Errard (les)
Peintres français. Fixé à Nantes,
Charles Errard le père (Bressuire, Deux-Sèvres, 1570 – Nantes v. 1629). Il fut appelé à la Cour en 1615. On lui doit deux fresques, actuellement très dégradées, à la cathédrale de Nantes (Pentecôte et Transfiguration). Il est l'auteur de quelques eaux-fortes (Autoportrait, 1628 ; Portrait de Jérôme Bachot, 1631).
Charles Errard le jeune(Nantes v. 1606 – Rome 1689). Fils du précédent, l'un des peintres français les plus glorieux de son temps, il fut l'un des 12 fondateurs de l'Académie de peinture (1648), dont il devint recteur (1655), puis directeur (1657) ; il fut enfin premier directeur de l'Académie de France à Rome (1666-1683) et prince de l'Académie de Saint-Luc. Il peignit pour Notre-Dame (mai des orfèvres de 1645), pour le Palais-Royal (décoration commencée en 1646), pour le Louvre (1653-1655), pour les Tuileries avec N. Coypel (1657), plus tard pour Versailles, Saint-Germain et Fontainebleau. De cet œuvre entier, rien n'a survécu. Subsiste, au Louvre, un petit dessin, le Portrait de Fréart de Chambray ; l'Albertina de Vienne et la Kunsthalle de Berlin possèdent chacune un dessin de frontispice à sujet allégorique d'Errard. Il est aussi l'auteur des illustrations, gravées par Rousselet, Daret et Audran, d'un Breviarum romanum (1647). Sa vie nous est mieux connue que ses œuvres : il voyage avec son père en Italie en 1627 et entre, à Rome, à l'Académie de Saint-Luc en 1633. De retour en France, il est apprécié par Sublet de Noyers, surintendant des Bâtiments, et renvoyé à Rome, où il étudie l'antique et acquiert une réputation d'excellent dessinateur. Il se réinstalle à Paris en 1643, et commence alors sa carrière officielle. Les démêlés du peintre à l'Académie avec Abraham Bosse nous restent connus, ainsi que la rivalité qui, plus tard, au moment où son prestige diminuait, l'opposa à Le Brun. La décision de la création d'une Académie de France à Rome (1666) et le départ d'Errard sont en partie les conséquences de cette rivalité. On attribue à Errard et Noël Coypel le décor du plafond de la Grand'Chambre du parlement de Bretagne à Rennes.
Erri (Agnolo degli)
Bartolomeo degli Erri
Peintres italiens (actifs à Modène pendant la seconde moitié du XVe s.).
Agnolo est l'auteur d'un grand triptyque (Couronnement de la Vierge) conservé à la Gal. Estense de Modène et qui fut exécuté entre 1462 et 1466. Cette œuvre remarquable, à laquelle collabora le jeune frère d'Agnolo, Bartolomeo, reflète à la fois l'influence de Piero della Francesca et celles des milieux padouans et ferrarais. À la suite de R. Longhi, on attribue également aux deux frères, mais cette fois en accordant plus d'importance à Bartolomeo qu'à Agnolo, une série de panneaux narratifs, illustrant la vie des saints Thomas d'Aquin, Vincent Ferrier et Dominique (Metropolitan Museum ; New Haven, Yale University Art Gal. ; Washington, N. G. ; San Francisco, De Young Memorial Museum ; coll. part.), qui furent autrefois regroupés par B. Berenson sous le nom du Véronais D. Morone. Ces panneaux proviennent très vraisemblablement de 3 retables, consacrés respectivement à chacun de ces 3 saints, peints sans doute entre 1466 et 1474 pour l'église S. Domenico de Modène. Un quatrième retable, consacré à saint Pierre martyr, de même provenance, aujourd'hui à Parme (G. N.), pourrait être d'Agnolo degli Erri.
Erró (Guðmundur Guðmundsson Ferró, dit)
Peintre islandais (Ólafsvík , Islande, 1932).
Il fait ses études à l'Académie des beaux-arts de Reykjavik puis d'Oslo, voyage dans divers pays (1953 à 1957) et s'installe à Paris en 1958. Il participe aux divers mouvements d'avant-garde et s'inscrit très vite, après avoir subi l'influence de Matta, dans les rangs d'une figuration narrative, dont il est l'un des membres les plus actifs. Face à la fragmentation du visible produite par la multiplication mécanique des images, Erró procède par la juxtaposition d'éléments figuratifs divers, photographies de presse et bandes dessinées, illustrations publicitaires et chefs-d'œuvre de l'art classique, d'abord assemblés en collages puis reportés sur la toile en grand format. Le mariage d'images diverses et fragmentées permet ainsi la création d'un ordre narratif critique rempli d'un humour souvent grinçant, qui se développe dans des séries composées de nombreux tableaux : les Monstres, 1968, les Perspectives, 1972, l'Ouest vu par l'Est, 1977. Les scapes accumulent sur la toile des éléments du même type : nourriture (Foodscape, 1964, Stockholm, Moderna Museet), bandes dessinées (Comicscape, 1971). Autrement, c'est par la juxtaposition d'éléments contrastés, comme dans Chariot de feu (1983, musée de Dole), où des cow-boys de bandes dessinées font face aux constructeurs de Fernand Léger, que l'artiste obtient des images où la société de consommation, la politique, la publicité et l'art sont soumis à un regard critique.
Erró est représenté dans de nombreux musées français (Paris, M. N. A. M., Grenoble, Marseille) et étrangers (New York, M. O. M. A.).
En 1981, son œuvre a fait l'objet d'une rétrospective itinérante en Scandinavie ; il a représenté l'Islande à la Biennole de Venise en 1986.
Escalante (Juan Antonio de Frias)
Peintre espagnol (Cordoue 1633 – Madrid 1669).
Il débuta à Madrid avec Francisco Rizi et fut l'un des maîtres les plus originaux de l'école madrilène. Très influencées par l'art vénitien, ses compositions rappellent celles de Tintoret et de Véronèse, spécialement les 18 scènes de l'Ancien Testament préfigurant l'Eucharistie, peintes en 1667 et 1668 pour la sacristie du couvent de la Merci à Madrid, auj. dispersées : Sacrifice d'Isaac (Prado), Moïse et l'eau du rocher (Madrid, musée municipal), Abraham et Melchisédech (Madrid, église S. José). Son sens du mouvement et une palette claire attestent sa connaissance de la peinture flamande, mais le rapprochent aussi de quelques peintres vénitiens exactement contemporains, comme Sebastiano Mazzoni ou Francesco Maffei : Communion de sainte Rose de Viterbe (Prado).