Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Maître de Francfort

Peintre flamand (v.  1460  – actif jusqu'en 1515 – 1520 env.).

Ce maître anonyme anversois a été ainsi nommé pour avoir peint un triptyque consacré à Sainte Anne pour l'église des Dominicains de Francfort (auj. au Musée historique) et un triptyque de la Crucifixion pour Claus Humbracht, bourgeois de la même ville (Städel. Inst.). Un portrait qui lui est attribué avec des réserves le représente avec sa femme (Vienne, ancienne coll. Auspitz, auj. au musée d'Anvers) porte la date de 1496 et l'âge respectif des personnages, trente-six et dix-sept ans. Son œuvre, abondante, comporte notamment des peintures de grand format inspirées par des modèles du Maître de Flémalle, de Rogier Van der Weyden (dans le triptyque de Watervliet, il développe une Déposition de croix de ce maître connue par un dessin) ou de Van der Goes (dans un triptyque du musée d'Anvers, il copie librement le retable de Monforte du musée de Berlin). Il est capable de donner un accent monumental à ses figures, surtout par une science remarquable de la plastique. Cependant, son art n'atteint pas au niveau de ses modèles, faute d'une inspiration profonde. Ses personnages sont souvent marqués d'une lourdeur très paysanne, et leurs visages sont affectés d'un accent brutal proche de la caricature, ce qui pourrait indiquer une origine hollandaise de l'artiste. On a proposé successivement de l'identifier avec Hendrick Van Wueluwe, franc maître en 1483, et avec Jan de Vos, qui est mentionné à Francfort en 1512. C'est la première hypothèse qui semble aujourd'hui retenir les suffrages les plus avisés et déterminer la distinction entre les œuvres du maître de Francfort lui-même — alias Hendrick Van Wueluwe — et celles de ses émules, le Maître de San Diego, le Maître de Stuttgart, le Maître de Watervliet.

Maître de Gerlamoos

Peintre allemand (actif en Carinthie de 1450 à 1495).

L'artiste doit son nom à l'une de ses œuvres majeures, le cycle de fresques de l'église Saint-Georges de Gerlamoos, qui date de 1475-1480. Des fresques disposées en 3 registres superposés, dont les 2 premiers (en partant du haut) sont en excellent état de conservation. Consacrées à la Légende de saint Georges et à la Vie du Christ, elles révèlent un narrateur plein de fraîcheur, habile à camper ses personnages avec originalité, mais faisant vraisemblablement moins appel à des compositions personnelles qu'à des modèles empruntés à l'enluminure, comme en témoigne le traitement minutieux des détails. On y relève non seulement maintes influences italiennes (Pisanello, Altichiero), mais aussi des caractères de l'école allemande (Herlin, Maître du Retable de Sterzing). Les fresques de l'église paroissiale de Thörl qui décorent les murs septentrionaux, l'arc triomphal et la voûte sont un peu plus anciennes (v. 1475) et méritent l'attention parce qu'elles constituent un rare exemple de décoration murale médiévale d'une parfaite unité.

   On attribue ensuite à l'artiste les fresques de la cathédrale de Graz, qui datent de 1485 ; d'une facture plus évoluée que les travaux précédents, elles illustrent les calamités publiques. La fusion d'éléments propres au gothique et de formes italianisantes, qui caractérisera l'art de la Renaissance, est déjà sensible dans les figures d'un relief plus accusé, qui s'animent, gagnent en naturel et en individualité. La dernière œuvre monumentale du Maître de Gerlamoos est la fresque votive de l'abbé Simon Jöbstl qui orne la collégiale Saint-Paul de Lavantal. Les premiers exemples de sa peinture sur panneau sont fournis par les volets du retable de la Passion de l'église paroissiale de Saint-Léonard de Trefflingen (1454). On attribue aussi à l'artiste 8 panneaux représentant des figures de Saints debout (musée de Bolzano) et plusieurs autels dans diverses églises de Carinthie et de Styrie. Ses derniers travaux révèlent non seulement l'influence de Rogier Van der Weyden, mais aussi celle de la peinture italienne.

   Représentant du style " doux " tardif en Carinthie, le Maître de Gerlamoos est, au cours de la seconde moitié du XVe s., le peintre le plus significatif de la région. Sa tradition sera perpétuée par le Maître du Jugement dernier de Millstätt et par le Maître F.S.P.

Maître de Griselda

Peintre italien (actif à Sienne à la fin du XVe s. et au début du XVIe s.).

Travaillant dans le milieu siennois, il fut surtout influencé par Signorelli et peut-être Bartolomeo della Gatta. Les 3 Cassoni de la N. G. de Londres, représentant l'Histoire de Griselda d'après la " noveletta " de Boccaccio, constituent le noyau initial de l'œuvre de ce maître, qui en a tiré son nom. L'artiste participa —peut-être avec Signorelli— à l'exécution d'une série de figures de l'Antiquité, peignant les panneaux d'Alexandre le Grand (Birmingham, Barber Inst.), de Tiberius Gracchus (musée de Budapest) et d'Eunostos de Tanagra (Washington, N. G.), collaborant avec Neroccio dei Landi pour la figure de la Vestale Claudia (Washington, N. G.) et avec Francesco di Giorgio pour celle de Scipion (Florence, Bargello). Il modela, à la manière de Signorelli, par un jeu d'ombres et de lumière, ces longues figures dressées à l'avant de paysages pittoresques, meublés d'architectures légères et animés de nerveuses silhouettes.

Maître de Grossgmain

Peintre autrichien (actif à Salzbourg de 1480 à 1506).

Il fut élève de Frueauf l'Ancien ou du Maître des Panneaux de Liefering. Parmi les œuvres qu'on lui attribue, citons la Mort de la Vierge (1481 ?, Vienne, Österr. Gal.), un tableau votif, la Vierge avec saint Thomas et un donateur (1483, musée de Prague), le Couronnement de la Vierge (v. 1490, musée de Prague), 2 séries des Pères de l'Église (1498, Vienne, Österr. Gal. ; Madrid, fondation Thyssen-Bornemisza). Son œuvre principale est un retable dédié à la Vierge, maintenant fragmenté (1499, Grossgmain, église paroissiale), provenant peut-être du château de Plain, qui révèle nettement l'influence de Pacher. Une Sainte Famille (1506, Boston, M. F. A.) est également attribuée à ce maître, dont le style est plus doux et plus sensible que celui de Frueauf l'Ancien. Rueland Frueauf le Jeune a travaillé dans l'atelier du peintre.