Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Michel (Georges)

Peintre français (Paris 1763 id. 1843).

Artiste indépendant, surnommé le " Ruisdael français ", il est l'un des précurseurs du paysage romantique. Ce que l'on sait de sa vie a été recueilli par Alfred Sensier, son premier historien. En l'absence de toute date et souvent de toute signature, à quelques rares exceptions près pour les œuvres du début, seule la critique de style permet de retracer son évolution. D'origine modeste, Michel est aidé par des protecteurs : M. de Chalue, fermier général, le place chez un curé dans la plaine Saint-Denis, où s'éveille son amour de la campagne, puis, dès 1775, en apprentissage chez Leduc, médiocre peintre d'histoire ; vers 1783, M. de Berchigny, colonel de hussards, l'emmène en Normandie et lui fait donner des leçons de dessin, le duc de Guiche l'emmène ensuite en Allemagne, et M. de Grammont en Suisse (1789). Entre-temps, Michel rencontre le marchand Lebrun, qui l'autorise à copier les paysages hollandais en vente dans son magasin. Plus tard, il copiera les Ruisdael et les Hobbema du Louvre : on prétend même qu'il fut chargé, sous l'Empire, de la restauration des tableaux hollandais et flamands du musée, mais aucune archive ne le confirme. C'est dans " quatre lieues d'espace " autour de Paris qu'il puisa toute sa vie son inspiration : avec le paysagiste Bruandet, en fôret de Fontainebleau et à Romainville, puis seul à Montmartre, célèbre alors pour ses moulins, dans la plaine Saint-Denis, à Saint-Ouen, il esquissait de petites études qui préparaient ses tableaux d'atelier. Les historiens divisent sa carrière en 3 périodes. Jusque vers 1808, les paysages de genre dans le goût des petits maîtres nordiques du XVIIIe s. ; les figures en sont souvent dues à des collaborateurs, Demarne ou Swebach ; pendant cette phase, qu'évoque un tableau du musée de Nantes : Animaux à l'abreuvoir, dit aussi l'Orage (1794 ou 1795), Michel exposa aux Salons internationaux. Après 1808, et jusque vers 1820, s'élabore une vision plus personnelle, où lumière, ciel et espace sont ses préoccupations majeures : les étendues un peu vides (la Route, musée du Havre) s'étagent en perspective (la Plaine Saint-Denis, Paris, musée Carnavalet) et rejoignant les conceptions de Ruisdael et de Rembrandt (le Moulin, Londres, V. A. M.). Dans la dernière période, enfin, prévaut une inquiétude romantique, qu'expriment la lourdeur des ciels et les contrastes de lumière, en accord avec des pâtes épaisses et hachées : Aux environs de Montmartre (Louvre), l'Orage (musée de Strasbourg) et surtout Deux Moulins du musée Mesdag de La Haye. Michel traça la voie à l'école de Barbizon, dont Théodore Rousseau fut le chef de file. Parmi les amateurs qui le firent connaître de son vivant figure le baron d'Ivry. Si Georges Michel ne fut pas un peintre à succès, certains profitèrent de l'anonymat de son œuvre pour l'imiter.

Michele di Matteo

Peintre italien (mentionné à Bologne de 1409 à 1467).

Formé dans l'art de Giovanni da Modena, il chercha à renouveler le gothique local. Après son Couronnement de la Vierge (1426, Florence, coll. part.), encore dans le style de Giovanni da Modena, son Polyptyque de sainte Hélène, peint à Venise avant 1437 (Venise, Accademia), témoigne d'un contact profond avec la culture vénitienne, dont il sait tirer élégamment parti. Parmi ses nombreuses œuvres, les fresques exécutées en 1447 à Sienne (baptistère de Saint-Jean) sont particulièrement remarquables et supérieures aux œuvres postérieures de Bologne, désormais archaïsantes et plus arides (éléments d'un Polyptyque, Bologne, P. N.).

Michele di Michele Ciampanti

Peintre italien (documenté à Lucques de 1470 à 1510).

Longtemps connu sous le nom de " Maître de Stratonice ", d'après deux cassoni illustrant l'histoire d'Antiochus et Stratonice conservés à la Huntington Gal. de San Marino (Californie), il est aujourd'hui identifié avec le peintre lucquois Michele di Michele Ciampanti, auteur d'un triptyque peint en 1482 pour l'église des Santi Vito e Modesto di Montignano de Massa, appartenant stylistiquement au groupe du " Maître de Stratonice ". Ses œuvres (Saintes Conversations, Birmingham, Alabama ; Petit Palais, Avignon) prouvent qu'il subit l'influence de Domenico Ghirlandaio et surtout celle de Filippino Lippi.

Michelin (Jean)

Peintre français.

