Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Beckmann (Max)

Peintre allemand (Leipzig  1884  – New York  1950).

Il se forme à l'Académie de Weimar de 1899 à 1903. Il séjourne pour la première fois en France en 1903 (notamment à Paris), où il découvre la Pietà d'Avignon et le retable d'Issenheim. Il s'installe à la fin de 1904 à Berlin, où il expose à la Sécession en 1906. Cette même année, il obtient une bourse d'études pour Florence et revient à Paris, où il est de nouveau en 1908. Ses débuts se situent dans la lignée de l'" Impressionnisme allemand " ; ses références culturelles sont tirées du XIXe s., des compositions monumentales de von Marées (Jeunes Hommes au bord du lac, 1905, musée de Weimar) aux effets de touche de Delacroix (le Naufrage du Titanic, 1912, Saint Louis, City Art Museum), même si un choix plus profond l'attire vers Piero della Francesca et Signorelli (Éducation de Pan du musée de Berlin, auj. détruite). Ainsi, alors que la Grande Scène d'agonie (1906) est une concession au pathétique et évoque quelque peu Munch, Beckmann va rapidement adopter, au moment où se développe l'Expressionnisme, une objectivité distante, très significative dans la Rue (1914). Cette conscience de la réalité se manifeste également dans les Autoportraits, peints, dessinés, gravés, qui constituent une part capitale de son œuvre (Petit Autoportrait, 1912, pointe-sèche). Paraît en 1909 son premier recueil lithographique (le Retour d'Eurydice), mais c'est à la pointe sèche qu'il doit sans doute ses plus belles réussites. Beckmann connaît le succès à Berlin et expose chez Paul Cassirer en 1913. Engagé volontaire dans le service de santé en 1914, il est rendu à la vie civile en 1915, après une dépression nerveuse. Il s'installe à Francfort-sur-le-Main et expose en 1917 ses gravures chez Neumann à Berlin. Les gravures de 1914-15 traduisent avec acuité l'irruption du drame contemporain (la Grenade, 1915, pointe-sèche) et d'un conflit qu'il voulut d'abord considérer comme l'occasion d'un reportage (la Déclaration de guerre, 1914, pointe-sèche). Les tableaux exécutés un peu plus tard se réfèrent en revanche assez étroitement à la tradition plastique du retable gothique (Descente de croix, 1917, New York, M. O. M. A. ; Autoportrait au foulard rouge, 1917, Stuttgart, Staatsgal.). Cette évolution s'achève par l'évocation paroxystique de la Nuit (1918-19, Düsseldorf, K. N. W.), symbole parlant de la situation de l'Allemagne dans l'immédiat après-guerre. L'expression de Beckmann s'apaise ensuite ; s'il conserve les conquêtes stylistiques des années de guerre, les sujets relèvent désormais de la distinction traditionnelle des genres. Les peintures des années 20 révèlent des formes presque géométriques proches des œuvres de Cézanne, de Léger et des cubistes. Sa participation à la Neue Sachlichkeit en 1925 fait de lui un témoin de son temps (10 lithographies du Voyage berlinois, 1922 ; Danse à Baden-Baden, 1923). Dans la diversité des thèmes, paysages d'une sérénité ambiguë (Paysage printanier, 1924, Cologne, W. R. M.), natures mortes, scènes de cirque, nus, autoportraits et portraits, ces derniers se détachent avec une autorité singulière (Quappi au châle blanc, 1925 ; la Loge, 1928, Stuttgart, Staatsgal.). Il travaille surtout à partir de sa propre image et se représente avec toutes sortes d'expressions (Autoportrait à la cigarette, 1923, New York, M. O. M. A. ; Autoportrait en smoking, 1927, Cambridge, Busch-Reisinger Museum ; Autoportrait au saxophone, 1930, Brême, Kunsthalle). Dans le thème du cirque, l'acrobate auquel Beckmann s'identifie secrètement est souvent traité dans une position périlleuse, en quête d'un impossible équilibre (Funambule, 1921, pointe-sèche). La poétique de Beckmann est à l'image des temps étranges que vit l'Allemagne des années 20. Au début des années 30, il se tourne vers l'univers des mythes et des fables — plusieurs œuvres renvoient aux pérégrinations d'Ulysse. Professeur à Francfort de 1925 à 1933, il fréquente régulièrement l'Italie et, à partir de 1926, surtout Paris, où il expose en 1931 à la gal. de la Renaissance. Destitué de son poste d'enseignant par les nazis, il revient à Berlin de 1933 à 1937, puis s'établit à Amsterdam, où il passe les années de la Seconde Guerre mondiale. En 1947, il part pour les États-Unis, où il est déjà connu et enseigne à l'université Saint Louis de Washington puis, à partir de 1949, à l'Art School of the Brooklyn Museum à New York. Son évolution après 1932 se signale par le recours de plus en plus affirmé au symbole, voire à l'hermétisme de la Cabale, en des triptyques monumentaux (Départ, 1923-33, New York, M. O. M. A. ; la Tentation de saint Antoine, 1936-37 ; les Acrobates, 1939). À côté des autoportraits toujours décisifs (Autoportrait en noir, 1944, Munich, Neue Pin.), les triptyques et les compositions complexes peuplés de raides personnages mythologiques, de nus, d'objets et d'animaux évoquent un univers d'une cruauté froide. Begining (1949, New York, Metropolitan Museum) est le testament spirituel de Beckmann, qui avait toujours affirmé les droits de l'individu face au collectivisme croissant du XXe s. Sa dernière suite de lithographies, Day and Dream, parut à New York en 1946. Beckmann est représenté surtout dans les musées américains et allemands ; le M. N. A. M. de Paris conserve le Petit Poisson (1933). Une rétrospective a été consacrée à l'artiste (Hambourg, Kunsthalle) en 1993, à Stuttgart (Staatsgalerie) en 1994 et aux États-Unis (New York, Los Angeles) en 1995-1996.

Beechey (sir William)

Peintre britannique (Burford, Oxfordshire, 1753  – Londres 1839).

Après une période de formation à la Royal Academy, qu'il fréquenta dès 1774, il commença en 1776 à exposer des portraits. Parti pour Norwich, où il vécut de 1782 à 1787, il revint s'installer à Londres quelque temps après. Nommé A. R. A. en 1793 et peintre attitré de la reine Charlotte, il devint R. A. en 1798 et reçut le titre de chevalier. À l'époque où prévalait le grand style éloquent de Lawrence, Beechey perpétua dans le portrait la manière, plus sobre, de Reynolds. Son œuvre est particulièrement bien représentée dans la collection royale à Windsor et à Buckingham Palace. Voir aussi John Boydell, le Duc de Kent, Mrs. Sarah Siddons (N. P. G.).