aquarelle (suite)
La fin du XIXe s. et le XXe s
À partir de la seconde moitié du XIXe s., une certaine tendance vers un traitement moins spécifique à la technique (par la surcharge et la recherche d'une densité des tons) marque l'intérêt grandissant qu'on porte à l'aquarelle en tant que moyen d'expression proprement picturale. Les précurseurs de l'Impressionnisme, Boudin et surtout Jongkind, lui doivent leurs pages les plus spontanées, dans lesquelles la définition graphique est subtilement équilibrée par la tache. Cézanne, que l'achèvement de ses tableaux tourmentait, pratiqua l'aquarelle avec un rare bonheur. En effet, la peinture à l'huile, dès la fin du XIXe s., ne correspond plus à la sensibilité plus vive de l'artiste, et, jusqu'à une date récente, l'aquarelle représenta des moments privilégiés dans la carrière de bien des artistes qui l'exploitent de manière personnelle. Les feuilles hollandaises et parisiennes de Van Gogh font intervenir la saturation de la teinte autant que l'effet du lavis. Les études de danseuses de Rodin, où la tache et le trait jouent en contrepoint rythmique, restituent un volume coloré. Les nus de Rouault définissent d'une manière plus serrée le sujet, et c'est une lumière monochrome, bleue ou rose, qui restitue le modelé des chairs. Des peintres souvent trop insistants dans leurs tableaux (Dunoyer de Segonzac, Signac) furent plus habiles en utilisant l'aquarelle. Dans les pays germaniques, en particulier, l'aquarelle a été pratiquée au XXe s. avec maîtrise. Kandinsky y a d'abord expérimenté la non-figuration pure. Egon Schiele sertit les teintes dans un graphisme acéré ; Nolde rend au contraire le volume par des juxtapositions de couleurs intenses. Lors de leur voyage en Tunisie (1914), Klee et Macke reviennent à une technique plus traditionnelle vivifiée par l'exemple de Cézanne et la leçon du Cubisme analytique. Plus récemment, Julius Bissier s'est rapproché de la poétique extrême-orientale, où abstraction et nature fusionnent, tandis que Wols a annexé à l'aquarelle un nouveau domaine en fixant sur le papier les traces des mouvements spasmodiques issus de l'inconscient.
Depuis 1960 environ, il semble que l'évolution générale de l'art vers un renouvellement complet de la thématique et des techniques atteigne l'aquarelle au même titre que les autres procédés traditionnels.