On discute de l'identité de Jean Michelin : s'agit-il de l'artiste né à Langres v. 1623, reçu à l'Académie en 1660, ensuite peintre de la cour de Hanovre et mort à Jersey en 1696 ; ou plutôt du peintre, fils d'un premier Jean Michelin, né v. 1616 et mort à Paris en 1670 ?

   Pasticheur des Le Nain, l'énigmatique Jean Michelin se distingue d'eux par la raideur qu'il donne à ses personnages, qu'il dispose en frise, et par son incapacité de les lier entre eux. Des tableaux comme les Soldats au repos dans une auberge (Louvre), l'Adoration des bergers (id. et musée de Tarbes) ou la Charrette du boulanger (1656, Metropolitan Museum) ou encore le Marchand de volailles (une version à Strasbourg, une autre à Raleigh, North Carolina Museum, 1652 [?]) ne sont toutefois, dans leur naïveté et leur réalisme méticuleux, pas dépourvus de charme.

Michelino da Besozzo

Peintre italien (documenté de 1388 à 1450).

La première œuvre datée attribuée à cet artiste, qui fut fort célèbre en son temps et le plus influent des maîtres lombards du " style gothique international ", est l'enluminure de l'Elogio funebre di Gian Galeazzo Visconti de 1403 (Paris, B. N., ms. lat. 5888), dont seraient contemporains les 4 dessins du Louvre figurant les Apôtres ; mais la fresque de la Crucifixion, de S. Salvatore sopra Crevenna, doit être antérieure à ces œuvres. Enfin, le fragment de fresque conservé dans l'église de Viboldone (Saint Laurent et un donateur), que Longhi attribue entièrement à cet artiste, serait plutôt, semble-t-il, d'un autre artiste proche de sa manière. Dans cette première phase de son activité, Michelino se montre le disciple et le continuateur de Giovannino de' Grassi, mais son trait est moins aigu, son modelé plus doux grâce à des tonalités fines aux reflets dorés.

   En 1410, sa présence est documentée à Venise, où se trouve aussi Gentile da Fabriano, dont le style toutefois l'influence peu. La présence de Michelino en Vénétie est au contraire fondamentale pour ses rapports avec Stefano da Verona : tous deux se relient au " weicher Stil " nordique de l'école austro-tchèque, et plus généralement aux modes gothiques. Le meilleur exemple de ces affinités est fourni, à côté de la Vierge dans la roseraie attribuée à Stefano (Vérone), par le Mariage mystique de sainte Catherine, signé " Michelinus fecit " (Sienne, P. N.), encore plus audacieux que l'œuvre du Véronais dans la définition strictement à deux dimensions des formes sur le fond d'or, mais plus humainement narratif dans les douces figures souplement arrondies. Durant ce séjour en terre vénitienne, Michelino exécuta peut-être les fresques des tombes de Marco et Giovanni Thiene à l'église de S. Corona à Vicence. À cette même période de style, proche de celui des Véronais, appartient le dessin de l'Adoration des mages (Albertina), attribué autrefois à Pisanello ; tandis que, dans les belles miniatures du Livre d'heures de la bibliothèque d'Avignon, chef-d'œuvre de Michelino dans le domaine de l'enluminure, d'une suprême élégance linéaire et chromatique, l'influence de Stefano da Zevio, évidente dans les figurations sacrées, s'unit à un retour à la manière lombarde de De' Grassi dans la représentation des travaux saisonniers, dérivés de l'Historia plantarum de la bibliothèque Casanatense (Rome). Le même caractère se retrouve dans le Libretto degli Anacoreti (Rome, cabinet des Estampes), qui semble être cependant une œuvre d'atelier, plus proche peut-être de Leonardo, le fils de Michelino, auteur des fresques de l'église S. Giovanni a Carbonara (Naples) v. 1430-1440. À une phase plus mûre de Michelino appartiennent le Livre d'heures de la bibliothèque Bodmer à Cologny, près de Genève, le Mariage de la Vierge (Metropolitan Museum) et des fragments des anciennes fresques profanes du Palazzo Borromeo (Milan), aujourd'hui à la Rocca (forteresse) di Angera. Dans ces fresques surtout (attribuées parfois à Zavattari ou à Cristoforo Moretti, jeunes disciples de Michelino) se note l'effort du vieux maître pour adapter la tradition gothique internationale à une expression narrative plus spatiale et plus vigoureuse, tenant aussi compte certainement de l'œuvre de Masolino da Panicale à Castiglione d'Olona, et en particulier de ses paysages du Palazzo Castiglione. La trace de Michelino persistera très longtemps en Lombardie, jusque dans la seconde moitié du Quattrocento, en particulier dans l'œuvre de Cristofaro Moretti. Ses formes seront utilisées dans la sculpture, dans des œuvres issues du chantier du dôme de Milan, où il est cité à plusieurs reprises dans les Annales.