tard, il fit pour l'église de Beaucaire 3 tableaux de l'histoire de saint Paul (esquisses au musée d'Arles). Plus froides sont ses compositions inspirées de l'antique : Narcisse et Écho (1818, id.), Mercure et Argus (1824, id.). La plupart des œuvres de Réattu, en particulier ses remarquables esquisses et ses dessins d'un néo-classicisme intransigeant mais pleins de fougue, sont conservées au musée d'Arles, qui, installé dans la maison de l'artiste, porte son nom.
Rebeyrolle (Paul)
Peintre français (Eymoutiers, Haute-Vienne, 1926-Boudreville, Côte-d'Or, 2005).
Il vint à Paris en 1944 et travailla à l'Académie de la Grande Chaumière. Participant au groupe de l'Homme témoin (1948), adepte d'un Réalisme expressionniste, il fut d'abord influencé par Picasso. Vers 1955, à la faveur de thèmes d'inspiration rustique (l'étable, l'enfant et l'agneau), il acquit un style plus souple, des parcours graphiques assez incisifs équilibrant les taches d'une couleur fluide et claire, à dominante rose et bleue : la suite des Fumeurs (1957) ainsi que celle des Couples (1961-1963) et des Paysages (1964), où la suggestion poétique enrobe l'anecdote initiale, représentent un des termes de cette évolution. Rebeyrolle intégra ensuite dans des œuvres plus complexes des éléments empruntés aux techniques non figuratives afin de créer une synthèse nouvelle et qui va, au fil de son évolution, se préciser toujours plus " engagée " politiquement : la continuité plastique est dès lors obtenue grâce à une association très libre de matériaux divers (les Instruments, 1965, appartenant à l'artiste ; Sac de poudre bleue, 1967, Paris, gal. Maeght ; les Guérilleros, exposés à la gal. Maeght en 1970, œuvre exécutée après un voyage à Cuba). Les 11 grandes toiles consacrées aux Chiens (1972, exposées en 1973 à la gal. Maeght à Paris) rendent plus explicite un retour au réalisme de ses débuts, mais amplifié par une réflexion sur le destin de la créature vivante, dont le chien prisonnier, torturé devient le symbole. La vérité des attitudes ainsi que celle de la cage, matérialisée par le grillage et les montants de bois, obstacles à l'espace libre et vaste nettement suggéré, concourent à la justesse péremptoire de l'exécution mais parfois aussi à sa grandiloquence. Rebeyrolle renchérira l'aspect politique de sa peinture par une série intitulée Faillite de la science bourgeoise, qui a notamment été exposée au Grand Palais, à Paris, en 1979. La suite de l'œuvre (séries sur le Sac de Mme Tellikdjian, 1983, sur On dit qu'ils ont la rage, 1984-85, sur Au royaume des aveugles), exposée en particulier à l'E. N. S. B. A. de Paris en 1988, derrière le brio de l'exécution, joue sur l'effet et témoigne d'une inspiration plus facile. Rebeyrolle est notamment représenté au M. N. A. de Paris (Sac de poudre bleue I, 1966). Un " espace Rebeyrolle " a été inauguré dans la ville natale de l'artiste en 1995.
Recalcati (Antonio)
Peintre italien (Bresso, Milan, 1938).
Si sa formation se fit à Milan (sa première exposition personnelle à la gal. Tetti date de 1957), c'est à Paris, où il se rendit ensuite, que son œuvre s'inséra dans le contexte culturel de la Nouvelle Figuration, et son influence eut alors un rôle décisif sur nombre de jeunes peintres. La figure humaine est le thème central de sa peinture : dans ses œuvres de 1958, elle apparaît comme une sorte de radiographie des corps, répétés dans une succession d'images et insérés dans une sorte de " paysage " intérieur et surréel, halluciné et dramatique. La figure humaine se transforme ensuite en " empreinte ", accroissant ainsi l'anonymat de l'image : l'Accident, 1965 ; Dans la verdure (id.). Dans les œuvres suivantes, le thème du paysage est le plus fréquent ; à travers l'expérience formelle de la peinture pop américaine, il est transformé dans le souvenir stéréotypé de l'" image-carte postale " (I Remember, 1965 ; Mer cruelle, 1967 ; Ça c'est la Havana, 1967). Membre actif de la Jeune Peinture, il participe en 1963 et 1967 à la Biennale de Paris ainsi qu'à la première exposition des " Mythologies quotidiennes " en 1964 et, l'année suivante, à celle intitulée " Figuration narrative dans l'art contemporain ". Recalcati a exécuté, en collaboration avec Aillaud et Arroyo, des travaux qui sont particulièrement significatifs de la Nouvelle Figuration : Une passion dans le désert, 1965, Paris, gal. Saint-Germain, et Vivre et laisser mourir ou la Mort tragique de Marcel Duchamp, 1963. Il a présenté à l'A. R. C. (Paris, M. A. M. de la Ville) en février 1972 une suite de toiles sur le thème d'un Intérieur américain, où la laideur banale du décor sécrète un ennui qui ne connaît qu'une seule diversion, l'érotisme. La Bohême De Chirico (Paris, gal. Mathias Fels, 1973) explicite l'énigme chiriquienne au moyen de produits alimentaires (saucisson, tête de veau), succédanés de la frustration sexuelle.
En 1977, Recalcati participe à une exposition au Centre Georges-Pompidou. Il s'intéresse au théâtre, tant pour les décors que pour les costumes. L'artiste est représenté notamment à Milan (G. A. M.).