Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Boucher (François) (suite)

La vieillesse

Dès 1752, Reynolds, de passage à Paris, constate que Boucher travaille beaucoup " de pratique ". Le peintre, surchargé de commandes, a accumulé un matériel énorme dans lequel il puise ses sujets (il avoue lui-même avoir exécuté plus de dix mille dessins) ; Diderot lui reproche sa facilité et ses coloris (" déflagration de cuivre par le nitre "). À la mort de Mme de Pompadour en 1764, Marigny ne l'abandonne pas et lui confie, en même temps qu'à Deshays, la première commande officielle de goût antiquisant pour Choisy que Boucher doit refuser pour des raisons financières. Le premier peintre continue d'exposer au Salon, bien que le public regarde désormais vers Greuze ou vers Fragonard. Malgré une vue affaiblie, Boucher déploie jusqu'au bout une activité débordante : voyage en Flandre avec Boisset (1766), tableaux religieux (Adoration des bergers, 1764, cathédrale de Versailles), décoration de l'hôtel de Marcilly (1769) et nombreux décors d'opéra (Castor et Pollux, 1764 ; Thésée, 1765 ; Sylvia, 1766). Quelques mois avant sa mort, il est désigné par l'Académie comme associé libre honoraire de l'Académie de Saint-Pétersbourg.

L'art de Boucher

Son génie avait fait de Le Brun le maître de l'art français pour près de quarante ans ; d'emblée, Watteau crée le genre de la fête galante et l'exploite à fond ; Boucher, élève de Lemoyne, qui renouvelle entièrement la peinture d'histoire dans le premier tiers du siècle, et maître d'artistes aussi différents que ses gendres Baudoin et Deshays ou Fragonard, peut-il être considéré comme un chef d'école, alors qu'il survit à son art ? L'importance de son œuvre est pourtant sans égale. Le peintre établit d'abord, dans son hymne à la femme, un nouveau canon parfaitement adapté à la société parisienne, et qui plaira tant à celle du second Empire ; sensible au bonheur intimiste et bourgeois (le Déjeuner, 1739, Louvre), il néglige la tendresse ou une retenue un peu sauvage et ne cherche pas à émouvoir, mais à saisir la beauté épanouie ou le charme piquant (l'Odalisque brune, Louvre ; Hercule et Omphale, Moscou, musée Pouchkine), qui lui vaut à tort la réputation d'un libertin ; il est bien le peintre du bonheur, moins érotique que d'une sensualité raffinée et parfaitement accomplie dans ses dessins : c'est aussi cela qu'il faut voir dans ses scènes mythologiques, qui constituent l'essentiel, voire le meilleur, de son œuvre, et dans ses très beaux portraits plus arrangés que psychologiques (Madame de Pompadour, Munich, Alte Pin.), quand il demeure un paysagiste plein de fantaisie et de charme (Frère Luce, 1742, Ermitage), un grand décorateur (le Repos en Égypte, Ermitage) et l'ornemaniste le plus prodigieux du XVIIIe s., tant imité au XIXe s. et dont l'œuvre incarne l'esprit encyclopédique qui séduit les amateurs de l'Europe du Nord. D'une culture très étendue (il connaît l'œuvre des Vénitiens à Paris et collectionne les tableaux nordiques [vente en 1771]), Boucher sait prouver sa virtuosité dans des esquisses fougueuses, mais dessine avec attention et " finit " ses toiles : il marque toute la fin du siècle, de Fragonard à David, de son goût pour le beau métier et de sa vision d'un monde heureux. Une rétrospective Boucher a été présentée (New York, Detroit, Paris) en 1986.

Boucher (Jean)

Peintre et dessinateur français (Bourges 1568  – id. v. 1632/1638).

En dehors de séjours à Rome en 1596 et en 1600, sa carrière se déroule entièrement à Bourges. Son atelier, dans lequel Pierre Mignard fit ses premières armes, semble avoir joui d'une grande vogue, à en juger par les nombreux retables qui subsistent dans le Berry. Son style, plat et sec, sensible aux influences des artistes de la Contre-Réforme romaine, n'est pas sans monumentalité (Adoration des mages, 1622, musée de Bourges ; le Christ en croix, 1629, église de Mehun-sur-Yèvre). Le meilleur de son œuvre, toutefois, réside dans ses dessins (musées de Bourges et de Rouen).

Boucle (Pieter van Boeckel, dit Pieter van)

Peintre flamand ayant travaillé en France (Anvers ? v.  1600  – Paris 1673).

Généralement connu et cité sous le nom de Boucle (ou Bouc, ou Bouck), d'après la prononciation flamande de son nom, ce spécialiste de natures mortes et d'animaux fut d'abord élève de Snyders. Comme beaucoup de Flamands, dont Nicasius, issu également de l'atelier de Snyders, il vint travailler à Paris, où la colonie flamande de Saint-Germain-des-Prés était très active, et sa présence est attestée au moins dès 1629. Son père Charles, un graveur, maître à la guilde d'Anvers en 1603, était également venu à Paris en 1617. Lié avec Baugin, il pourrait même avoir collaboré à ses tableaux. Picart, Moillon, Linard, Kalf, Fouquières, Nicasius, J.-B. de Champaigne, le graveur Montcornet ont également compté parmi ses relations. Ses œuvres, souvent signées P. V. B., ont été de ce fait généralement attribuées à d'autres artistes tels que Pieter Van den Bos. Ainsi peut-on trouver des œuvres de Boucle au Louvre (Viande de boucherie, Fruits et légumes, tous deux de 1651, autrefois sous le nom de Joris Van Son) ou au musée de l'université Notre-Dame à Indiana (États-Unis), sous le nom de Pieter Boel. La fin de sa vie fut triste, s'il faut en croire Florent Le Comte ; bien que ses tableaux aient été estimés, au point de se retrouver dans le cabinet du roi, il mourut " gueux en raison de ses débauches ".

   D'autres exemples peuvent être cités : à Atlanta, à Toledo (Ohio, daté 1649), à Bordeaux, à Dole, à Nantes (2 tableaux représentant des poules, 1662, anciennement attribués à Boel), à Dijon (Chiens se disputant de la viande, 1664). D'un réalisme à la fois raffiné et solide, Boucle apparaît comme l'un des plus actifs représentants de la nature morte flamande dans la peinture parisienne du XVIIe s. et témoigne de l'accueil favorable que montre alors Paris à toutes les suggestions nordiques. Son importance reste encore relativement méconnue. Son portrait a été gravé par Edelinck.

Boucquet (Victor)

Peintre flamand (Furnes 1619  – id. 1677).

Vanté par J.-B. Descamps, cet artiste régional, qui n'a jamais dû quitter Furnes, n'a été révélé qu'en 1922 par Bautier. Une grande partie de son œuvre a disparu ; on ne connaît de lui que deux toiles certaines : un Portrait d'officier (Bruxelles, M. R. B. A.) et le Porte-étendard (1664, Louvre). Parmi les attributions les plus vraisemblables, le Jeune Seigneur (coll. Ellesmere), le Jeune Homme en buste (musée de Dijon) illustrent les caractéristiques de son style, si proche de la peinture espagnole par le choix des sujets et un réalisme grave et sévère.