Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
A

Afro (Afro Basaldella, dit)

Peintre italien (Udine 1912  – 1976).

Frère des sculpteurs Mirko et Dino Basaldella, il s'est formé à Venise et subit l'influence de la " Scuola Romana ". Sa première exposition eut lieu à Milan en 1932 (Gal. del Milione). Dès cette époque, il exécute de grands décors muraux à Venise, Udine et Rome (1936-1939). Après la guerre, sa peinture devient abstraite, en particulier après un séjour en 1950 aux États-Unis où il a l'occasion de fréquenter Arshile Gorky. Son style est alors assez proche de celui de l'école de Paris et du Paysagisme abstrait (Plainchant, 1952 ; Matinale, 1957). Il expose avec le " Gruppo degli Otto " (groupe des Huit, composé de Birolli, Corpora, Morlotti, Santomaso, Turcato, Vedova) à la Biennale de Venise en 1952, il reçoit d'importantes commandes, en particulier pour la Banca del Lavora et l'Institut national pour la reconstruction à Rome en 1954, à New York et à Paris (restaurant de l'Unesco, le Jardin de l'Espérance, 1958). En 1956, il obtient le prix de la Biennale de Venise. Il expose alors fréquemment aux États-Unis et en Europe. Après 1960, sa peinture devient plus gestuelle, proche en un sens de Willem De Kooning et de Franz Kline, comme le montre Rouge vertical (1963) où intervient également le collage et dans lequel il joue de taches brossées avec ampleur et autorité. Les années 70 le verront retrouver des compositions plus traditionnelles et une facture plus ordonnée.

Agam (Yaacov Gipstein, dit Yaacov)

Artiste israélien (Rishon-le-Zion 1928).

Après des études à l'Académie Bezalel de Jérusalem, il vient s'établir en 1951 à Paris, où, dans la suite de l'Art abstrait géométrique, il se livre à des recherches personnelles d'animation plastique. Ses tableaux " transformables " voient le jour en 1951-52 et il expose en 1953, à la gal. Craven, ses œuvres polyphoniques, qui comptent parmi les toutes premières manifestations de la peinture cinétique. Il participe à l'exposition " le Mouvement " à la gal. Denise-René en 1955. Esprit spéculatif et inventif, audacieux théoricien, Agam a été incontestablement l'un des initiateurs de l'Op'Art et des recherches d'art visuel. Son inspiration, profondément ancrée dans l'hébraïsme, fait appel à la musique et au contrepoint, dont les variations sont analogiquement transposées en peinture dans les modifications de la lumière et de la couleur (Hommage à J.-S. Bach, 1965, Zurich, fondation P. Stuyvesant). Le changement ainsi concrétisé prend une dimension philosophique et est considéré par l'artiste comme " processus de vie " (Tactile rouge sensible, 1963, Krefeld, Kaiser-Wilhelm-Museum). En 1968, Agam a été invité à enseigner au Carpenter Art Center de l'université Harvard.

   Ses œuvres transformables, dans lesquelles on n'avait vu d'abord, un peu rapidement, que des expériences ou des jeux, ont trouvé dans de plus grandes dimensions leur juste application à l'habitat. Dans ce domaine, Agam a réalisé notamment un panneau cinétique pour le paquebot israélien Shalom, des décors pour la faculté des sciences de Montpellier (1971), une antichambre pour les appartements du palais de l'Élysée (1974 ; auj. démontée). Des structures mobiles en tubes d'acier inoxydable ont été installées depuis 1970 au Parc floral de Vincennes, au Lincoln Center de New York, au palais de la Présidence de la République à Jérusalem, à l'aéroport John F. Kennedy de New York. Agam s'est aussi servi des principaux instruments de la technologie moderne, notamment de l'ordinateur et de la vidéo, afin de diffuser sur plusieurs écrans de télévision un programme de formes géométriques constamment renouvelées du fait de l'extrême mobilité de l'image électronique.

Agasse (Jacques-Laurent)

Peintre suisse (Genève 1767  – Londres 1849).

Il fréquente de 1782 à 1786 l'école de dessin de Calabri, où il se lie d'amitié avec le lithographe F. Massot et le peintre A.W. Töpffer. Ayant un intérêt particulier pour l'étude des animaux, il complète sa formation à Paris, de 1786 à 1789, dans l'atelier de Louis David, assistant aux cours d'anatomie et aux séances de dissection. Sa rencontre, en 1789, avec lord Rivers — son principal commanditaire — détermine son installation à partir de 1800 en Angleterre, où sa peinture animalière et ses portraits lumineux et de facture minutieuse remportent un vif succès. Il peint dans la propriété de son protecteur, à Stratfield Saye, de nombreux tableaux représentant scènes de chasse, animaux du maître, chiens et chevaux (Rolla et Portia, 1805, Genève, musée d'Art et d'Histoire ; Cheval gris au pré, 1806, Winterthur, Fondation O.-Reinhart ; Portrait de lord Rivers et de ses amis, 1818, Genève, musée d'Art et d'Histoire). Ses œuvres ont souvent été reproduites par la gravure et la lithographie, et, ainsi, popularisées auprès d'un large public, notamment dans un important Recueil d'animaux gravé par Schenk.

agglutinant

Liquide gras et incolore dont la propriété est de lier entre elles les particules de couleur et de les faire adhérer à la préparation. On distingue trois sortes d'agglutinants : les agglutinants aqueux (ou colles de peau, très utilisées au Moyen Âge), les émulsions (ou mélanges d'œufs, d'huile siccative ou de résine et d'eau), enfin les huiles siccatives proprement dites (huile de pavot, huile d'œillette), qui ne furent probablement pas employées avant le XVIe s. Il est fréquent qu'un même tableau soit peint avec des agglutinants différents selon les couches.

Aguayo (Fermín)

Peintre espagnol (Sotillo de la Ribera, Vieille-Castille, 1926-Paris 1977).

Autodidacte, il commence à peindre en Espagne et, de 1947 à 1952, il participe aux expositions du groupe " Portico ", qui réunit les premiers peintres abstraits espagnols. Il vit à Paris depuis 1952 et fait sa première exposition personnelle, gal. Jeanne Bucher, en 1958. Presque non figuratif à ses débuts, il se situe dans la tendance du " paysagisme abstrait " et travaille à des suites de tableaux, " murs-paysages " (1952-1954), plages et champs de blé (1956-1958). Vers 1960, il réintègre la réalité dans sa peinture, donnant une assise plus ferme à son sentiment de l'espace et de la lumière, qu'il s'agisse de paysages, de natures mortes ou de portraits inspirés par Velázquez (Infants et Philippe IV), et rendus à grandes touches plates dans un style qui rappelle les dernières œuvres de De Staël. Le développement thématique inclut ensuite, avec la même discrétion des effets, l'interprétation d'autoportraits de peintres célèbres (Rembrandt, 1972 ; Titien, 1972 ; Cézanne, 1974) et, en contrepoint, des objets, des personnages anonymes sobrement silhouettés (le Livre, 1971 ; Pluie, 1973). Aguayo est représenté dans les musées de Montpellier et de Dijon (donation Granville).