Koninck (Salomon)
Peintre néerlandais (Amsterdam 1609 – id. 1656).
Fils d'un orfèvre anversois, élève de David Colyns, puis de Vessant et de Moyaert, il devint membre de la gilde d'Amsterdam en 1630 et subit bientôt la puissante influence de Rembrandt, au moins jusqu'en 1642 sans jamais avoir été son élève. Il cédera ensuite à la nouvelle mode d'une peinture décorative et finie. Pasticheur habile et fidèle de Rembrandt, il se spécialisa dans la représentation, quelque peu anecdotique par son rendu du détail, des effets de lumière et de matière, de vieillards barbus vus à mi-corps, tel le Peseur d'or (1654, Rotterdam, B. V. B.), qui attestent, à l'instar d'un Lievens ou d'un Gerrit Dou, la vogue de ce motif pittoresque chez les élèves et imitateurs de Rembrandt, comme chez le maître lui-même d'ailleurs. De nombreuses œuvres de goût rembranesque attribuées à Philips Koninck doivent sans doute lui être rendues (l'absence des prénoms dans certaines citations d'œuvres à partir de vieux inventaires ou catalogues de vente permet la confusion). L'artiste ne semble pas avoir de liens de parenté avec ce dernier, sinon très lointains. Salomon Koninck fut aussi graveur à l'eau-forte.
Kontchalovsky (Piotr Pietrovitch)
Peintre russe (Moscou 1876 – id. 1956).
Après des études à l'école Stroganov à Moscou, il suivit les cours de J.-P. Laurens à Paris (1896-1898), puis devint élève de l'École des beaux-arts de Saint-Pétersbourg (1898-1905). Il fit de nombreux voyages en Espagne, en Italie, en France. Admirateur de Cézanne, il fut l'un des participants les plus fervents du Valet de carreau, qui applique vers 1910 les principes du cézannisme et du cubisme à la peinture russe. Il fut nommé professeur des écoles supérieures de Moscou après la révolution. Son art s'orienta particulièrement vers le décor de théâtre (théâtre privé de Sava Mamontov à Moscou, puis le Bolchoï), le portrait (Portrait de V. Meyerhold, Moscou, Tretiakov Gal. ; Portrait de S. Prokofiev, id. ; Portrait de G. Iakoulov, id.) et la nature morte.
Koons (Jeff)
Artiste américain (York, Pennsylvanie, 1955).
À travers l'héritage du ready-made, le travail de Jeff Koons traite des hauts et des bas de l'existence dans un monde de signes et d'objets considérés comme indicateurs du statut social. De 1981 à 1987, Koons développe la notion d'" états inaccessibles " en encastrant des séchoirs à tapis, des aspirateurs et des shampouineuses dans des blocs de Plexiglas, le tout éclairé par-dessous avec une lumière blanche et sinistre (4 Shampouineuses, nouveau Shelton lavant/séchant, 10 gallons, Plexiglas, néons, 1981-1987). La série des Equilibrium (1985), composée d'aquariums remplis d'eau et de ballons de basket (ou de football) totalement ou partiellement immergés, de moulages en bronze d'objets de survie (tuba, scaphandre, canot de sauvetage) et d'affiches publicitaires encadrées, évoque elle aussi des états inaccessibles : les publicités prônent la mobilité sociale, et les ballons en suspension, comme les objets de bronze, ont perdu leur utilité. Dans " Luxury and Degradation " (1986), Koons s'est penché sur l'équipement de bar (Bar de voyage, 1986) et les produits d'ostentation, coulés soigneusement dans le " luxe bon marché " de l'acier inoxydable. Les œuvres récentes de Koons se concentrent sur une imagerie disloquée de banalité, poussant les objets du désir dans l'univers kitsch. Ainsi, ces sculptures en porcelaine et en bois polychrome, de grandeur nature, décrites par leurs titres (Michael Jackson et bulles, Woman in Tube), comportent des images issues de la culture de masse et démocratisent les matériaux en vulgarisant le sujet. En 1990, dans le contexte de l'Amérique puritaine, Koons, se jouant de l'objet consommable, produit un film où il se met en scène en compagnie de la Cicciolina dans des tableaux vivants d'une pornographie burlesque et racoleuse (Made in Heaven). À partir de ce film, il produit un ensemble d'œuvres (photographies de grand format et sculptures polychromes) qu'il présente à l'Aperto 90 de la Biennale de Venise. Cultivant la provocation médiatique, Jeff Koons, à l'instar de l'œuvre de Warhol, exploite le désir de célébrité, de santé, de sexe et d'autosatisfaction avec une innocence facétieuse et féroce. Une rétrospective lui a été consacrée (Amsterdam, Stedelijk Museum) en 1992.
Korovine (Constantin Alexeïevitch)
Peintre russe (Moscou 1861 – Paris 1939).
Après avoir terminé ses études en 1882, à l'École de peinture, de sculpture et d'architecture de Moscou, il fut décorateur et metteur en scène du théâtre privé de Sava Mamontov à Moscou. En 1898, il commence à travailler pour les théâtres impériaux avec Golovine. Diaghilev lui demande les décors et les costumes de plusieurs ballets : le Festin (1909), Roustan et Ludmilla (1909), les Orientales (1910).
L'artiste quitte la Russie en 1923 et travaille alors pour l'Opéra de Munich, pour celui de Paris et pour Covent Garden. Profondément russe, Korovine a cherché son coloris et ses harmonies dans le folklore national, notamment dans le costume paysan. Ce partisan du spectacle total a créé des décors admirablement adaptés à la musique de Rimski-Korsakov, de Borodine ou de Moussorgski.
Kosárek (Adolf)
Peintre tchèque (Herálec 1830 – Prague 1859).
De 1850 à 1855, il fut l'élève du paysagiste Max Haushofer à l'Académie des beaux-arts de Prague. L'enseignement de ce maître, encore tributaire de la conception romantique, mettait toutefois l'accent sur l'étude de la nature et portait attention à la perspective aérienne aussi bien qu'au détail. Kosárek affirme dès ses débuts le grand talent de coloriste qui, par la suite, devait s'affirmer à travers son œuvre. Entre 1853 et 1856, il peint des motifs de montagne, dans lesquels il sait rendre l'atmosphère dramatique des phénomènes naturels (l'Orage en montagne, 1853, musée de Prague) et de la Bohême, qu'il monumentalise avec des cieux lourds en un fin chromatisme (Pardubice sur le motif, 1854, id.). Ses derniers tableaux (Noce paysanne, id., et Paysage de Bohême, 1858, id.) comptent parmi les grandes œuvres du paysage tchèque : à la vérité de l'observation s'ajoute une poésie pleine de retenue, suggérant les liens qui unissent l'homme à sa terre natale selon un thème que l'on retrouve en musique chez Smetana.