Servaes (Albert)
Peintre suisse d'origine belge (Gand 1883 – Lucerne 1966).
Représentant de commerce, il suit les cours du soir à l'Académie de Gand et se fixe à Laethem-Saint-Martin en 1905. Il pratique avant la guerre un symbolisme rustique et religieux dans la tradition de J. Smits, mais plus dépouillé (Soirée sainte, 1905 ; la Résurrection de Lazare, 1911), puis exécute des ensembles cycliques (Vie du paysan, 1916-1920, musée d'Anvers). Les fusains pour le Chemin de croix du couvent de Luythaegen-lez-Anvers et les peintures contemporaines témoignent soudain d'un Expressionnisme inédit, où des formes exsangues et déchiquetées sont encore soumises au rythme des grandes courbes dont le Symbolisme fit si grand usage. Cette œuvre révolutionnaire (interdite jusqu'en 1937) alimenta une des premières querelles de l'" art sacré ". Sa Pietà (1920, Bruxelles, M. R. B. A.) par la violence de son sujet, son usage du clair-obscur et la simplification de ses formes, ne le cède en rien aux œuvres des artistes expressionnistes allemands. Touché par la sanction des autorités ecclésiastiques, Servaes s'en tint désormais à plus d'objectivité : Chemin de croix et dessins pour l'abbaye d'Orval (1928-1930). Ses paysages, amplement composés et riches de matière, se distinguent par une poésie, évocatrice des sites flamands, non sans analogie avec celle de Permeke : la Moisson (1927, musée de Grenoble), Bords de la Lys (1933, musée de Gand). Servaes se retira en Suisse en 1944, se consacrant au portrait, au paysage, sans abandonner les sujets religieux. Il obtint la nationalité helvétique en 1961.
Servranckx (Victor)
Peintre belge (Diegem 1897 – Vilvoorde 1965).
Après avoir étudié à l'Académie royale des beaux-arts de Bruxelles, Servranckx pratique dès 1917-1919 une peinture marquée par le Symbolisme. De 1923 à 1926, s'inspirant de l'esthétique de la machine, il peint des œuvres qui s'apparentent aux " Mauerbilder " de Willi Baumeister, aux compositions puristes d'Ozenfant et Jeanneret et à la période machiniste de Fernand Léger. Ses tableaux, tels que Opus 47 (1923, Bruxelles M. R. B. A.) ou Opus 55 (1923, musée de Grenoble), montrent des compositions qui utilisent l'horizontale et la verticale, des aplats de couleurs et des contrastes de formes qui engendrent tout un jeu de rythmes. Il exécute aussi à ce moment-là des sculptures. Il conserve parallèlement une activité professionnelle dans une usine de papier peint. Servranckx est l'un des tout premiers artistes belges engagés dans la voie de l'abstraction. Lié avec Marinetti, Van Doesburg, Marcel Duchamp (qui le fait participer à l'exposition de la Société anonyme à New York) et Moholy-Nagy, il fait partie du milieu de l'avant-garde internationale. Il est cofondateur de la revue 7 Arts, créée en 1922 par Victor et Pierre Bourgeois. Après 1926, marqué par le Surréalisme, il va peindre des tableaux représentant des visions fantastiques d'espaces cosmiques. Mais, en 1950, il retrouve l'esthétique du Constructivisme. À plusieurs reprises, Servranckx a fait des incursions dans le domaine des arts industriels et décoratifs, en réalisant l'arrangement d'un pavillon à l'exposition des Arts décoratifs à Paris en 1925 avec l'architecte Huib Hoste, en créant des motifs pour des papiers peints et des tissus imprimés ou encore en réalisant des cartons de tapisserie. En 1936, il a exécuté une peinture murale de 550 m² pour l'Institut national de radiodiffusion belge. Servranckx a été également professeur à l'école des Arts décoratifs d'Ixelles. Le palais des Beaux-Arts de Bruxelles lui a consacré une rétrospective en 1947 et le musée d'Ixelles, une exposition de plus de 200 œuvres l'année de sa mort. Victor Servranckx est représenté dans les musées belges et dans de nombreuses collections publiques et privées d'Europe et d'Amérique.
settecento
Terme italien désignant le XVIIIe s.
Seuphor (Fernand Berckelaers, dit Michel)
Poète, écrivain et peintre français d'origine belge (Anvers 1901-Paris 1999).
Fernand Berckelaers est d'abord connu en Flandre comme poète et directeur de la revue Het Overzicht (" le Panorama "), qu'il a fondée en 1921 avec Geert Pijnenburg. Cette revue littéraire et humaniste, qui comprendra 24 numéros jusqu'en 1925, se consacrera de plus en plus aux arts plastiques et à la musique. Dès 1923, Michel Seuphor rencontre à Paris Piet Mondrian, dont il deviendra l'ami après son installation dans la capitale française, en 1925. Dans les années 20, Michel Seuphor fait ainsi la connaissance de l'ensemble du milieu artistique et littéraire de l'avant-garde internationale, des cubistes aux dadaïstes, des futuristes aux constructivistes, ainsi que des membres du mouvement De Stijl. Michel Seuphor dirige en 1927 les documents internationaux de l'Esprit nouveau avec Paul Dermée et Enrico Prampolini, puis crée en 1929 avec Joaquin Torrès Garcia une association, Cercle et carré, qui cherche à regrouper les peintres sculpteurs, architectes, poètes, musiciens de l'avant-garde internationale. Ce mouvement s'exprimera par l'intermédiaire d'une revue du même nom, qui comprendra trois numéros, parus en 1930, et d'une exposition présentée la même année à Paris. Parallèlement à cette activité, Michel Seuphor commence son œuvre de peintre en réalisant ses premières œuvres abstraites en 1926 et néo-plastiques en 1929. Il mènera ensuite son activité littéraire (les Évasions d'Olivier Trichmansholm, Paris, 1937), d'historien (l'Art abstrait, ses origines, ses premiers maîtres, Paris, 1948 ; son livre fondamental sur Mondrian paraît en 1956) et d'essayiste (le Style et le cri, Paris, 1955) en même temps que son œuvre d'artiste plasticien. Celle-ci est dominée par l'utilisation exclusive du dessin à la plume et à l'encre de Chine sur papier, où sont parfois intégrés des éléments de papier collé et qu'il appelle " dessins à lacunes ". Dans le clair-obscur obtenu par un réseau de lignes horizontales parallèles plus ou moins serrées apparaissent des formes généralement abstraites en réserve et qui évoquent des réalités intérieures. En 1977, le Gemeentemuseum de La Haye et le centre Georges-Pompidou ont organisé une grande rétrospective de l'œuvre de Michel Seuphor.
Ses dessins ont été présentés à Paris (gal. Denise René) en 1992.