Clouet (Jean, dit aussi Janet, Jamet, Jeannet, Jehannet ou Jehamet)
Peintre d'origine flamande (Pays-Bas du Sud v. 1475 – Paris 1540 ou 1541).
Jean Clouet (comme Pollet son frère, peintre à la cour de Navarre) venait sans doute des Pays-Bas. Probablement au service de Louis XII, il est cité pour la première fois en 1516 comme peintre de François Ier (avec un traitement de 180 livres, égal à celui de Perréal, de Bourdichon, de Nicolas Belin et de Bartolomé Guéty).
Établi d'abord à Tours entre 1521 et 1525, où il se marie avec la fille d'un orfèvre, il s'engage à peindre le 10 mai 1522, à la demande de l'oncle de sa femme, un Saint Jérôme pour l'église Saint-Pierre-du-Boile de Tours. En 1523, il donne le modèle de Quatre Évangélistes d'or à un brodeur de Paris, où il s'installe probablement v. 1525-1527. Puis, en 1529, il succède à Bourdichon et devient l'égal de Perréal. En 1533, il est peintre et valet de chambre du roi : les comptes le mentionnent plusieurs fois (en 1529, en 1537) et, selon un document de novembre 1541, il est déjà mort à cette date.
Jean Clouet fut riche et célèbre : en 1539, Clément Marot le proclame l'égal de Michel-Ange. Dans son atelier travaillèrent en particulier Petit-Jean Champion (qui l'aida à partir de 1525 et devint valet de garde-robe du roi) et son fils François Clouet, probablement son collaborateur à ses débuts.
Nous ne connaissons de Jean Clouet aucune œuvre signée : on admet qu'un certain nombre de dessins aux crayons (130 env., principalement au musée Condé de Chantilly), représentant des personnages de la Cour entre 1536 et 1540, dates de la période documentée de sa carrière, peuvent lui être attribués et sont des préparations à des tableaux. Parmi eux figure un crayon représentant Guillaume Budé (or, celui-ci atteste que Clouet fit son portrait v. 1536), crayon correspondant au panneau auj. au Metropolitan Museum : ainsi se trouve fondée par analogie l'attribution à Jean Clouet de tout le groupe des dessins de Chantilly et de rares peintures. L. Dimier en admet six : le Dauphin François (musée d'Anvers), Charlotte de France (anc. coll. Epstein) ; François Ier (Louvre), Claude de Lorraine, duc de Guise (Florence, Pitti), Louis de Clèves, comte de Nevers (Bergame, Accad. Carrara), l'Homme au Pétrarque (Hampton Court). Ce bref catalogue est accepté par Ch. Sterling, qui, comme A. Blunt, critique cependant l'attribution du François Ier du Louvre (où il décèle la participation de François Clouet) et ajoute deux tableaux à la liste : Marie d'Assigny, Madame de Canaples (Édimbourg, N. G.), et l'Homme aux pièces d'or (Saint Louis, Missouri, City Art Museum). On y intègre le portrait (perdu) de Madeleine de France (autref. coll. Édouard de Rothschild, Paris) et un autre portrait de Charlotte de France (Minneapolis, Inst. of Arts ; une seconde version de plus grandes dimensions est dans une coll. part.). Une gravure de Thévet (Hommes illustres) nous conserve le portrait perdu d'Oronce Finé. Il faut également mentionner l'attribution au peintre de miniatures dont certains dessins de Chantilly sont des préparations (Charles de Cossé, comte de Brissac, Metropolitan Museum), portraits, dans des médaillons circulaires, des Preux, héros de la bataille de Marignan (Commentaires de la guerre gallique, Paris, B. N.), qui ont été aussi attribués à Perréal. Le portrait équestre de François Ier (Louvre) a été discuté entre Jean et François Clouet. L'œuvre peint de Jean Clouet, si restreint aujourd'hui, a dû autrefois être beaucoup plus important. Il consiste exclusivement en portraits, genre dans lequel l'artiste semble s'être spécialisé dès son arrivée à Paris et qui assura son succès. Généralement peints sur des panneaux de petit format, ses modèles sont présentés à mi-corps, selon une formule encore archaïque, les visages éclairés d'une lumière égale, les mains assez gauchement posées au premier plan. Sans jamais renoncer à la formation flamande, surtout sensible dans les débuts, l'art de Jean Clouet, sous l'influence des contacts français (Fouquet, le Maître de Moulins, Perréal) et italiens (Solario, Vinci), évolue vers plus de largeur, de solidité, de vérité et de simplicité. Ses dessins à la sanguine et à la pierre noire, d'une extrême sobriété de moyens, négligeant tous les accessoires pour se concentrer sur l'étude des physionomies, sont étroitement liés à ses peintures. Ce sont souvent des études pour les portraits peints, mais qui furent vite appréciées pour elles-mêmes. Jean Clouet contribua à créer le goût pour le genre des " crayons ", dont le succès se prolongea encore en France dans la première moitié du XVIIe s. Une exposition Clouet et François Ier a été présentée (Louvre, Chantilly, musée Condé) en 1996.
Clovio (Juraj Klović, dit Giulio)
Enlumineur italien (Grižane, Croatie, 1498 – Rome 1578).
Clovio vient à Rome à dix-huit ans pour étudier la peinture et le dessin, commence à copier les œuvres des maîtres, et est dès lors sous la protection des Grimani. Il fait un séjour en Hongrie, puis revient en 1526 à Rome, qu'il quitte de nouveau au moment du sac, se réfugie à Mantoue avec Giulio Romano, séjourne à Venise, où il continue ses travaux d'enlumineur. En 1531 ou 1532, il est appelé auprès du cardinal Marino Grimani, légat du pape en Ombrie, et séjourne à Pérouse. Son inventaire mentionne les dessins qu'il fait d'après Michel-Ange, Titien, Bellini, Parmesan. Clovio illustre de miniatures le Commentaire sur l'Épître aux Romains rédigé par le cardinal (Londres, Soane Museum). Il entre ensuite au service du cardinal Alessandro Farnèse, à Rome, au palais Riario, où il rencontre Vasari, et exécute alors (1545-1554) les 26 miniatures des Heures de Notre-Dame, qui sont longuement décrites par Vasari (New York, Pierpont Morgan Library). À l'avènement de Jules III, Clovio gagne Florence, où il est un moment attiré par Cosme Ier de Médicis, puis rejoint le cardinal Farnèse à Rome, où il rencontre Pieter Bruegel (1553), qui deviendra son ami, et avec qui, pense-t-on parfois, il aurait peut-être collaboré. Clovio se dirige enfin vers Parme, en 1556, toujours à la suite du cardinal Grimani. En 1560, il est à Rome, où il passe la fin de sa vie, jouant parfois un rôle de conseiller dans la formation des collections du cardinal : en 1570, il lui recommande Greco, de passage à Rome, qui fait alors son portrait (Naples, Capodimonte). En 1577, il rédige un inventaire de ses biens, légués en grande partie à son protecteur. Son œuvre de miniaturiste est dispersée dans plusieurs musées (Louvre, Albertina). Une peinture se trouve à Turin (le Saint Suaire) ; quatre dessins de Clovio sont conservés à Windsor Castle.